Showbiz : Polémique monstre autour du concert des « Monstres »

Publié le lundi 26 octobre 2015

Le concert «Les Monstres du coupé décalé»,  annoncé il y a plusieurs mois et prévu pour se tenir les 6 et 7 novembre 2015 respectivement à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou,  fait l’objet d’une vive polémique entre les acteurs culturels. La Coalition pour la renaissance artistique du Burkina Faso (CORA/BF),  qui réunit en son sein des  structures comme le Réseau des manageurs culturels du Burkina Faso (RMCB), le Réveil artistique et culturel (RAC), le Mouvement des artistes- musiciens engagés (MODAME), ainsi que le Cercle d’intelligence burkinabè (CIB), dénonce le non-respect de la loi par Bitel communication, la structure organisatrice de l’évènement. Accusation que l’intéressé dément.

Le concert « Les monstres sacrés du coupé décalé» est selon Innocent Belemtougri, organisateur du spectacle, un concept bâti autour du mouvement coupé décalé avec les principaux ténors ivoiriens actuels du concept que sont DJ Arafat, Serge Beynaud et Debordo Lunkunfa.

La com. de discorde. Mais la méthode de communication ne plaît pas à tout le monde. Les affiches et spots publicitaires, qui montrent principalement les trois « Monstres », posent problème à certaines organisations culturelles.

« Nous lui (à Belemtougri, NDLR) avons fait des reproches pour lui dire que sur les affiches,  il n’y a aucun artiste burkinabè. Au début dans les spots télé et radio, il n’y avait aussi aucun nom d’artiste burkinabè cité. Pour nous, à un concert de cette envergure on devrait joindre au moins un artiste burkinabè pour faire leur promotion », explique Mamadi Bara alias Bam Raady, coordinateur de la Coalition pour la renaissance artistique du Burkina Faso (CORA/BF).

Cette façon de faire, rétorque le mis en cause, fait partie d’une stratégie de communication. Laquelle stratégie prévoyait l’apparition des artistes burkinabè, quinze au total, lors de la dernière phase.

« La durée de la communication était assez longue (4 mois). Dans un spot de 1 mn ou 2 mn maximum, nous ne pouvons pas mettre tous les éléments dedans. Nous faisons intervenir des éléments à différents niveaux selon notre timing », dit-il.

Mais les « frondeurs » ne sont pas du même avis. Les artistes burkinabè n’ont été  insérés  dans les spots qu’après leurs revendications.

« Les diffusions avec des artistes burkinabè sont apparues au moment où nous l’avons prévu et non en réaction des frondeurs. Leurs revendications n’ont changé en rien notre stratégie de communication», conteste  Belemtougri.

Que dit la loi ? Le Décret n°2014-643/PRE/PM/MCT portant règlementation de l’organisation des spectacles vivants au Burkina Faso, dispose que « tout entrepreneur de spectacles vivants et tout organisateur occasionnel de spectacles vivants professionnels qui fait intervenir un ou  plusieurs artistes étrangers dans un spectacle est tenu d’y faire participer au moins un artiste burkinabè » (article 11).

Cette formulation de la loi laisse cependant une faille aux interprétations, le texte n’ayant pas précisé si l’association des artistes burkinabè s’étend aussi à la communication.

Le ministère de la culture, suite à ces remous, s’est entretenu sur cette spécificité de la loi avec Innocent Belemtougri le mercredi 7 octobre 2015.  Lors de l’entretien, confie Amidou Zagré, directeur de la communication et de la presse ministérielle,  « il nous a fait comprendre que dans sa stratégie de communication, il ne devait faire intervenir les artistes burkinabè que vers la dernière phase de sa campagne ».

Innocent Belemtougri est de ce fait en règle vis-à-vis des textes du ministère de la culture, juge Zagré, précisant qu’il est détenteur d’une licence d’entrepreneur de spectacles.

Menaces ? Une rencontre entre les deux parties, le dimanche 25 octobre 2015, n’a pas réussi à concilier les positions. Au contraire, Innocent Belemtougri affirme que ses contradicteurs se livrent à certaines « pratiques ».

«Ils ont menacé certains de nos partenaires, explique-t-il. Ils vont nuitamment décourager les artistes programmés à participer. C’est le cas avec Sana Bob qui s’est retiré. Ils lui ont fait croire qu’il était aussi grand. Que c’est une insulte pour lui de ne pas être mis en grand pour le spectacle. Il a été quelque peu sensible à cela et s’est donc retiré. Nous avons compris sa position. Il a flanché sur les pressions. (…) Hier dans la nuit, ils ont appelé le staff managérial de Floby pour lui demander de se joindre à leur mouvement pour boycotter le concert ».

Sana Bob, joint au téléphone par Burkina24, parle plutôt de contrainte de calendrier. Les nouvelles dates du concert, qui a été reporté à cause du putsch du 16 septembre, coïncident avec des invitations au Ghana.

Quant au staff de Floby, Clovis Ouédraogo, manager de l’artiste  joint aussi au téléphone, confirme avoir été contacté personnellement le vendredi soir par des membres de la CORA /BF.

« Ils ne peuvent pas admettre qu’un tel concert se passe sans l’affiche d’un artiste burkinabè, apprécie-t-il. Pour moi, c’est une plaidoirie faite à leur cause, cela ne saurait être une menace. La dernière appréciation nous appartient».

« Nous ne sommes pas contre le concert des Monstres, confie Bam Rady. Notre lutte, c’est pour le respect de la culture burkinabè comme c’est le cas au Ghana, au Sénégal».

Des leçons. Au niveau du ministère de la culture, on préfère tirer des leçons de cette situation. « C’est sans doute une interpellation pour nous d’approfondir les textes en la matière », indique Amidou Zagré.

En attendant, le ministère compte s’en tenir à la loi et appelle « les uns et les autres à la sérénité». « Du reste, assure Zagré, nous attendons de voir le contenu du concert, s’il (Bitel, ndlr) fait intervenir des artistes burkinabè. Nous pensons que nous avons à notre possession suffisamment d’éléments pour sévir si ce n’est pas le cas ».

Revelyn SOME

Burkina24


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