Burkina : Deux semaines après l’attaque terroriste, Taxi Brousse renait
Ouvert le 28 décembre 1992 et employant une trentaine de personnes, le maquis « Taxi Brousse » a été le théâtre d’âpres échanges de tirs le 16 janvier 2016 suite au dernier assaut des forces de l’ordre burkinabè pour venir à bout des terroristes.
Le « Taxi Brousse » prêt à redémarrer
Burkina24
Au petit matin du 16 janvier, les trois terroristes qui avaient pris en otage des clients à l’hôtel Splendid et fait 29 morts au café restaurant Cappuccino, s’étaient réfugiés au maquis Taxi Brousse, situé sur l’avenue Kwamé N’krumah. C’est dans ce lieu qu’ils seront tous abattus, après avoir causé au total 30 morts.
Deux semaines plus tard, jour pour jour, nous avons rencontré Zeïnatou Kontogomdé alias Zeï, propriétaire du Taxi Brousse qui, au milieu des ouvriers, s’affairait à réaménager son maquis pour sa réouverture.
Le 15 janvier, jour des attentats, Zeï était assise en face de l’hôtel Yibi. « A 19h 20, nous avons vu ces gens-là (les terroristes, ndlr) qui marchaient et après nous avons vu les vigiles qui couraient et qui disaient « Boko Haram, Boko Haram’’. J’ai pris mon sac et je suis partie en courant jusqu’à la base aérienne où on nous a reçus. Nous étions quatre ». Ce sont les seuls souvenirs que Zeï retient de cette nuit sombre.
Le vendredi 22 janvier, la gendarmerie a convoqué la propriétaire de Taxi Brousse pour lui signifier que les enquêtes sont terminées et qu’elle pouvait avoir accès et disposer de son maquis.
Le sang des terroristes. Ce vendredi 29 janvier 2016, nous avons trouvé Zeï au beau milieu de ses employés. Elle dirigeait les derniers travaux pour que le maquis soit prêt avant sa réouverture prévue le samedi 30 janvier 2016. Les multiples impacts de balles ont disparu sous les mains habiles des peintres et maçons.
Les tessons, brochettes séchées, tables, chaises et réfrigérateurs marqués par les nombreuses heures d’affrontements entre les terroristes et les forces de l’ordre ont laissé place à du neuf. Taxi brousse renait !
« Quand nous sommes venus, nous avons trouvé le sang des terroristes encore là, c’est avec mon équipe que nous avons lavé le sang », explique la propriétaire du maquis qui cache très mal son dédain pour les assaillants.
Contente. Zeïnatou Kontogomdé, loin de se résigner, affirme être « contente » parce que les terroristes « ont été tués. Quelle que soit la procédure qu’ils (les forces de l’ordre, ndlr) ont utilisée, il fallait tuer ces gens-là ». La mort des trois terroristes semble consoler Zeï : « ils ont gagné la guerre qu’il fallait et c’est plus supportable », assure-elle.
Son appel à l’endroit des Burkinabè, c’est de tout faire pour que l’avenue « ne meurt pas. C’est ce que les djihadistes auraient voulu. Le peuple burkinabè ne doit pas accepter perdre devant ces terroristes ».
Au gouvernement, elle demande son soutien pour réhabiliter l’avenue, car explique-t-elle, « cette route draine beaucoup d’emplois, beaucoup de gens gagnent leur vie sur cet avenue ». Et en guise symbole dans la lutte contre la « barbarie », Zeï déclare que « la façon de gagner sur les terroristes, c’est de venir sur Kwamé N’krumah ».
Yannick SAWADOGO
Burkina 24
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