Poème de Sayouba Traoré : le RSP

Publié le mardi 17 février 2015

Il arrive l'heure qui blesse


Toi mon ami, mon frère, mon autre moi émoi

Je souhaite avec toi ouvrir les vannes de nos âmes

A la mélancolie inguérissable de nos lointains frémissements

Je ne te demande pas de revoir les sourires édentés des cadavres

Je ne te supplie pas, notre honneur perdu ne le permet pas

Je ne te demande rien, toi, qui as oublié d'entendre le cri muet

Cette lente supplique du front barbouillé de suées intenses

Ce râle prolongé traînant à l'infini par un soir de lune

Le dos lardé de douleurs inavouées

La prunelle regardant droit au devant du devant

Parce que la dignité est un devoir

Il arrive ce moment aussi où la fièvre change de camp

Fortuitement, furtivement, sans crier gare

Ainsi gémit la profonde vérité, la ronde et impitoyable vérité

RSP ne veut pas dire respect du passant

RSP signifie forcer l'humble à respecter le sicaire

RSP, trois lettres qui attristent les parages de sinistres carnages

RSP, nudité contrainte qui agresse le sourire

Le bâillement définitif, tranchant traçant d'une oreille à l'autre

A ton tour tu vis une mauvaise expérience

Le genou paralysé par une peur insondable

Aujourd'hui arrive l'heure qui détrousse le faux vaillant

L'heure de l'heureuse vérité qui remet les choses à l'endroit

Défoliante vérité du séditieux aux mains nues

Accablante vérité qu'il va falloir entendre

Assourdissante vérité dans la gorge de la veuve

Neuve et triste vérité dans le regard terne de l'orphelin

Il est l'heure à laquelle il va falloir rendre compte

Et devant la détresse du nombre, le fusil ne peut rien.





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