Banfora: A la découverte du dozo Gaoussou Traoré

Publié le mercredi 28 octobre 2015

Gaoussou Traoré est un dozo féticheur, âgé d’une vingtaine d’année et né à Orodara. Il nous raconte son métier à travers cette interview accordée à Burkina24. 

Burkina24 (B24) : Vous êtes Dozo et féticheur. D’où est venue cette envie d’évoluer dans ce domaine ?

Gaoussou Traoré (G.T) : Ce qui m’a motivé à adorer les fétiches est que mes ancêtres étaient Dozo. Mon père également. C’est donc une transmission de père en fils. C’est aussi une longue histoire qui émane des génies qui ont bien voulu que j’exerce ce métier. Je suis incarné par des génies qui m’animent et me donnent des directives. Grâce à mes ancêtres, mon père grand Dozo d’Orodara,  j’ai donc les reins solides. 

B24 : Comment se passent les cérémonies d’adoration des fétiches ?

G.T : Chaque fétiche a son mode d’adoration et lorsque vous entendez parler de Dozo, cela sous-entend la cohésion, l’entente qui s’expriment par la vérité et contre le mal pour le bien. Même les fétiches Dozo (DAN KOUN: le commencement et la fin de toute chose) ne s’installent et ne s’adorent pas de la même manière. Toute chose qui démontre clairement que les plantes et potions sont différentes. Si nous devons faire la part des choses, on risque de finir la nuit ici. Beaucoup de choses doivent être gardées par secret. 

B24 : Quelles sont leur spécialité et dans quel cas sont-ils adorés ? 

Gaoussou Traoré, un Dozo d'une vingtaine d'années, très bien connu à Orodara

Gaoussou Traoré, un Dozo d’une vingtaine d’années, très bien connu à Orodara

Les adorations diffèrent et certaines sont au service du mal, c’est-à dire-détruire, ruiner et déstabiliser. D’autre par contre sont utiles pour être au service des hommes qui recherchent le bonheur. Les dates d’adoration sont aussi connues. 

B24 : Être Dozo requiert un certain nombre d’apprentissages. Comment s’est passée votre initiation dans cette confrérie ?

G.T : Effectivement, on ne devient pas Dozo du jour au lendemain. Même les plus forts n’ont pas droit à la moindre erreur sinon, ils finissent mal. L’apprentissage dans cette confrérie est très complexe et le savoir ne réside pas chez un seul Dozo. Il se partage par ceux qui ont confiance l’un envers l’autre. Tu peux même apprendre jusqu’à ta mort. On ne finit pas d’avoir d’autres pistes dans ce travail. Il faut donc être très fort,  sinon tu te perds dans le tourbillon. 

B24 : Quel est votre souhait le plus cher dans votre métier ? 

G.T : Je prie pour les nécessiteux qui souhaitent qu’on résolve leurs soucis. Aider mes frères et sœurs à se retrouver, regagner leur vie me réjouit et me rend plus fort.  Je prie pour cela le jour comme la nuit. 

B24 : Si vous n’étiez pas Dozo,  quel métier auriez-vous pu faire ?

G.T : Si je n’étais pas Dozo, j’allais œuvrer pour le bonheur des hommes dans toute et aussi être celui qui cultive la paix et  la tolérance dans l’unité d’action. 

B24 : Pensez-vous pouvoir réaliser des projets dans ce domaine? 

Les fétiches sont consultés à des occasions diverses!

Les fétiches sont consultés à des occasions diverses!

G.T : De nos jours,  ceux qui ne sont pas Dozos se disent Dozo tout seulement parce qu’ils ont des petits versets et aussi parce qu’ils s’habillent avec des habits qui donnent l’apparence d’un Dozo. Mais on se connait entre nous. L’un des projets qui me tient à cœur est d’arriver à mettre sur pied une pharmacie traditionnelle aux besoins et aux services de tous dans le seul souci de guérir les âmes faibles et malades. 

B24 : On décèle une certaine fierté dans votre travail. D’où vient cette inspiration positive?

G.T : Cette fierté émane de nos résultats suite à un travail confié. Lorsque j’ai de bons résultats, cela me galvanise davantage et prouve que je ne suis pas sur un faux chemin.

B24 : Qu’est-ce qui vous distingue des autres Dozos?

G.T : Ma particularité est diverse et résulte du fait que ma connaissance est très complexe car je consulte les génies, j’adore les fétiches, je connais le langage des animaux et sais déchiffrer tout sortilège de toute forme de sorcellerie.

B24 : Quel message avez-vous à lancer à nos lecteurs ?

G.T : Tant que les Hommes n’ont pas un sérieux problème, ils ne croient pas en certaines choses. Certes chacun a sa religion et personne n’oblige l’autre à croire en la religion ou aux rites de l’autre.

Mais il est nécessaire de rappeler que tout ce que j’ai dit devrait éclairer les esprits qui ont le doute. Si tu as mal à la dent et tu vas chez un cardiologue,  tu ne vas jamais être guéri, mais ton mal ne fera qu’empirer. Je salue tous les lecteurs et prie pour le bonheur du peuple, la prospérité de tous. J’invite les Dozos, féticheurs, griots à s’unir afin que notre mission soit d’un grand bénéfice pour les Hommes pour des générations et des générations.

Nebilboue Charles BAKO

Correspondant de Radio B24 à Niangoloko


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