Supposé renvoi de conseillers spéciaux, techniques et chargés de missions : Boni Yayi se joue des Béninois

Publié le vendredi 29 mai 2015

Le Chef de l’Etat a-t-il effectivement mis fin aux fonctions de certains de ses collaborateurs ? La question préoccupe les Béninois. Pour ce que les uns et les autres ont vu ces derniers jours, la décision du 21 mai 2015 n’est apparemment pas encore entrée en vigueur.

La décision prise par le conseil des ministres du 21 mai 2015 a été un chou gras pour beaucoup de tabloïdes. Par cette décision le Chef de l’Etat, Dr Boni Yayi a mis fin aux fonctions de ses conseillers spéciaux, de ses conseillers techniques et de ses chargés de mission à l’exception des Conseillers Techniques du Conseil Présidentiel de l’Investissement, des Conseillers Techniques Juridiques du Président de la République près le Secrétariat Général du Gouvernement, des Conseillers Techniques de l’Agence Béninoise des Grands Travaux et des Conseillers à la Sécurité du Président de la République…Cette décision applaudie par beaucoup de Béninois se révèle aujourd’hui à l’épreuve des faits comme du vrai pipo.

Au Palais de la Marina, plusieurs collaborateurs du Chef de l’Etat visés par cette décision du conseil des ministres du 21 mai 2015 continuent de vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était. Certains d’entre eux ont même participé le mercredi 27 mai 2015 aux audiences accordées par le Président Boni Yayi à des personnalités en visite au Bénin. C’est le cas de Mme Mariam Aladji Boni Diallo, conseillère technique du Chef de l’Etat aux affaires diplomatiques. C’est aussi le cas de M. Dognon, Conseiller spécial du Président de la République chargé d’auditer les sociétés et offices d’Etat. Ce dernier est d’ailleurs allé faire au Président Boni Yayi de qui il a reçu d’autres instructions (celle d’auditer par exemple la mission confiée aux délégués du contrôle financier du ministère de l’économie et des finances en poste dans les différents ministères et autres structures déconcentrées de l’Etat), le point de la mission qui lui a été confiée relativement au recrutement d’un cabinet d’audit international pour vérifier les faits reprochés à la gestion du Ppae II financé à concurrence de quatre millions d’euros par les Pays-Bas. Aussi curieux que cela puisse paraître, certains de ces conseillers pourtant limogés continuent d’utiliser des attributs de l’Etat (véhicules immatriculés plaque bleue par exemple).

Cette situation amène naturellement certains compatriotes à se demander si le Chef de l’Etat est vraiment sincère en disant qu’il a mis fin aux fonctions de ceux-là même qui ont été des années durant ses laudateurs, ses courtisans mieux que des conseillers techniques au vrai sens du terme. Dans cette comédie apparemment mal pensée, tout se passe d’ailleurs comme si le Président Boni Yayi prend les Béninois pour des moutons. « Yayi n’a renvoyé personne. C’est plutôt ceux qu’il pense avoir renvoyé qui ont marre de lui, marre de ses frasques, marre de sa gouvernance. Autrement, ces derniers ne se comporteraient pas comme ils le font en ce moment en le narguant presque », estime un observateur.

« Si le Chef de l’Etat a vraiment mis fin aux fonctions de ses collaborateurs dont il parle, qu’il ait alors le courage de publier leurs noms pour que la société civile s’occupe d’eux en les obligeant à restituer les biens de l’Etat, notamment les véhicules de fonction qu’ils détiennent encore », propose un autre.

Cela ne doit pas en tout cas étonner. Le temps où ne doit pas douter de la parole du Chef de l’Etat n’a pas existé sous le régime du changement. Le Président Boni Yayi a été l’homme des rendez-vous manqués. Ce n’est pas en neuf mois qu’il pourra en tout cas se rattraper.

Affissou Anonrin


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