MESS : Remettre le LMD sur les rails
Les acteurs du monde universitaire se sont retrouvés à Koudougou dans la région du centre – ouest avec pour ambition de remettre le système licence-master – doctorat (LMD) sur les rails. L'atelier d'évaluation s'est tenu du 14 au 16 avril 2015. Il a été organisé par la Direction générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Après les constats et l'analyse de la situation, les participants ont fait des recommandations à l'endroit des différentes parties prenantes.
Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) est introduit dans la politique éducative du Burkina Faso depuis 2008. Cette reforme est conforme aux dispositions de la directive N°03/2007/CM/UEMOA du 4 juillet 2017. La note recommandait aux pays membres de l'institution sous-régionale d' « adopter le LMD comme cadre de référence des diplômes délivrés dans les universités et établissements d'enseignement supérieur implantés sur le territoire de l'Union ». Pour une meilleure mise en œuvre du système Il y a eu plusieurs rencontres : le Symposium national sur le LMD, de l'atelier de recadrage et d'harmonisation de la mise en œuvre du LMD en 2011, du Comité ad hoc de réflexion sur l'université du Burkina Faso et des Etats généraux de l'enseignement supérieur en 2013.
Pas moins de 14 milliards de francs ont été débloqués en 2013 soit pour réfectionner des cités universitaires ou des bureaux d'enseignants ; soit pour achever la construction d'amphithéâtres.
Tous les acteurs sont pour l'amélioration des conditions de mise en œuvre du LMD. Selon Gnoumou Kani Gaston de l'école supérieure des travaux publique de Ouadagadougou, le discours a évolué car aucun acteur ne rejette le LMD. Pour Vincent Yipo BADO de l'Union Générale des Etudiants du Burkina (UGEB), il faut suspendre le LMD, réunir les moyens avant de reprendre. L'Union Nationale des Etudiants du Faso (UNEF) et le Mouvement des Etudiants du Faso (MEFA) soutiennent la « correction » des insuffisances du LMD.
Des insuffisances et difficultés
Les insuffisances sont réelles. Le diagnostic a relevé : la non mise en œuvre des recommandations antérieures ; un accompagnement infrastructurel et logistique insuffisant (vidéoprojecteur, connexion internet etc.) ; l'absence d'un mécanisme de financement des infrastructures, des formations et de la technologie (bibliothèques numériques, logiciel, équipements informatiques, internet, etc.) ; l'absence d'harmonisation des programmes de certaines filières ; les conditions sociales difficiles des étudiants burkinabè ; la faiblesse des budgets alloués aux universités ; l'insuffisance de valorisation de la fonction d'enseignant et la responsabilité administrative ; l'absence de mesures d'accompagnement pédagogique, financier, administratif (équipes pédagogiques, tutorat, jurys de correction, organisation des délibérations…) ; l'absence d'une coordination de la mise en œuvre du LMD au niveau national.
De nombreuses difficultés sont ressorties de l'atelier. On peut retenir : le chevauchement des années dans certains établissements ; l'absence d'autonomie chez les étudiants ; la disparité des présentations des diplômes du LMD ; l'immixtion des étudiants dans la programmation des évaluations et des cours ; l'insuffisance de formation des enseignants à la pédagogie universitaire ; la non prise en compte par la fonction publique des diplômes du système LMD ;
Les associations d'étudiants ont ajouté comme difficultés sont : le faible taux de succès des étudiants aux examens de passage en année supérieure ; la dégradation de la qualité de la formation ; le retard académique ; le chevauchement et la non maitrise des curricula.
Le Thérapie
Pour remettre le LMD sur les rails, les participants recommandent au gouvernement : l'inscription de l'enseignement supérieure comme une priorité nationale ; la mise en place d'un comité national de suivi de la mise en œuvre du LMD ; la relecture des textes des universités publiques ; L'adaptation des emplois du public et du privé aux diplômes du LMD ; l'adoption d'un code d'éthique et de déontologie ; l'augmentation du nombre des infrastructures pédagogiques ; la revalorisation de la fonction d'enseignant ; L'augmentation conséquente des budgets des universités. L'arrêt de l'ingérence de la politique à l'université par l'imposition de la délivrance d'attestations intermédiaires qui est contraire aux textes du système LMD ; une véritable révolution numérique.
A l'endroit du MESS les participants en appellent à l'adoption de textes sur l'harmonisation de la pratique du système LMD dans les universités publiques ; La mise en place d'un système d'orientation et de conseil des étudiants au niveau national ; L'adoption de textes portant règlementation des interventions des enseignants-chercheurs dans les IES privées ; la prise en compte des exigences sociales et administratives du LMD par toutes les structures intervenant dans la gestion des étudiants.
Les Universités ont eu des recommandations à elles adressées.
Pour le Pr Filiga Michel Sawadogo, Ministre des Enseignements Secondaire et supérieur, le rapport de l'atelier fera l'objet d'une communication orale en conseil de ministre. « Les étudiants doivent accepter de faire des sacrifices en vue d'accélérer la résorption du retard. Les enseignants devraient œuvrer à commencer assez tôt les cours, à programmer les examens de manière ferme. Quant au gouvernement il jouera sa partition. En tout état de cause tous les acteurs du système doivent tendre vers des mesures d'adaptation pour respecter les délais et calendriers car il s'agit de sauver nos universités, la jeunesse et le pays tout entier », a conclu le Ministre Filiga Michel Sawadogo.
SCB
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