Yayi le Préfet local rentre avec le Proconsul Lionel Zinsou : Premier Ministre et un Dauphin trop idéal ?

Publié le mardi 30 juin 2015

Indiscutablement la véritable surprise du dernier gouvernement du Président-docteur est la nomination de Lionel ZINSOU 1er Ministre. Si l’on peut se poser la question sur l’évolution du système YAYI Boni depuis la perte du perchoir, il faut avouer que les gouverneurs extérieurs du Bénin ont de l’imagination. On ne peut que les en féliciter car ils viennent de faire un coup triple : rebondir sur l’échec de leur poulain qui n’a pas réussi à obtenir les manettes d’un changement constitutionnel, dévier les critiques de la presse et des béninois sur l’accessoire que constitue un renouvellement gouvernemental difficile avec beaucoup de ministres-députés privilégiant un mandat assuré de 4 ans à un bateau ivre en eaux troubles et tumultueuses de 9 mois puis assurer une rampe de lancement aux futures élections présidentielles de 2016 à la technocratie africaine des banques habituée aux lambris dorés des palais des présidences des grands de ce monde.

 Un nécessaire retour dans le temps permet de mieux comprendre la nouvelle donne africaine dont notre pays va expérimenter une des variantes.

Je me rappelle encore bien le débat constitutionnel lors d’un colloque à la Sorbonne après la conférence nationale des forces vives du Bénin où il y avait 17 membres de la diaspora béninoise de France dont moi-même et où il était confié à Maurice AHANHANZO – GLELE d’animer une commission devant préparer le projet de constitution. Je militais avec Adolphe MEMEVEGNI et d’autres amis pour une primature non pas à la française où l’article 20 de la constitution confère au premier ministre de constituer puis diriger le gouvernement et de poser la question de confiance devant le parlement susceptible d’entraîner sa dissolution mais pour une primature plus souple où le 1er Ministre, Chef du gouvernement conduira uniquement la politique défendue devant le peuple que le Président de la République élu au suffrage universel souhaite mettre en œuvre. J’avais bien conscience que les partis constitutionnellement animant la vie politique n’existaient pas chez nous, n’existeront réellement pas avant plusieurs décennies et un 1er Ministre ne pouvait aller poser la question de confiance devant une assemblée nationale constituée de groupes hétéroclites de députés surtout dans un Bénin abritant aujourd’hui plus de deux cents partis. Un premier ministre à la béninoise selon moi serait Chef d’un gouvernement qu’il n’aura pas eu l’initiative de constituer, animera l’équipe gouvernementale par le suivi et la vérification des missions confiées aux ministres et en fera le rapport régulier au Chef de l’État en dehors des conseils des ministres. Ce faisant, il déchargera surtout le Chef de l’État des contingences et autres politiques domestiques dont l’intérêt n’est pas vital afin qu’il s’occupe des grands dossiers africains et internationaux dont l’évidence de l’intérêt serait cette fois-ci manifeste.

Dès lors pour un Bénin devenant un État de droit à partir de 1991, constitutionnaliser la primature était important en ce sens que ses fonctions auraient été clairement identifiées. Mais la tutelle française n’en avait pas voulu n’aimant pas le bicéphalisme et préfère toujours avoir à faire à une seule tête qu’elle peut maîtriser plus facilement. Pour autant, pour des besoins d’équilibre politique Adrien HOUNGBEDJI avait été promu 1er Ministre sous le 1er mandat de Kérékou II (1996/98) et certains édiles avaient déjà à l’époque pensé à un successeur potentiel au Palais de la Marina. Cela aurait pu l’être mais le Caméléon à la fin de son mandat avait sans doute besoin d’une solidarité habituelle du septentrion pour contenir sinon étouffer certaines affaires célèbres dont celle de notre compatriote qui avait acheté la SONACOP avec le propre argent de la Société. Le 1er mandat de YAYI Boni aura bien vu la sortie de prison de FAGBOHOUN le 5/02/2008 après vingt mois de détention pour devenir Honorable au Parlement dans le dernier mandat avant d’en sortir aux législatives de 2015. Le Bénin connaîtra le 28/05/2011 sous le deuxième mandat de Yayi Boni un second 1er Ministre avec KOUPAKI Pascal Irénée qui avait l’avantage de connaître la fonction puisqu’il fut Directeur de Cabinet du 1er Ministre HOUGBEDJI avant de retourner à la BCEAO à Dakar après 1998 pour en revenir à partir de 2006 occupé les postes ministériels de développement, d’État chargé de la Prospective avant celui de la primature.

Le Président-docteur récidive avec la nomination de Lionel ZINSOU à qui il confie le développement puisque nous voyons curieusement un Premier ministre qui fait une passation de service avec un ancien ministre qui n’était même pas ministre d’État. Pire, il innove en créant une fonction de Vice -1er Ministre pour un gouvernement agrémenté de 3 Ministres d’État. Le Béninois a l’imagination fertile ! On peut penser qu’il était difficile au seul ministre d’État du gouvernement défunt de ne pas avoir une promotion même s’il occupe les mêmes fonctions et il fallait aussi sans doute récompenser d’autres qui auraient pu choisir la sécurité au parlement.

Finalement, seul le Président KEREKOU aurait eu encore raison de ceux qu’il appelle avec amusement les « intellectuels tarés » puisque les missions confiées à son Premier Ministre étaient la « Coordination de l’action gouvernementale, des relations avec les institutions et de porte-parole du gouvernement ». Somme toute, nous qui avions pensé à un premier ministre inscrit dans la constitution, imaginions ce type d’attribution avec des conditions constitutionnelles de nomination qui garantissent au titulaire de la fonction d’avoir un minimum de marge de manœuvre par rapport au Président tout en étant respecté par les ministres. De plus pour les problèmes domestiques, le citoyen avait un interlocuteur constitutionnellement reconnu et responsable devant le peuple.

 

Mais pourquoi nos Présidents s’évertuent à nommer un 1er Ministre non constitutionnellement reconnu alors qu’ils se réclament être dans un État de droit ? Pourquoi la Cour Constitutionnelle reste muette sur ce type de décisions alors qu’elle aurait pu en faire une auto-saisine ? Dès lors, peut-on reprocher au citoyen béninois de s’interroger sur les raisons de la nomination de l’actuel Premier Ministre en exercice ?

L’on se souvient que l’introduction dans la constitution de la clause des 70 ans avait été imaginée par les acteurs politiques du début des années quatre-vingt-dix pour empêcher les anciens présidents de la République des années soixante de se présenter aux élections présidentielles. Aujourd’hui ce sont les quinquagénaires de l’époque qui en sont les victimes et les patrons des partis politiques ayant le plus grand nombre de députés au parlement sont hors-jeu. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’y a pas de leaders charismatiques parmi la vingtaine de candidats putatifs actuellement déclarés aux présidentielles de 2015. Même au sein du groupe le plus important au parlement qu’est le FCBE, l’impossibilité au Président-docteur de se représenter entraînera de facto son explosion au lendemain des communales avec empêchement de dégager un consensus pour l’investiture. Déjà l’érosion a commencé à Porto-Novo avec la défection de Gilbert KIKISSAGBÉ au profit du PRD aux municipales. Alors il n’est pas interdit de penser que les faiseurs de roi parisiens voire de l’Élysée très sensibles à la défense de leurs intérêts dans leur pré-carré africain, non pas les intérêts du peuple français mais ceux de leurs amis patrons de grands groupes, aient demandé à leur Préfet local de rentrer avec un Proconsul, successeur putatif à carnet de visite respectable.

De plus cela tombe bien. L’heureux bénéficiaire a un profil parfaitement compatible au type de dirigeants que le néolibéralisme international souhaite voir à la tête des États : Fils de président (KABILA, BONGO, EYADEMA etc.), Technocrates et anciens fonctionnaires d’institutions internationales plutôt banquiers (SOGLO père, Boni YAYI, A. OUATTARA etc.) ou Bi-nationaux comme dans les pays du Nord (N. SARKOZY, M. VALLS, A. HIDALGO etc.). Les premiers n’ont pas besoin de compétence particulière ; on les installe par des élections truquées et on les accompagne par des assistants techniques étrangers qui trustent leur cabinet. Les seconds ont l’habitude d’exécuter les ordres reçus, ayant été formatés par leur précédente fonction. Les derniers n’ont pas un sentiment national prononcé. Chaque catégorie peut alors faire le job sans état d’âme.

Notre nouveau 1er Ministre Lionel ZINSOU a cette particularité d’appartenir aux trois catégories : neveu d’un ancien Président de la République, technocrate issu des milieux d’affaires (banque et finance) puis binational. Le Bénin devrait se féliciter qu’on lui ait trouvé l’oiseau rare !

 

Que peut-on savoir de Lionel ZINSOU

Je passe sur le curriculum vitae et carnet d’adresse impressionnants de l’homme « intelligent » et « cultivé ». Le journal « La Nouvelle Tribune » de Marcel ZOUMENOU et d’autres en ont largement parlé. Mais ses propres déclarations sont importantes et intéressantes : « Autant que je sache, la nouvelle de ma nomination a été évoquée à l’Élysée … J’ai voyagé dans l’avion du Président parce que je le lui est demandé … Il y a des gens qui pensent que je suis le dauphin … J’aime bien les dauphins; ils sont plus intelligents, ont les cerveaux les plus développés et un système de langage extrêmement sophistiqué … Les présidentiables sont très aimables avec moi, sont venus me voir ces derniers mois, peut-être pas tous mais au moins les plus annoncés … Je m’intéresse énormément à ce que pensent les internautes et ça ne m’inquiète pas du tout. C’est la question fondamentale de la diaspora béninoise. Veut-on qu’elle apporte quelque chose au Bénin ou est-ce qu’elle dérange un ordre établi où tout le monde est content ? En 10 mois on peut changer peu de chose dans la vie d’un pays mais en 10 mois, on peut changer beaucoup de choses dans la vie des gens si on montre qu’on peut donner l’électricité, l’eau, l’éducation, l’accès à la lecture et si on y arrive les gens peuvent demander que ça continue etc. » N’est pas LUMUMBA qui veut !

 

Tout est dit dans ce résumé où à aucun moment Lionel ZINSOU n’a écarté l’idée d’une candidature aux présidentielles de 2016. Cela m’amène à survoler rapidement son parcours.

Au Parti Socialiste Français (PS)

J’ai fait la campagne de François MITTERRAND en 1981 pour l’accession de la Gauche au pouvoir, je n’ai pas souhaité adhérer au PS à cause du passé trouble du président sous le régime de Vichy et de sa politique en Algérie quand il était ministre de l’intérieur au moment de la guerre d’Algérie sous la présidence de Pierre Mendès-France, puis ministre d’État Garde des Sceaux sous Guy Mollet où il fut solidaire de l’envoi du contingent en Algérie le 23 mai 1956. Mais j’ai adhéré au PS directement dans le courant « Socialisme et République » de J-P CHEVENEMENT quand le PS a perdu le pouvoir en 1986 après son virage libéral de 1983 devant un CHIRAC et PASQUA anti-immigrés.

C’était pendant cette période où passant du ministère de l’industrie à la primature en 1984 pour assumer comme VALLS aujourd’hui le virage libéral, Laurent FABIUS fit appel à Lionel ZINSOU dans son cabinet et où j’ai commencé à entendre parler de lui. Par contre pendant toute la période tumultueuse de 1989 à 1992 de la chute du mur de Berlin (1989), des conférences nationales en Afrique (1990) et du débat sur le traité de Maastricht débouchant sur le référendum de 1992, plus de nouvelle de mon compatriote qui en bon énarque est rentré dans l’industrie chez Danone d’abord puis à la banque d’affaires du baron de Rothschild. Lionel ZINSOU n’était donc pas un militant. Comme la plupart de ces socialistes venus de Sciences Po, ENS, HEC, ESSEC et autre École Polytechnique envahir opportunément les cabinets ministériels, ils en repartent quand le vent tourne. Même le dernier congrès du PS auquel j’ai assisté à l’Arche de la Défense à Paris en 1992 avant de quitter ce parti en même temps que Jean-Pierre CHEVENEMENT, il ne me semble pas l’avoir vu à la réunion des partis africains frères où il y avait la présence remarquée de certaines personnalités comme Laurent GBAGBO, Alpha CONDE et bien évidemment Kofi YAMGNANE.

 

Dans la Diaspora Béninoise en France

Je suis aujourd’hui 1er Vice-Président du Conseil des Béninois de France. Depuis une quarantaine d’années que je milite dans les différentes associations de notre communauté béninoise en France avec des responsabilités diverses et variées (AED, FEANF, ATDF, ATBF, FAAF, ARBF, HCBE etc.) il ne me semble pas non plus l’avoir beaucoup rencontré même dans les ONG que beaucoup de nos compatriotes animent et qui sont souvent sur les mêmes fronts de lutte que nous.

A une exception près où en juin 2014 il était présent et animateur pour une journée de la fameuse « Table Ronde de Paris », une délégation du CBF y avait été conduite par son Président et où il y avait été promis semble-t-il plus de 6 milliards de USD d’investissement qu’on attend toujours.

 

Qu’est – ce qui aurait pu motiver son accession à la primature béninoise ?

A la lumière de ce parcours, il apparaît que la nomination de Lionel ZINSOU ne pourrait être liée ni à sa qualité de militant politique, ou associatif ni à son appartenance à une diaspora active dans la défense des intérêts des Franco-Béninois ou Béninois de France ni à sa contribution à tout ce qui a été obtenu par ces luttes à travers des décennies de revendications : reconnaissance de la diaspora béninoise – participation des Béninois de l’Extérieur aux scrutins nationaux – obtention d’un consulat général à Paris – possibilité de nomination des franco-béninois en qualité de consul honoraire, obtention de la plupart des actes administratifs à Paris ou en province dans les consulats là où ils existent – implication dans les parties qui concernent les Béninois dans les négociations franco-béninoises de coopération décentralisée et de politique de séjour etc.

Entendons-nous bien. L. ZINSOU est aussi de la diaspora mais est plutôt un habitué des lieux des affaires et du pouvoir, un pur produit du privé. Cela est tout à fait honorable. De plus, il n’est pas un médiocre comme la plupart des Chefs d’État africains qu’on nous impose. Bien au contraire il est effectivement brillant et intellectuellement bien construit. La seule chose qu’on peut reprocher aux énarques de sa trempe est qu’ils ne changent jamais leur logiciel appris dans les amphithéâtres de leur école, oublient que l’économie peut être une science si on y injecte régulièrement les paramètres d’écart-type par rapport aux lois mathématiques édictées par l’économétrie au point où le FMI et la Banque Mondiale continuent toujours d’appliquer aux États tant dans les pays du Sud que du Nord les logiciels des années soixante-dix. Le résultat est que toutes les économies s’effondrent les unes après les autres au grand dam de beaucoup de prix Nobel qui pourtant sont aussi des libéraux comme les Français Maurice ALLAIS (1988) ou Jean TIROLE (2014) mais aussi Milton FRIEDMAN (1976), James MIRRLEES (1996), Amarta SEN (1998), Joseph STIGLITZ (2001), Paul KRUGMAN (2008), Christopher PISSARIDES (2010), Thomas SARGENT (2011).

Il n’est donc pas interdit de penser que l’arrivée de Lionel ZINSOU à Cotonou rentre bien dans une stratégie qui va suppléer l’absence de candidat compatible aux intérêts des donneurs d’ordre du système économique mondialisé. Kofi YAMGNANE qui en son temps avait tenté sa candidature à la présidence du Togo n’avait pas été adoubé ni par la droite française ni par ses amis socialistes au pouvoir tout ministre de François MITTERRAND qu’il fût. Il lui avait été préféré le fils de son père, le jeune Faure EYADEMA. N’oublions pas l’épisode de la Côte d’Ivoire où le Président GBAGBO a été toléré jusqu’à ce qu’on trouve les voies et moyens notamment guerrières et quelques milliers de morts, pour imposer OUATTARA, l’ami de SARKOZY qui déclara de façon péremptoire de l’Élysée : « GBAGBO doit partir ». Même les amis socialistes de ce dernier n’ont pas levé le plus petit doigt pour le défendre à part Guy LABERTIT, ancien Secrétaire national Afrique du PS, Henri EMMANUELLI, Député des Landes et quelques autres. Il me souvient que Martine AUBRY n’avait pas répondu quand je l’avais interpellée à ce sujet

Le Président du HCBE a envoyé le vendredi 26 juin au nom des Béninois de l’Extérieur un long communiqué de félicitation à YAYI Boni pour avoir nommé un 1er Ministre issu de la diaspora. Je suis membre du HCBE et le CBF aussi. Pour autant, nous n’avons pas été consultés mais Gabriel KOTCHOFA a sans doute agi beaucoup plus en sa qualité d’Ambassadeur du Bénin en Russie. Pour des Béninois de la diaspora qui avaient trouvé une incompatibilité totale entre la présidence du HCBE et un poste d’ambassadeur, l’actuelle confusion des genres vient encore de nous donner raison. Par contre, la diaspora n’aurait pas été surprise que le Président KOTCHOFA fut nommé au gouvernement compte tenu de son appartenance au FCBE, et son allégeance à Boni YAYI.

Le premier Président du HCBE Michel D’ALMEIDA était aussi en son temps un grand supporter de KEREKOU. C’est donc une tradition au HCBE pourtant apolitique. YAYI Boni aurait fait appel à KOTCHOFA que cela n’aurait pas été choquant d’autant qu’il a l’avantage sur Lionel ZINSOU d’avoir participé des années durant aux débats qui ont traversé la diaspora béninoise de l’extérieur. Il y a sans doute bien d’autres raisons qui lui ont fait préférer l’actuel 1er Ministre.

 

Quels véritables enjeux pour les élections présidentielles de 2016 au Bénin ?

Il n’est donc pas interdit de penser que dans la géopolitique béninoise, une nouvelle approche de perpétuer la « françafrique » n’est pas étrangère à ce choix et la visite du Président François HOLLANDE début juillet à Cotonou n’est pas neutre. L. ZINSOU a 10 mois pour se faire connaître auprès des populations béninoises et des moyens colossaux lui seront donnés. Il faut se rappeler que Boni YAYI avait fait le même parcours en quittant la BOAD de Lomé un an avant les élections de 2006. Souvenons-nous la phrase du Général de Gaulle « la France n’a pas d’amis mais des intérêts » Aussi, il est tout à fait légitime que la France défende ses intérêts. Souvenons-nous toujours que le Bénin a aussi des intérêts à défendre qui ne se limiteront pas seulement à quelques mégawatts d’électricité où réfections d’infrastructures routières.

Car de véritables enjeux seront l’objet de débats et de propositions aux futures élections présidentielles au-delà des propositions superficielles de Lionel ZINSOU. Il faudra déjà qu’il se prononce tout comme les autres candidats importants sur les grands dossiers actuellement en cours dont le projet « l’épine dorsale ferroviaire » où il faudra répondre à des questions simples : Peut-on maintenir l’écartement métrique datant d’un siècle alors qu’ aujourd’hui la norme est de 1.435 m, qu’il faut une double voie et qu’un tel investissement se fait souvent pour un siècle pour tenir compte de l’évolution des technologies ? Accessoirement, ramènera-t-il dans le jeu DOSSOU Samuel qui a été l’auteur des premières études ? Nous n’avons pas beaucoup de grands Chefs d’entreprise comme Patrice TALON, Sébastien AJAVON ou Jean-Baptiste SATCHIVI même s’il y en a d’autres dans le BTP comme l’ancien ministre KOTY Lambert de même qu’il y a de grands commerçants surtout commerçantes qui brassent des centaines de millions de FCFA par semaine. Quelle place les futurs candidats leur réserveront-ils dans leur politique d’investissement ? Dans toutes les interviews de notre actuel 1er Ministre, il n’y a pas un mot à leur sujet. Au contraire ses pensées vont exclusivement aux investisseurs étrangers – En matière d’infrastructures routières, peut-on continuer de prendre 5 années pour 40 kms d’autoroutes comme le chantier actuel Cotonou – Ouidah ? - Donner de l’électricité aux gens est très bien mais quelle politique globale d’électrification du territoire pour éviter les multi-coupures intempestives quotidiennes ? – Cela fait des siècles qu’il pleut averse sous les tropiques lors de la grande et petite saison des pluies. Quelle nouvelle politique globale de voirie et d’assainissements dans nos villes et villages ? – Doit-on continuer de multiplier les universités comme le petit pain de Jésus alors qu’il n’y a aucun équipement scientifique digne d’une recherche de qualité à l’UAC, CNHU ou l’UP ? Quelles politiques d’éducation, de santé publique et d’emploi ? Les projets à débattre lors des prochaines élections présidentielles ne manqueront pas. Comme nous sommes obligés de lui accorder le bénéfice du doute, les premiers actes de l’actuel 1er Ministre seront bien auscultés les mois à venir puisqu’il a justement le portefeuille du « développement économique et évaluation des politiques publiques ». Rendez-vous donc à la campagne des Présidentielles 2016.

 

Faustin AÏSSI

Professeur émérite de l’Université du littoral côte d’opale (ULCO)

Communauté d’universités et d’établissements de Lille – Nord de France (COMUE – LNF)

B.P. 70008 59651 Villeneuve d’Ascq Cedex

 


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