Opinion – Mévente du sucre de la SOSUCO : Ce qu’il faut savoir

Publié le jeudi 30 avril 2015

Ceci est une opinion sur la situation à la SN SOSUCO, marquée récemment par la mévente du sucre de la société. 

Depuis quelques temps, il est question de la mévente du sucre de la SN-SOSUCO. Des citoyens appellent  sur des radios de la place pour s’en prendre aux importateurs du sucre. On comprend la réaction de certaines personnes mais cela  est dû à leur  ignorance et leur manque d’information sur le sujet.

La question qu’il faut se poser avant d’apprécier le problème est le suivant : pourquoi la SOSUCO n’arrive pas à écouler ses produits ?

En voici les raisons :

Primo, le sucre granulé de la SOSUCO coûte excessivement cher comparativement  au sucre importé.

Exemple : une tonne de sucre de la SOSUCO de Banfora à Ouagadougou fait 490 000 F CFA sans les frais de  transports.

Alors que dans le même temps le sucre venant du Brésil en passant par le port de Lomé, Abidjan ou Tamalé coûte 420 000F CFA la tonne, tous frais y compris. Faites le calcul et vous verrez que la différence est nette.

Secundo : certains consommateurs, notamment les vendeuses de yaourt, zom-koom ou dêguè ne veulent pas le sucre de la SOSUCO parce qu’il donne une couleur noirâtre à leur alimentation.

Que voulez-vous alors que les importateurs fassent dans ces conditions ? On veut bien consommer burkinabè mais encore faut-il que le produit made in Burkina soit abordable pour  l’importateur et soit de qualité pour tous les consommateurs. Malgré tout, les importateurs qui sont des patriotes soucieux de la bonne santé de l’économie du pays, sont allés à un dialogue avec la SOSUCO et le ministère du Commerce à l’issue duquel la décision suivante a été prise : chacun des neuf (9) importateurs de sucre identifiés doivent acheter  3 300 tonnes de sucre SOSUCO par an reparties comme suit : 1 000 tonnes à enlever en janvier  et les 2 300 tonnes pour les 11 mois restant.

Jusque-là, seul deux importateurs ont pu honorer cet engagement car cela  demande de grands moyens financiers.

Aujourd’hui sous prétexte que la SOSUCO est menacée de faillite et  que 3 000 employés risquent de perdre leur emploi,  on veut imposer des mesures aux commerçants dans un contexte de libéralisme économique.

Depuis que la SOSUCO est installée au Burkina en 1974, elle n’a pas encore renouvelé totalement ses équipements pour être plus performante dans la production. C’est toujours les mêmes installations qui sont en place. Pourquoi d’ailleurs la SOSUCO ne travaille pas à augmenter ses surfaces  culturales en vue d’une plus grande production ?

On pourrait également se poser la question de savoir quel est l’apport de la SOSUCO en termes d’investissements sociaux pour les Burkinabè. Combien d’hôpitaux ou de centres de santé ou encore d’écoles a-t-elle construit ? Pourtant les importateurs de sucre font partie de ceux-là qui ont construit ce pays à travers les constructions  d’immeubles, des soutiens multiples et multiformes aux communautés et l’apport au budget de l’Etat. Et ce qu’on n’oublie de dire, c’est que les importateurs de sucre ont plus d’employés que la SOSUCO qui aurait 3 000 salariés, un chiffre très en deçà de la réalité car on y a ajouté les saisonniers  et les travailleurs occasionnels.

L’autre vérité qu’on ne cache aux Burkinabè, c’est que la SOSUCO elle-même importe du sucre pour en faire un mélange avec son sucre local. C’est dire donc qu’on laisse une société importée un produit et vouloir l’imposer à ses concurrents, qui eux apportent une contribution inestimable aux recettes de l’Etat à travers les droits, des douanes  et autres taxes évalués à des milliards de francs CFA par an.

Il faut donc que l’Etat se désengage de cette affaire si la SOSUCO ne peut pas vendre à bon prix comme au Mali et au Bénin et laisser les importateurs acheter la quantité qu’ils veulent en fonction de leur porte-monnaie.

Ou alors, il appartient à la SOSUCO de transformer son sucre en poudre en morceaux pour pouvoir l’écouler.

On ne saurait favoriser un concurrent au détriment d’un autre. Arrêtons cette injustice faite aux importateurs et sauvons aussi des milliers d’emplois et de salariés autour des importateurs de sucre au Burkina.

André Sawadogo


NDLR : Le titre est de l’auteur


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