Rentrée scolaire 2015-2016 : Les revendications des parents d’élèves et étudiants
Une délégation de l’Union nationale des associations des parents d’élèves et d’étudiants du Bénin (Unapeeb) était au cabinet du ministre des Enseignements Maternel et Primaire le mardi 06 octobre 2015. Reçue par une équipe mandatée par Madame le Ministre des Enseignements Maternel et Primaire, dans le cadre de la préparation de la rentrée scolaire 2015-2016, la séance de travail s’est focalisée sur 1- chaque classe doit avoir son maître qualifié; 2- problème d’infrastructures; 3- faux frais à supprimer; 4- déblocage des subvention dès ce début de la rentrée scolaire 2015-2016; 5- bilan de l’introduction des langues nationales dans le système éducatif pour enseigner désormais dans los langues nationales car l’École béninoise y a beaucoup à gagner. On apprend que la délégation a déposé des documents dont les revendications de l’Unapeeb pour la rentrée 2015-2016, les actes du Colloque sur la Ruine de l’École au Bénin, Pourquoi et comment en sortir.
REVENDICATIONS DE L’UNAPEEB POUR LA RENTREE 2015-2016
Parmi les droits fondamentaux, il y a le droit à l’éducation, droit bien reconnu pour tout béninois et inscrit dans la constitution en vigueur au Bénin. On y lit, déjà dans le Préambule : « Nous, Peuple béninois,
- Affirmons solennellement notre détermination par la présente Constitution de créer un Etat de droit et de démocratie pluraliste, dans lequel les droits fondamentaux de l’Homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice sont garantis, protégés et promus comme la condition nécessaire au développement véritable etharmonieux de chaque Béninois tant dans sa dimension temporelle, culturelle, que spirituelle; » et on poursuit :
« Art. 11.
- Toutes les communautés composant la Nation béninoise jouissent de la liberté d’utiliser leurs langues parlées et écrites et de développer leur propre culture, tout en respectant celle des autres. L’Etat doit promouvoir le développement des langues nationales d’intercommunication.
Art. 12.
- L’Etat et les collectivités publiques garantissent l’éducation des enfants et créent les conditions favorables à cette fin.
Art. 13.
- L’Etat pourvoit à l’éducation de la jeunesse par des écoles publiques. L’enseignement primaire est obligatoire. L’Etat assure progressivement la gratuité de l’enseignement public.»
Pour tendre vers ces conditions favorables à la formation des jeunes béninois, voici les exigences des parents d’élèves portées par l’UNAPEEB :
- supprimer les contributions scolaires au cours secondaire pour les apprenants des deux sexes ;
- débloquer les subventions avant les rentrées scolaires ;
- arrêter et ranger les Nouveaux Programmes d’Etudes (NPE) à l’enseignement primaire et à ’enseignement secondaire ;
- arrêter le système LMD (Licence Master Doctorat) querellé aujourd’hui dans les universités du Bénin en attendant que les conditions d’application de ce système soient remplies au Bénin ;
- supprimer les frais de formation anarchiquement fixés dans les universités du Bénin, frais de formation qui transforment les établissements et facultés des universités publiques en de véritables centres de formation privés au profit de certains professeurs et administrateurs ;
- supprimer les multiples faux frais d’études et de formation qui font que l’Ecole coûte aux parents, aux ménages, 49,4% de sa valeur (in Institut international de planification de l’éducation, Rapport d’état du Système éducatif (RESEN 2012_Bénin), 2014 ;calculs faits à partir du tableau n° 3.4 et des données sur les effectifs scolarisés du chapitre 2), ce qui exclut les enfants des parents pauvres, les enfants des ménages à faible revenu d’étude et de formation de qualité ;
- donner satisfaction aux revendications des enseignants pour éviter les mouvements de grève à répétition dans le secteur, mouvements de grève qui perturbent le bon déroulement des activités académiques.
- prendre un acte administratif en vue de la sédentarisation des vacataires utilisés dans les collèges et lycées publics au moins depuis octobre 2014, à former, à encadrer et à intégrer aux corps des enseignants de leur catégorie ;
- mettre fin à l’expérience malheureuse d’envoi des volontaires et autres recrutés par l’ANPE dans l’enseignement car, l’exercice de tout métier n’est autorisé qu’après une formation ;
- doter les écoles, collèges, lycées et universités d’enseignants qualifiés et en nombre suffisant pour finir avec la pénurie criarde d’enseignants qui caractérise aujourd’hui le système éducatif béninois ;
- dépolitiser les nominations aux postes administratifs des écoles et établissements en se basant sur les listes d’aptitude à actualiser chaque année ;
- former les enseignants à la transcription et à la lecture de leur langue maternelle en vue de les utiliser pour alphabétiser rapidement tous les béninois dans leur langue maternelle pour en finir dans un bref délai avec l’analphabétisme qui constitue une plaie et un fléau de la société béninoise à cette époque des nouvelles technologies de l’information et de la communication ;
- dispenser l’enseignement dans les langues maternelles dès la maternelle ; introduire le français à partir de la classe de CE2 pour une meilleure maîtrise de l’apprentissage du français et de toutes autres langues étrangères.
C’est ce qu’exprime très bien Cheikh AntaDiop, dans ‘’Nations nègres et Cultures’’ quand il écrit : « Le jour même où un jeune Africain entre à l’école, il a suffisamment de sens logique pour saisir le brin de réalité contenu dans l’expression : un point qui se déplace engendre une ligne. » Et c’est bien ce que soutient la citation suivante tirée du Message de M. KoïchiroMatsuura, alors Directeur général de l’UNESCO, le 21 février 2008 : « Essentielles pour l’identité des groupes et des individus, et pour leur coexistence pacifique, les langues constituent un facteur stratégique pour la progression vers un développement durable et une articulation harmonieuse entre le global et le local.
Loin de constituer un espace réservé à l’analyse des spécialistes, les langues sont au cœur de toute vie sociale, économique et culturelle. C’est ce que signifie le slogan lancé par l’UNESCO pour l’Année internationale des langues : « Les langues, ça compte ! ».
«Les langues comptent, en effet, pour atteindre les six objectifs de l’éducation pour tous (EPT) ainsi que les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sur lesquels les Nations Unies se sont accordées en 2000. Elles comptent lorsqu’il s’agit de promouvoir la diversité culturelle, comme dans la lutte contre l’illettrisme et pour une éducation de qualité incluant l’enseignement dans la langue maternelle dans les premières années de scolarisation. Elles comptent dans le combat en faveur d’une meilleure intégration sociale, pour la créativité, le développement économique, la sauvegarde des savoirs autochtones. ».
En guise de conclusion
Voilà par quelle voie nous pensons, à l’UNAPEEB, qu’il faut engager le système éducatif béninois pour amorcer la rupture d’avec son passé et envisager une réforme globale, systémique (de la maternelle au supérieur) pour en finir avec l’inadéquation aux besoins de la société béninoise et les échecs massifs à la fin de chaque année académique.
Cotonou, le 28 septembre 2015.
Pour le Bureau Exécutif National,
Le Président,
Paul K. KOUDOUKPO
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