Transition politique : La COSTE sermonne ‘'ces OSC sans mœurs''
La Coalition pour le suivi de la transition et des élections (COSTE) a réuni ses membres pour scruter la situation nationale et poursuivre sa dynamique de préparation de suivi des élections par la société civile. A l'issue de la rencontre, les responsables de cette organisation de veille ont tenu un point de presse pour faire la synthèse de leurs travaux, sanctionnés par des actes ‘'forts''. C'était dans la soirée du samedi 28 mars 2015 à Ouagadougou. Pour Siaka Coulibaly et ses « camarades », il y a urgence à revoir certains aspects de la Transition pour ne pas tomber dans une autre crise.
La charité bien ordonnée commence par soi-même, dit-on. C'est par un regard sur les organisations de la société civile (OSC), que les animateurs de la conférence ont abordé les sujets inscrits à l'ordre du jour. Là, Siaka Coulibaly, premier responsable de la COSTE et ses « camarades » ont affiché le regret : « La situation de la société civile semble pire que sous l'ancien régime ». Soutenant que sous l'ancien régime, il existait ‘'au moins'' une certaine mœurs dans le fonctionnement des OSC, de sorte qu'il n'y avait pas d'attaques frontales entre celles dites proches du régime et les autres.
Pour les membres de la COSTE, des organisations, du fait de leur activisme, et sous couvert de soutenir la Transition, entrent en conflit avec les OSC qui contribuent à la transition par des critiques constructives. Elle dénonce ce qu'elle appelle la « politisation de la société » et la « reprise de mots d'ordre politiciens » par celles-ci, des invectives contre des acteurs de la société civile dans leur rôle d'interpellation.
M. Coulibaly déplore que des OSC qui ont pourtant participé à l'insurrection populaire s'érigent actuellement en censeurs moraux et politiques. C'est pourquoi, estime la COSTE, ces OSC sont en train d'aller dans une direction qui n'est pas celle qu'elles devraient occuper de façon classique. Comme un des faits illustratifs, les conférenciers soulèvent l'accueil qui a été réservé par ces organisations à Auguste Denise Barry, ministre de l'administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité lorsqu'il rentrait de sa tournée d'explication du report du vote des Burkinabè de l'Etranger. « Quel mérite ? ». et quelles sont les motivations d'une telle action de la part d'organisations dites de la société civile ? Pour les membres de la Coalition, il s'agit d'actions « hautement politiques ».
Sur la Commission de réconciliation nationale et des reformes, la COSTE affirme qu'elle a été handicapée par le Conseil constitutionnel, de sorte qu'elle ne peut plus atteindre les objectifs que vise sa création à savoir, répondre aux attentes du peuple dont la principale question de la justice. Les membres de la COSTE disent craindre que, si les choses restent en l'état, il n'y ait ni vérité ni justice sous cette Transition. C'est pourquoi, ils ont tenu à appeler les autorités de la Transition à s'inscrire dans le tempo de l'insurrection des 30 et 31 octobre dernier, c'est-à-dire écouter le message que le peuple a exprimé à travers cette date.
Pour la récente nomination au Conseil constitutionnel, la COSTE déclare soutenir la position de la Société burkinabè de droit constitutionnel sur les irrégularités qui entourent cet acte.
« Les éventuelles mesures discriminatoires pourraient conduire à des violences »
Sur la candidature militaire, la COSTE soutient la nécessité de respecter les droits et les règles constitutionnelles en matière de droits électoraux. Les éventuelles mesures discriminatoires, surtout en période de Transition, pourraient conduire à des violences, si des Burkinabè se sentent brimés dans leurs droits. La situation générale des militaires doit être, de leur avis, traitée par des textes dont l'étude est en cours. Toujours dans ce chapitre, les candidatures indépendantes doivent, selon la COSTE, être effectives et la Coalition attend qu'elles fassent l'objet d'une clarification pour les reformes du code électoral.
Sur la question relative à l'enrôlement, la COSTE revient sur ce qu'elle a appelé la « généralisation de la fraude » en saluant les efforts de ses membres qui ont permis de découvrir des enrôlements suspects avec, en sus, ‘'l'interpellation de personne en possession d'actes de naissance par un responsable de parti politique à Ouahigouya''. Ces actes présagent, regrette M. Coulibaly, que les partis politiques n'entendent pas observer le fair-play électoral.
Sur l'affaire Thomas Sankara, la COSTE a félicité l'autorité judiciaire pour la réouverture du dossier et a indiqué rester mobilisée pour suivre ce dossier avec grand intérêt.
Les états généraux de la justice « n'ont pas fait la preuve de leur nécessité »
Sur l'affaire OBOUF, la Coalition estime que l'application de la loi 015 n'est pas pertinente dans cette affaire et s'interprète comme un déni de justice vis-à-vis des consommateurs burkinabè. Elle propose que l'Etat fasse appel de la décision de justice à venir et requalifie l'acte d'empoisonnement massif. Elle propose également la relecture de la loi 015 afin de sanctionner plus durement les faits similaires à l'affaire OBOUF. Elle attire l'attention des autorités sur la sécurité alimentaire au Burkina.
Sur les états généraux de la justice, elle estime que les assises actuelles n'ont pas fait la preuve de leur nécessité parce que des propositions pertinentes antérieures ont existé et l'urgence actuelle est de faire application de certaines d'entre elles comme la suppression de la présidence du Conseil supérieur de la Magistrature occupée par le Président du Faso, en respect au principe de la séparation des pouvoirs.
« Inadmissible situation » de l'hôpital Sourou Sanou
Faisant le tour des régions, la COSTE énumère la situation sanitaire de l'hôpital Sourou Sanou qui doit être réglée rapidement par le gouvernement en vue d'une prise en charge convenable des usagers. Du fait de la rupture de l'oxygène, dit M. Coulibaly, l'hôpital enregistre sept à huit décès par semaine. Qualifiant la situation d'inadmissible.
« A Ouahigouya, les OSC ont procédé à la mise à l'écart de certains leaders d'OSC qui sont en même temps membres d'instance de parti politique », ont révélé les responsables de la COSTE. Toujours dans leur lancée du tour d'horizon des régions, les conférenciers ont relevé qu'à Fada N'Gourma, par suite de mésentente, les OSC ne sont plus présentes dans la délégation spéciale et la décision du gouverneur est toujours attendue pour clarifier la contribution des OSC sur les politiques publiques. « L'insécurité est devenue un fléau très répandue suite à la fermeture de plusieurs sites miniers traditionnels et nécessite une action forte de la part des pouvoirs publics », a ajouté Siaka Coulibaly.
Forte des points qui précèdent, la Coalition recommande aux autorités de la Transition d'engager des échanges en vue de proposer des solutions à la situation de la Commission de réconciliation ; de réviser la nomination au Conseil constitutionnel dans le respect des règles ; de créer une commission d'investigation sur la qualité des produits de grande consommation avec la participation des consommateurs et de la société civile et, enfin, la relecture de la loi 015 en vue d'un relèvement du niveau de sanction.
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net
Encadré :
1-Motion de condamnation
Considérant l'espoir suscité à la création de la CNRN conformément à la vision de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ;
Considérant la décision du conseil constitutionnel de vider les travaux de la CNRN de son caractère substantiel le 2 ème tiret de l'article 4 ;
Considérant que notre pays a connu beaucoup de crimes de sang et de crimes économiques avec le régime déchu ;
Considérant que la CNRN ne répond plus aux aspirations et aux attentes de la coalition de suivi de la transition et des élections(COSTE) ;
Nous, membres de la COSTE réuni à Ouaga le samedi 28 mars 2015 au à la commission de l'UNESCO,
Condamnons cette attitude du conseil constitutionnel.
Interpellons les autorités de la transition à prendre leurs responsabilités
Appelons le peuple Burkinabè à davantage veiller sur les missions de la Transition
2-Motion de félicitation
Considérant le retrait du 2ème tiret de l'article 4 dans la loi organique du CNRN, vide la commission de l'objectif « vérité, justice et réconciliation » ;
Considérant que l'argent du contribuable sera dilapidé par les travaux de cette commission ;
Considérant la démission des camarades Siaka COULIBALY et Ismael DIALLO ;
Nous, membres de la COSTE réunis à Ouaga le samedi 28 mars 2015 à la commission de l'UNESCO,
Saluons avec force l'acte honorable, digne et patriotique des camarades Siaka COULIBALY et Ismael DIALLO.
Ouaga le 28 mars 2015
La COSTE
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