Ne prenons pas les enfants du bon dieu pour des canards sauvages : La Nouvelle Conscience de Pascal Irénée Koupaki face au scandale de l’eau
Le présent article est plutôt un coup de gueule dont la rage n’a d’égal que l’indignation et le dégout que devrait inspirerà toute personne normalement constituée, le sordide scandale de l’eau qui secoue le pays ; et cette situation n’autorise pas la langue de bois.Nous n’avons, toutefois,d’autre préoccupation que de dégager de cette affaire, les grands axes pour en tirer des leçons de conduite dans la gestion des affaires d’Etat à la lumière de la Nouvelle Conscience que prône Pascal Irénée Koupaki.
L’eau est source de vie pourtant
«L’accès à l’eau potable et saine est un droit humain primordial fondamental et universel parce qu’il détermine la survie des personnes et qu’il est, par conséquent, une condition pour l’exercice des autres droits humains»,ainsi s’exprimait le Pape François, dans son encyclique du 18 Juin 2015, alors que le scandale de l’eau éclatait chez nous. C’est tout comme s’il nous admonestait.
J’assistais à un office religieux célébrant le 100ième anniversaire d’une dame en la cathédrale Notre Dame des Apôtres tout récemment, lorsque, communiquant avec les fidèles et se référant aux anniversaires de mariage, le curé leur demanda s’ils savaient à quelles noces correspondaient les 100 ans. Il essaya de les mettre sur la bonne voie en évoquant les noces d’argent, d’or et de diamant, mais l’assistance, toute interloquée, n’avait pas su quoi lui répondre. Il nous apprit, alors, qu’après recherches, il avait découvert qu’il s’agissait des noces d’eau. Et de discourir longuement sur ce que représente, pour l’espèce humaine, le précieux liquide, source de toute vie sur terre et de liaison entre les êtres, méritant qu’on associe son appellation à une durée de vie exceptionnelle. Ecoutant son sermon avec grande concentration, je m’attendais à ce qu’il débordât sur l’actualité politique, mais il ne franchit pas le Rubicon. L’Eglise ne fait pas de politique, il est vrai ; encore qu’en l’occurrence, c’aurait été tout à fait légitime de franchir la rivière si tant était qu’il s’agissait de vie et de la conservation de l’espèce humaine. Pour ma part, et n’étant pas ecclésiastique, j’ai décidé de la franchir. Et, l’occasion faisant le larron, de montrer comment nous avons besoin d’une nouvelle prise de conscience de la vie politique et, partant, d’une Nouvelle Conscience pour sauver notre pays des fers qui l’enchainent résolument.
Je m’étais surpris, alors,à me demander, en plein office, comment se fait-il que des humains aient entrepris de voler méthodiquement des fonds destinés à donner de l’eau à boire à leurs semblables ; de l’eau pour vivre, de l’eau pour économiser à nos mamans, la corvée matinale du puisage bien loin de leur domicile, bassines lourdement chargées et maintenues en équilibre sur leurs fragiles têtes avec leurs frêles bras en suspension. Quel cœur ce spectacle ne peut-ilpas émouvoir et quelle conscience ne peut être ébranléeau spectacle d’enfants s’abreuvant de l’eau polluée des cours d’eau,vecteurs de toutes sortes de bactéries ?
L’indifférence et la résignation d’un peuple subjugué
Nauséabonde qu’il est, le scandale de l’eau n’a pourtant pasconnu la réaction fulgurante qu’elle méritait de la part des groupes de pression en charge de la défense des intérêts du citoyen, La presse, quantà elle,n’a pas cru devoir aller plus loin que d’en faire état, tout juste pour honorer sa mission d’information sans se fouler outre mesure, alors qu’elle sait remuer les masses et faire bouger l’opinion pour des faits sans commune mesure avec la conservation de la vie. Le peuple lui-même, pris en tenaille entre révolte et résignation, lassé qu’il est d’être mis en coupe réglée et tenu en laisse par un système pourri, ne sait plus à quel saint se vouer.Quant à moi-même, mes sentiments s’exprimentà la lumière de ce que prône la Nouvelle Conscience de Pascal Irénée Koupakidont je me réclame volontiers.
La signification du scandale : dugangstérisme
Le scandale de l’eau est, si besoin en était encore, le signe déterminant d’un pays qui s’écroule sous le poids de la dégénérescence des consciences. Voler méthodiquement et sereinement, l‘argent destiné à donner à boire au peuple avec la complicité d’agents recrutés pour servir ce peuple ;qu’y a-t-il de plus avilissant et de plus criminel ?Nous savons très bien, par ailleurs et ce n’est que secret de polichinelle, que les forfaits deGnire et de Codo, du nom des malfaiteurs,ne sont que la face visible d’un iceberg dont le gros volume gît sous l’eau. Ces messieursn’ont pu commettre leur forfait ainsi, au grand jour, faisant un pied de nez au peuple, sans une grande complicité active ou passive, non seulement d’agents de bureaux, mais encore de personnalités qui, eux, savent comment procéder pour ne pas se faire pincer.
Ce scandale révèle, en effet, qu’un vaste réseau de fossoyeurs nous appauvrit et nous asphyxie tous les jours davantage. Ce qui s’est passé n’est pas de la corruption, c’est beaucoup plus. Le scandale de l’eau est du gangstérisme d’Etat,et le peuple, méthodiquement maintenu dans les limbes jusqu’alors, ne réalise pas cela. Des marchés fictifs sans objet réel, des matériaux prélevés sur le stock déjà existant, alors qu’ils sont déclarés achetés dans le cadre d’un nouveau projet, des fractionnements systématiques des marchés à la toute dernière limite du montant qu’autorise le code du marché public ;des paiements qui interviennent tout juste le lendemain de l’ordonnancement des travaux. Tout cela au vu et au su de la cellule de l’audit interne du ministère et de la hiérarchie administrative. Le système a complètement obscurci les consciences des fraudeurs et maintientle peuple dans les ténèbres avec des mensonges et des adulations. Une honte nationale à vous couper le souffle et à vous précipiter au fond d’un puits. Néanmoins, et pour faire œuvre utile, nous considèrerons,de façon sereine, les paramètres de cette honte et les éclairerons avec la lumière de la Nouvelle Conscience.
La honte de l’entremise étrangère
La honte, c’est qu’aujour-d’hui le monde entier sait ce qui s’est passé chez nous ; ilsait que nous vivons dans un système de fraude orga-nisée; il sait que nous vivons dans un réseau de malfrats capables de voler l’argent que des partenaires nous offrent pour permettre de donner à boire à notre peuple.
La honte, c’est que c’est un pays étranger, le Royaume des Pays-Bas en l’occurrence, qui a découvert le pot-aux-roses et a alerté nos autorités alors que nous disposons de toute une batterie de corps de contrôleurs et d’institutions de contrôle qui apparemment, dans cette scabreuse affaire n’y ont vu que du feu ou n’ont voulu rien voir du tout. Du reste, la Banque Mondiale et l’Union Européenne s’y sont mêlées. Mais à quelque chose malheur est bon. N’eut été la vigilance de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, ce scandale serait passé inaperçu comme tant d’autres. Il convient alors, de lui en savoir gré, en fin de compte.
Il est vrai qu’en la matière nous n’en sommes pas à nos débuts. Selon ses propres dires dont j’ai claire souvenance, comme d’hier,c’est son collègue du Niger qui aattiré l’attention du Chef de l’Etat sur le fait quenotre port étaitengorgé ; ce qui lui a permis d’y faire une descente et d’impliquer l’armée dans la résolution rapide des problèmes qui se posaient, alors. Il a fallu, par ailleurs,que le Brésil le saisisse, avec un incident diplomatique à la clé, pour que le Chef de l’Etat donne un coup de pied dans la fourmilière qu’est devenu l’aéroport que tous les voyageurs béninois savaient pourri, si ce n’est les services des renseignements du Chef de l’Etat, qui, de deux choses l’une,soit n’ont rien voulu y voir, participant ainsi à la chienlit,soit ont tout vu et que le chef de l’Etat a laissé faire, jusqu’alors.
Les défaillances des corps de contrôle de l’Etat
A quoi a servi l’Inspection Générale de l’Etat qui, du reste, a été mise en cause par le rapport Kraulpour n’avoir pas sudétecterles irrégularités commises dans cette affaire de forage et d’adduction d’eau. Sur un plan plus général, et pour dédouaner quelque peu cette institution, il me souvient que le Chef de l’Etat a pu dire un jour, que s’il devait tenir compte des rapports qu’elle lui faisait, il enverrait la grande majorité des directeurs de sociétés d’Etat en prison. Ce disant, il confirmait l’existence d’un vaste réseau de malfrats dans le pays.
Au Ministère de l’énergie et de l’eau, il y a comme dans tout ministère, semble-t-il, un représentant du contrôleur financier, quiest en fait, l’œil du Ministre des finances.Que cet agentait commisdes erreursde temps à autre, cela pourrait se comprendre, mais qu’il ait commis les mêmes erreurstout le temps sur tous les dossiers concernant les deux mêmes hommes d’affaires,trahit,sans conteste, unecomplicité bien établie et l’existence d’un réseau aux fins de détournement de fonds publics.Point n’était besoin de sortir de polytechnique pour déceler les intentions de fraude ; tellement, les techniques utilisées étaient primaires. Et la hiérarchie s’était toujourstue.
Et que dire des responsabilités
Pour tout programme ou projet, le plan de travail annuel, exige une discussion avec le comité de pilotage et son accord préalable avant tout changementde destination dans l’utilisation des crédits.Nous apprenons que cette disposition n’a pas été respectée pour la plupart des matériaux achetés qui totalisent les 2.600.000.000 de francs. Cela au vu et au su de la hiérarchie qui validaitl’anomalie. L’audit international a dit, en toute limpidité, que si tout cela a pu avoir lieu c’est que l’impunité est la règle dans notre pays.
L’on nous dit que l’on n’a constaté aucun flux financier en direction du Ministre de l’eau et de l’énergie.Soit ! Mais ce qui m’intéresse, c’est que sa responsabilité dans cette affaire est entière ainsi que l’a déterminé le rapport de l’audit international. Le rapport Kraul précise en effet que le Ministre est parfaitement au courant de toutes les irrégularités commises et qu’il a laissé faire. Fallait-il d’autres mots pour dire que sa responsabilité est totalement engagée ?Par ailleurs, le Secrétaire général du gouvernement n’a-t-il pas déclaré en son temps, que le Ministre avait démissionné de son poste parce qu’il était conscient de sa responsabilité politique et morale dans ce dossier ? Il reste, il est vrai, que la responsabilité pénale relève de la justice.
La part du banquier
Le banquier n’a pas sa partition dans cette affaire. Lorsque des hommes d’affaires viennent ouvrir des comptes pour n’encaisser et ne retirer que de l’argent et que ces comptes disparaissent au bout de deux ou trois mois de manière cyclique ;lorsque l’argent reçu n’est constitué que par des virements du Trésor et qu’il est retiré dès le lendemain ; lorsque la société ne paie ni impôts ni salaires, et que le compte se révèle être un compte de transit, le banquier se devait de s’en inquiéter et de saisir qui de droit. Qu’on ne vienne surtout pas nous opposer le principe de la confidentialité des comptes dans un monde où elle n’existe plus même plus dans le pays refuge qu’est la Suisse.
Il ne faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages
Les citoyens ne veulent plus être considérés comme des imbéciles que l’on peut mener en bateau au gré des manipulations des autorités dirigeantes. La tactique utilisée pour endormir le peuple a toujours été celle qui consiste à semer la confusion dans son esprit dans les moments difficiles et à se prémunir ainsi contre touteréaction prévisible.
En amont de cette affaire, le Ministre des Finances a eu tôt fait de monter au créneau pour tenter de la banaliser complètement et tirer son épingle du jeu. Il a cherché à inscrire dans les espritsqu’il s’agissait d’une simple affaire de réaffectation non autorisée de crédits et qu’il n’y avait vraiment pas de quoi fouetter un chat. Pour un esprit éclairé, la pilule était déjà amère à avaler d’autant que le Ministre de l’énergie et de l’eau, aujourd’hui sur la sellette,nous annonçait, concomitamment,qu’il démissionnait de son poste.Le Secrétariat Général du Gouvernement s’époumonait alors à convaincre, qui voulait l’entendre,du sens de sa démission à savoir faciliter l’enquête en cours. L’on connait la suite ; le Ministre a prisplace à l’Assemblée nationale.
En aval et cherchant toujours àcontenirle peuple et àl’amadouer, l’ORTB a fait une émission pour exhiber les forages réalisés dans le cadre du programme en question. Elle nous disait,alors,ceci : on parle trop de cette affaire ; voyez plutôt ce qui a été réalisé dans le cadre du projet et sachez raison garder. Canal 3 vient de prendre le relais de cette campagne qui, en dernière analyse, n’est que désinformation eu égard à la fraude commise. Il est à parier que les services de communication de la présidence de la république sont passés par là. Un véritable opium pour le peuple qui ne se doute pas de la manœuvre.
Toujours en aval, l’on tente d’embrouiller ce peuple et de le distraire en essayant de porter l’affaire sur le terrain politique, canalisant ainsi ses énergies vers autre chose que ce qui devrait le préoccuper, aux fins de de lui faire oublier la gravité intrinsèque du scandale.
Le regard de la Nouvelle Conscience
Nous pensons avoir extrait les grands axes de cette affaire que l’on cherche déjà à politiser. En dernière analyse, nous dégageons l’axe respect des textes et de la procédure, l’axe contrôle des dépenses de l’Etat et l’axe responsabilité. L’axe transparence est sous-jacent.
Pour ce qui est du non-respect des textes et de la procédure qui exige que tout changement dans la destination des crédits reçoive l’accord préalable du comité de pilotage, il convient de relever que si elle avait été respectée, cette seule procédure aurait pu déjà entraver, de quelque manière, la fraude qui a été commise à la condition bien entendu que tous les membres du comité soientintègres. La Nouvelle Conscience prône le respect intégral des textes et des procédures, avec rectitude et sans complaisance aucune, partout où besoin sera.
Pour ce qui est du contrôle des dépenses, si le représentant du contrôleur financier avait fait correctement le travail pour lequel il était payé, il n’y aurait pas eu toute cette affaire. En ma qualité de profane il est vrai, j’estime que le nœud de l’affaire est à ce niveau. La Nouvelle Conscience veillera à ne mettre à tel poste clé que des personnalités fortes et consciencieuses. Et puis la fonction publique devrait cesser d’être une sinécure ; il conviendra non seulement d’en mériter l’accès, mais également de mériter de s’y maintenir. La Nouvelle Conscience prendra des mesures en ce sens.
Pour ce qui est des responsabilités, la Nouvelle Conscience déterminera mieux les responsabilités du Ministère des Finances sur les crédits qu’il délègue d’autant qu’il détient, en outre, le portefeuille de l’économie. Il ne peut continuer de se contenter de les déléguer. Sa responsabilité devrait pouvoir être engagée si les représentants du contrôleur financier, dans les différents ministères, font mal leur travail ou se laissent corrompre. Pour toute opération financière la responsabilité devrait être non pas partagée mais intégrale tant au niveau du Ministère des Finances et de l’économie qu’à celui du Ministère qui consomme les crédits qui lui sont délégués. Le premier devrait répondre entièrement de la légalité et du contrôle de toutes les procédures de décaissement. Le second devrait pouvoir répondre de toutes les dépenses effectuées sur les crédits qui lui sont délégués, de leur légalité et de leur moralité.
Pour ce qui est de la transparence, en filigrane dans toute cette affaire, nous estimons que, pour un projet déterminé, la communauté qui en sera destinataire devrait être informée et associée à sa réalisation par l’intermédiaire de l’autorité décentralisée ; déjà en amont du projet c’est-à-dire au niveau de sa conception ; puis au niveau de sa réalisation et enfin, en aval du projet pour ce qui est de son suivi et de son entretien. Les concernés eux-mêmes devraient, à chaque étape, se sentir au cœur des projets et non pas seulement comme des bénéficiaires. Cette procédure obéit au principe du développement participatif que prône la Nouvelle Conscience.
Pour clore cette réflexion, je dirai que la Nouvelle Conscience n’accepte pas qu’un ministre quitte ses fonctions sans que ses comptes soient apurés et que quitus lui soit donné avant l’exercice de toute autre fonction publique. Elle ne souscrit pas non plusà la procédure actuelle de mise en accusation des anciens ministres à qui sont reprochés des détournements de fonds publics et qui requiert la majorité de deux tiers des députés pour ce faire.Cela afin que notre Assemblée Nationale préserve sa dignité et sa respectabilité ; et aussi, afin que le peuple ne demeure pas l’éternelle victime expiatoire résignée des agissements d’autorités indélicates à la recherche de refuge et d’impunité, une fois leur forfait commis.
Ce qui s’est passé au niveau du Ministère de l’énergie et de l’eau est un échantillon de ce qui se passe dans les autres départements et tout le monde le sait. Décidemment, ce pays a besoin d’une Nouvelle Conscience. Et l’on comprend alors que certains qui n’y trouveront plus leur compte s’acharnent contre l’idée et son promoteur. Et j’ai fini par convenir avec mon défunt père, ancien député et ministre de la république, des temps de jadis, que faire de la politique c’est aussi vendre des rêves. J’ai été, comme tout le peuple béninois, assez naïf pour acheter le rêve du pétrole, mais j’ai fini par faire mon deuil et me taire sans grande amertume il est vrai, si tant estque le pétrole ne se boit pas. Mais que dois-je fairelorsque celui-là même qui m’a vendu le rêve du pétrole récidive, et vient verser du sable dans l’eau qu’une âme généreuse m’a donné à boire ?J’avais averti que cet article était uncoup de gueule.
Ambassadeur Candide Ahouansou
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