Déroulement du scrutin législatif du 26 avril 2015 : Le Cip-Uemoa salue la maturité politique du peuple béninois
La mission des parlementaires de l’Uemoa chargée d’observer les élections législatives du 26 avril 2015 organisées par le Bénin a animé une conférence de presse hier mardi 28 avril 2015 à l’hôtel Azalaï de Cotonou. Selon M. Jérémie A. N’Gouan, Chef de cette mission, « les insuffisances constatées sur le terrain ne sont pas de nature à entacher la sincérité du scrutin ». Aussi, estime-t-il que « le scrutin législatif du 26 avril 2015 reflète la volonté du peuple béninois ».
Arrivée à Cotonou le 15 avril 2015, la mission du Cip-Uemoa composée de 14 députés originaires de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée-Bissau, du Niger et du Sénégal s’est d’abord évertuée à faire un travail d’imprégnation, d’échanges et de connaissance de terrain. Elle a par la suite démarré ses activités par la collecte des documents, des entretiens avec des autorités (notamment celles impliquées dans le processus électoral), des responsables de partis politiques, la société civile…Ces échanges ont permis aux membres de la délégation de consolider leur connaissance du processus électoral au Bénin et de s’informer de son niveau de préparation.
La mission conduite par M. N’Gouan s’est déployée sur 09 départements (Atlantique, Littoral, Ouémé, Plateau, Mono, Couffo, Zou, Collines, Borgou), soit au total 18 circonscriptions électorales sur les 24 que compte le Bénin. Ce quadrillage du territoire national lui a permis de constater que d’une manière générale, le vote s’est déroulé pendant les 09 heures que prévoit la loi. Les retards observés dans certains bureaux de vote ne sont pas de nature à entraver l’opération de vote et leur incidence n’est pas aussi de nature à entacher les résultats du scrutin.
Pour ce qui est du déroulement du vote, la mission conduite par M. N’Gouan a constaté la disponibilité des documents et du matériel électoraux dans la plus part des centres de vote. Quelques cas isolés de problèmes liés à la disposition et à l’emplacement des isoloirs qui ne garantissent pas le secret du vote ont été relevés par les observateurs du Cip-Uemoa. Ces cas, a dit M. N’Gouan sont imputables au manque de formation des agents électoraux.
La mission du Cip-Uemoa a suivi avec intérêt le dépouillement des bulletins de vote. Elle a constaté que cette phase du scrutin s’est déroulée dans la plus grande transparence en présence des représentants des partis politiques, de la société civile et de simples citoyens.
Pour M. N’Gouan et les autres membres de la mission, « la connaissance des procédures électorales par les électeurs et leur sens aigu du devoir citoyen ont beaucoup contribué à rendre le scrutin serein et exemplaire.
C’est dire clairement que le peuple béninois a joué sa partition. La balle est désormais dans le camp des structures chargées de proclamer les résultats. Le souhait des uns et des autres est que ces structures livrent des résultats qui sont conformes aux choix opérés par les populations.
Affissou Anonrin
Les grandes recommandations de la mission de l’Union Africaine
Outre le Comité interparlementaire de l’Uemoa, l’Union Africaine a aussi dépêché une mission d’observation à Cotonou dans le cadre de l’organisation du scrutin législatif qui s’est déroulé le dimanche 26 avril 2015. La mission conduite par le Professeur Dioncounda Traoré, ancien Président par intérim du Mali est composée de 35 membres originaires de 21 pays africains. Elle s’est déployée sur l’ensemble des 12 départements du Bénin.
A partir des observations qui ont été faites sur le terrain avant, pendant et après le scrutin, la mission conduite par le Professeur Dioncounda Traoré s’est réjouit de ce que la tenue effective des élections législatives du 26 avril 2015 symbolise un acquis supplémentaire dans la consolidation de la pratique démocratique au Bénin. Cette consultation électorale, pense la mission de l’Union Africaine, marque un point important du processus électoral qui va se poursuivre avec les élections locales du 31 mai 2015 et les élections présidentielles de février 2016.
L’engagement des forces sociopolitiques béninoises a, selon les conclusions de la mission de l’UA, contribué à la création des conditions de calme et de liberté nécessaires à l’expression du choix démocratique de l’électorat.
Au regard des observations effectuées par la mission, le déroulement du scrutin s’est globalement passé dans des conditions de transparence malgré le constat avéré de dysfonctionnement dans l’organisation. Les défaillances relevées par la mission et qui sont surtout liées au retard accusé par l’ouverture des bureaux de vote dans 73% des postes de vote n’ont pas entamé la fiabilité du scrutin.
Pour la mission conduite par l’ancien Président du Mali, il est à noter que la Cena qui a fait face à plusieurs défis pour sa première expérience a néanmoins démontré une certaine aptitude dans la gestion globale du processus électoral.
Des recommandations
Les recommandations de la mission de l’Union Africaine ont été adressées au Gouvernement, à la Commission électorale nationale autonome, à la société civile, aux partis politiques et à la communauté internationale.
Au gouvernement, il est recommandé d’attribuer à la Cena toutes les opérations relatives au processus électoral pour une administration harmonieuse et efficiente. Il lui a été aussi recommandé de veiller à la sécurisation du processus en déployant des agents de sécurité en nombre suffisant.
A la Cena, l’UA a recommandé le renforcement des capacités du personnel électoral en vue d’améliorer les prochaines échéances électorales. Ceci passe, selon la mission de l’UA par la production de différents supports de formation pour les agents électoraux et les partis politiques en vue d’une appropriation des procédures. Des mesures doivent être prises, selon la mission de l’UA par Cena pour permettre l’identification des agents des postes de vote pour une bonne fluidité des opérations. Pour la mission l’UA, il est plus que nécessaire pour la Cena d’impliquer la société civile dans les activités de sensibilisation des électeurs et d’éducation citoyenne pour une diffusion plus large des informations relatives aux opérations électorales.
A la société civile, il a été tout simplement recommandé de s’impliquer davantage dans l’observation des élections et les activités de sensibilisation et d’éducation citoyenne.
La mission de l’UA a appelé les partis politiques à respecter les résultats des urnes et privilégier le recours aux moyens légaux en cas de contentieux. Il leur a été aussi recommandé de rehausser la représentativité des femmes candidates, de renforcer les capacités de leurs militants et de leurs délégués dans les bureaux de vote, d’instaurer un cadre de dialogue et de concertation pour une résolution consensuelle des différends et enfin de veiller à l’application des dispositions de la Charte des partis politiques en mettant notamment l’accent sur un code de bonne conduite pour éviter les abus et les dérapages qui ternissent l’intégrité de la campagne électorale.
Pour finir, la communauté internationale a été appelé à appuyer le processus électoral pour la consolidation de la démocratie au Bénin.
Affissou Anonrin
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