Grève des chauffeurs routiers : Une marche-meeting, et des pistes de solutions
Les chauffeurs routiers du Burkina observaient leur 2ème jour de grève ce mardi 31 mars 2015. Ce qui équivaut à une 2e journée de clavaire pour les ouagalais. Cette journée a été marquée par une marche-meeting des grévistes pour faire entendre leur cause, la remise du cahier de doléances, une rencontre d'échanges avec leur ministre de tutelle. Mais aussi, une conférence de presse dudit ministre pour faire le point des concertations. Des pistes de solutions ont été dégagées et les discussions devraient se poursuivre entre les différentes parties pour résoudre définitivement les points de revendications.
Dès 8h, la place de Révolution grouillait de monde. Essentiellement des chauffeurs routiers, mais aussi des responsables des centrales syndicales. Entre coups de sifflets, musique et vrombissement du moteur du groupe électrogène, il était difficile de s'entendre. Pendant ce temps, certains portaient des brassards rouges autour du bras, d'autres tenaient des autocollants, des banderoles, des pneus ou encore des volants de voiture hors d'usage. Lorsque résonne, entre temps, « mon pays, tout doit changer » de l'artiste musicien Sana Bob, la place de la Révolution se transforme en dancing en plein air.
A 9h, le cortège de marcheurs s'ébranle vers la direction générale des transports terrestres et maritimes. Là, ils ont pu remettre leur cahier de doléances à Daouda Traoré, le ministre des infrastructures, des transports et du désenclavement. « Le gouvernement va examiner les différents points et une réponse vous sera donnée », a-t-il promis.
Quatre points de revendications
Ce cahier de doléances contient quatre principaux points. Ils demandent : l'application de la convention collective (point le plus important), la réduction du coût du permis de la catégorie E et de la durée pour son obtention, l'opérationnalisation du poste de contrôle juxtaposé de Cinkansé, et l'arrêt des tracasseries routières.
« Dans les jours à venir, si rien n'est fait, nous allons aller en grève illimitée », menace Rabo Brahima, président de l'Union des Chauffeurs routiers du Burkina (UCRB). Mais, il espère qu'on n'en arrivera pas jusque-là. D'ailleurs, une autre rencontre est prévue avec les responsables du ministère des transports dès ce 3 avril. Cette rencontre est très attendue de part et d'autres.
En tous les cas, les chauffeurs routiers ont bénéficié de soutien de leurs partenaires, notamment les centrales syndicales qui menacent de rentrer dans la danse s'il n'y a pas une issue heureuse.
Du côté du gouvernement, on se dit très disponible pour le dialogue. Mais aussi pour trouver les solutions idoines, autant que faire se peut. D'ailleurs, d'autres rencontres avaient déjà eu lieu avant cette grève. Et des pistes de solutions déjà envisagées.
Le ministre des transports appelle au patriotisme et à la citoyenneté
Le ministre Daouda Traoré a animé un point de presse autour de 11h, pour faire le point des actions déjà entamées et en cours. Plus tôt dans la matinée (vers 7h), il avait rencontré les grévistes pour discuter. Là, il dit avoir demandé et obtenu l'ouverture de couloirs humanitaires pour permettre le ravitaillement de la SONABEL, de l'ONEA…
Déjà, lorsqu'il avait reçu le préavis de grève, il avait instruit ses collaborateurs de les rencontrer afin d'échanger avec eux. Ainsi, le 24 mars, le secrétaire général assisté des directeurs concernés, a rencontré l'UCRB pour examiner ensemble les préoccupations et tirer une conclusion.
Les quatre points ont été passés en revue et des pistes de solutions, dégagées de commun accord. Il avait été demandé par l'administration que l'arrêt de travail soit différé. Ce à quoi le syndicat n'a pas accédé. Il a donc été souhaité que l'UCRB observe son arrêt de travail de façon citoyenne de sorte à préserver un minimum de service pour l'approvisionnement du pays. Ce qui fut difficile à observer.
« C'est pourquoi, avant de recevoir leurs doléances, j'ai à nouveau échangé avec eux ce matin autour de 7 heures aux fins d'en appeler à leur sens patriotique et à leur esprit de responsabilité pour que leurs revendications légitimes ne finissent pas par créer des situations préjudiciables à la nation toute entière et, partant, à leur cause », rappelle Daouda Traoré.
Des propositions de solutions
Des propositions faites pour apporter des réponses aux préoccupations des chauffeurs, on en retiendra entre autres : exiger que l'employeur respecte la convention collective avant de lui donner la carte de CCVA ; remettre la carte professionnelle de transporteur routier à ceux qui appliquent la convention collective ; réduire le temps et le coût de formation pour le permis E en commençant directement par le programme de ladite catégorie et non rappeler celui de la catégorie C avant ; voir avec le ministère de la sécurité pour réduire les contrôles ; poursuivre la discussion avec l'UEMOA pour faciliter le transport et le transit sur le corridor Ouaga-Lomé.
La grève prend fin ce 31 mars à minuit. Mais, les discussions se poursuivront, a promis le ministre en charge des transports.
Moussa Diallo
Lefaso.net
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