31è édition de la journée l’Arbre : Ganvidokpo : on déboise puis on reboise
Chaque 1er juin de l’année, les Béninois sacrifient à une tradition, celle de planter un arbre pour ne pas vivre inutilement. La belle initiative a commencé depuis 31 ans. Depuis Kérékou à Boni Yayi en passant par Nicéphore D. Soglo, la légende se poursuit avec des fortunes diverses. Pour cette 31è édition, Ganvidokpo dans la commune de Sèmè-Kpodji qui a eu l’honneur d’abriter les manifestations officielles de cette 31è édition de la journée de l’arbre au Bénin.
Tôt dans la matinée d’hier 1er juin 2015, plusieurs personnalités se sont déployées sur le site choisi. Elles étaient sous la bannière de M. François Adébayo Abiola, ministre d’Etat chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Comme d’habitude, il y a eu les beaux discours : ceux qui n’ont jamais fait pousser un plant malheureusement. La particularité ici à Ganvidokpo est qu’il y a eu d’abord le déboisement après le reboisement. C’est vrai qu’il n’y avait pas de gros arbres. Mais il y avait tout de même une biodiversité faite de végétation et d’espèces animales digne d’une vraie zone marécageuse. Pendant plusieurs jours, des engins lourds ont été déployés sur le terrain pour le nettoyer. Il s’agit d’un domaine d’environ sept hectares appartenant à la Direction générale du Port autonome de Cotonou. Sans ménagement, il a été procédé à la destruction de cet écosystème avec la bénédiction des gardiens du temple vert (les forestiers). Ceci, au nom de la journée nationale de l’Arbre. Comme on pouvait s’y attendre, ce comportement n’a pas manqué de susciter des interrogations au niveau de certains observateurs. Pour beaucoup d’entre eux en effet, l’acte posé est vraiment bizarre dans la mesure où il y a encore dans le pays des endroits qui ont vraiment besoin d’être reboisés. « Ce qui a été fait ici est un véritable folklore. C’est du gâchis. Cela ne se justifie pas. Quelle est la logique qui veut qu’on déboise d’abord avant de reboiser ? » se sont interrogés beaucoup de personnes. A quelque chose, malheur est en tout cas bon puisque les bois déracinés du site qui a accueilli la 31è édition de cette ont permis à certains ménages de disposer de bois de chauffe et aux ouvriers ayant défriché le site de se faire quelques sous. Mais malheureusement, le prix à payer sera fort car il ne faudra pas moins de cinq ans pour rattraper le désastre écologique orchestré.
Affissou Anonrin
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