A dix mois de la fin de son second quinquennat : Yayi face aux dures réalités de fin de mandat
Le Chef de l’Etat est actuellement en train de faire la pénible expérience de fin de mandat. Plusieurs de ses adorateurs d’hier ne veulent plus aller jusqu’au bout avec lui. Calcul politique oblige.
C’est sans doute une erreur que Yayi a commise en choisissant plusieurs de ses ministres comme candidats aux dernières élections législatives. Heureusement ou malheureusement, ils sont sept sur treize à réussir à se faire élire députés. Pratiquement tous, selon nos sources, ont choisi de siéger au palais des gouverneurs plutôt que continuer à travailler aux côtés de Yayi dans son prochain gouvernement. Certains ministres, rapportent nos sources, auraient décidé de ne plus appartenir à la prochaine équipe gouvernementale par frustration. Ils auraient même déjà fait leurs cartons au ministère en attendant d’être officiellement renvoyés par le remaniement. D’autres ont analysé minitieusement et ont compris qu’être encore ministres signifie la perte du poste de député qui leur donne au moins quatre ans de vie politique. Lors d’une rencontre officielle avec Yayi, les ministres élus lui auraient déjà notifié leur choix. Il y en a très peu qui veulent rester. Ce qui n’était pas le cas en 2011. En effet, il y a quatre ans, seul le député Nicaise Kotchami Fagnon avait décidé de quitter son poste de ministre en charge des transports et l’a clairement signifié au Chef de l’Etat. Beaucoup d’autres ministres élus députés sont restés au gouvernement jusqu’à maintenant. D’autres ont quitté le palais des gouverneurs pour l’Exécutif. Mais depuis, les choses ont changé. Yayi est en fin de mandat. Il ne lui reste que dix mois et aucun de ses compagnons de lutte ne maitrisent ce qui pourrait arriver. Alors, autant s’assurer un poste actif dans l’arène politique nationale en tant que député. Les calculs politiciens ont donc commencé. Qui est con ?
Le peuple, les syndicalistes…aussi
A part certains ministres élus députés, certains Béninois ont aussi lâché leur président de la République. En 2006, Yayi, qui portait l’espoir de tout un peuple, a gagné le second tour des élections présidentielles à plus de 75% des suffrages des Béninois. Il a remporté toutes les élections intermédiaires (les législatives de 2007 et 2011 ; les communales, municipales et locales de 2008). Yayi a gagné par K.O la présidentielle de 2011. Ce qui ne s’est jamais passé au Bénin depuis le renouveau démocratique. Jusque-là, le Chef de l’Etat était intouchable. Sa popularité écrasait tous ses adversaires. Mais ses malheurs et le désamour des Béninois à son égard ont commencé avec l’affaire de tentative d’empoisonnement et d’assassinat mise sur le dos de l’homme d’affaires Patrice Talon et la volonté clairement affichée de réviser la Constitution du Bénin. A partir de ce moment, la majorité des Béninois a lâché le président. Cela s’est traduit dans les résultats des législatives du 26 avril 2015. Yayi finira par perdre le perchoir et le contrôle du bureau de l’Assemblée nationale au profit des forces réunies au sein de l’opposition. Pourtant, Yayi s’est jeté corps et âme dans la bataille pour que cette issue soit autre chose. C’est le dernier revers en date. Et le secrétaire général de la Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb) s’en réjoui. Pour Paul Essè Iko, l’élection de Me Adrien Houngbédji au perchoir est une victoire et il en est content. Yayi a été battu et il en est aussi content. Comment aussi oublier les déclarations d’un conseiller de Yayi et d’autres membres de la majorité présidentielle qui montrent clairement qu’ils sont désormais prêts à tourner la page de leur mentor. Il y a cinq ans, ils n’oseraient pas affronter le chef de file.
Jean-Marie Sèdolo
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