La sinusoïde Nguesso-Hollande
Le Congo a voté hier. C’était un vote particulier. Le Président sortant, Dénis Sassou N’guesso a forcé le destin en organisant un référendum au forceps. L’objectif étant de lui permettre de mourir au pouvoir avec un énième mandat. Décrié par la société civile africaine, le Président du Congo-Brazaville joue à l’indispensable. Figure de la Françafrique mourante, N’guesso est un symbole des biens mal acquis. Le référendum d’hier qui n’a pas drainé du tout du monde expose un Président désespéré qui s’accroche au pouvoir (1) avec le soutien tacite d’un Hollande peu normal à l’international (2).
- N’guesso, le pouvoir jusqu’à la mort
Sourd face à l’évolution politique du continent, le putschiste reconverti en démocrate, Dénis Sassou N’Guesso a défié son peuple pour organiser un référendum pour un énième mandat. Les moyens les plus inimaginables sont utilisés comme l’usage d’armes non appropriées. Ce qui est une expression de brutalité animalière contre une manifestation démocratique de Congolais voulant rester dans l’ère du temps. L’harmattan burkinabè n’a pas pu souffler sur le peuple bantou. La mobilisation historique du mouvement » SassouSuffit » n’a pas émoussé l’ardeur de l’autocrate de se donner un vernis pour ce référendum dont la participation du peuple est tout aussi moindre qu’incolore. Mais Monsieur Dénis Sassou N’guesso s’en fout. Il tient à avoir un second mandat pour perpétuer une gouvernance de biens mal acquis à l’étranger et surtout protéger et promouvoir les intérêts des politiques de la France. C’est ce qui peut expliquer la position ambigüe de François Hollande qui tourne en rond au lieu d’être ferme.
- Le soutien tacite de Hollande
Le Président François Hollande n’a pas été aussi ferme face Sassou qu’il l’a été envers Compaoré. En effet, le nouveau gendarme de la Francophonie, Hollande, avait déclaré dans un premier temps qu’il respectait la position du président congolais et son » droit » à consulter la population. Il a toutefois rappelé qu’une fois la consultation passée, le chef de l’Etat devait veiller à rassembler et apaiser ses concitoyens.
Il s’agit d’un soutien tacite au désordre et à l’oppression. Cette position de Hollande est incompréhensible et illisible. Il s’agit d’une position qui montre une fois encre que la France a des intérêts que la raison de l’évolution des peuples peut méconnaître. Mais la sinusoïde Hollande ne tardera pas à se faire voir : » Hollande a dit » soutenir la liberté d’expression » et souhaiter que les » Constitutions soient respectées « . Un vrai rétropédalage qui montre que la diplomatie française est incohérente et demeure une figure géométrique émotionnelle. Seule la présidente de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, est restée pertinente en appelant au respect de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui proscrit les changements constitutionnels à des fins personnelles.
Herbert-Tauyé Houngnibo
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