Pèlerinage 2015 : Pour un Burkina Faso réconcilié, les catholiques ont prié a Yagma
Le pèlerinage annuel marial dans l'archidiocèse de Ouagadougou, a comme d'habitude drainé des foules immenses, à Yagma. Mais le moins que l'on puisse dire, est que les pèlerinages se suivent mais ne se ressemblent pas. La colline dédiée à la Madone par le pape saint Jean-Paul II il y a 25 ans, a accueilli ce dimanche 1er février 2015, une célébration marquée par le contexte de l'année de la vie consacrée en cours.
Le rendez-vous de Yagma qui au départ, était une démarche diocésaine, s'est transformée en un pèlerinage national, à cause de la présence au Burkina de Mgr Angelo BECCIU substitut de la secrétairerie d'Etat du saint siège. Venu en effet, en terre burkinabé pour l'inauguration de la nonciature apostolique qu'abrite la capitale burkinabé, l'émissaire du pape François, entouré des évêques du Burkina Niger, a assuré la présidence de cette célébration mariale, à laquelle prenaient part, Michel KAFANDO le président du Faso et quelques membres du gouvernement.
Après le rassemblement des foules venues de la capitale et des autres paroisses du diocèse, est intervenue la prière du chapelet qui, répondant au thème du pèlerinage « dans l'action de grâce en famille avec Marie, soyons artisans de réconciliation, de justice et de paix », a invoqué particulièrement l'intercession de la Reine du ciel, en faveur des familles face aux difficultés qu'elles traversent aujourd'hui. Puis la grande procession d'entrée par les évêques, les curés et responsables d'institution de la Conférence Episcopale Burkina Niger, s'est ébranlée de la sacristie vers le podium de la célébration, au rythme des chants en l'honneur de Marie. Ce cortège liturgique a conduit le président de l'eucharistie et ses confrères évêques, jusqu'au chœur, au pied duquel trône la statue de la Vierge Marie encadrée par les deux drapeaux du Burkina et du Vatican. L'universalité de l'église est célébrée. « Nous sommes venus ici déclare le cardinal Philippe OUEDRAOGO accueillant l'assemblée, pour confier à notre Mère la Vierge Marie, les intentions de la réconciliation, de la justice et de la paix pour le Burkina et le Niger, mais aussi aux intentions de toutes les familles dans leur réalité concrète en notre temps » avant d'inviter les fidèles à être spécialement généreux à la quête qui sera récoltée pour soutenir les frères chrétiens du Niger.
Mgr Angelo BECCIU a au cours de l'homélie, appelé les pèlerins « à convertir leurs cœurs, à se détourner de l'esprit mauvais et de tout ce qui les empêche de suivre les enseignements de l'évangile ». Selon lui, personne ne doit se croire exempté par cet appel à la conversion. Il est urgent dit-il méditant la parole de 4è dimanche du temps ordinaire, « de chercher et de trouver les démons qui nous habitent ». « Le pape dit-il, insiste souvent sur le thème de la fraternité, et malheureusement le démon de la division ne cesse de nous diviser ». Malgré l'entêtement de ce dernier cependant, rien n'est perdu pour ceux qui mettent leur espoir en Dieu. Dieu nous ayant adoptés en son fils, nous ne sommes plus esclaves de nos convoitises mais plutôt des fils de Dieu. Ceci doit changer le comportement des chrétiens au milieu des autres, appelés qu'ils sont à vivre véritablement cette fraternité qui fait que l'Eglise est véritablement une famille. Chacun doit s'engager pleinement pour la réalisation de ce projet. Mgr BEECIU appelle alors les chrétiens à « fuir la tristesse, pour qu'à l'intérieur de nos communautés rayonne la joie d'être frères et sœurs, les enfants d'un même Père ». « L'unité des enfants de Dieu doit être le ferment qui doit s étendre à toute la famille humaine pour que les jours de paix et de réconciliation se fassent vrais a-t-il déclaré ».
Faisant allusion au contexte socio politique burkinabé, l'émissaire du Pape s'est fait insistant pour que « les catholiques et tous les Burkinabè travaillent à être des artisans de justice, de réconciliation et de paix ». Demandant la protection de Marie pour le pays, il a invité les responsables des affaires publiques, « à ne pas avoir peur de montrer leur appartenance à Jésus, et à refuser toute pratique incompatible avec la célébration de leur foi ». Il a également demandé que la famille soit défendue et protégée dans ses valeurs. « Vous êtes le pays des hommes interne dit-t-il, travaillez à l'avènement d'une vraie justice, en développant l'esprit du bien commun et en bannissant l'égoïsme ». Mgr BECCIU en a aussi appelé à l'instauration d'un dialogue vrai et cordial avec les autres croyants, et à l'exercice de la charité avec les plus démunis. A la fin de la messe, la foule immense des orants de Yagma 2015, a adoré le Christ présent dans le très saint sacrement de l'eucharistie, qui comme a l'accoutumée, est passé dans les rangs, porté par un évêque. Une indulgence plénière a été accordée aux pèlerins qui le désiraient et qui ont fait la démarche requise.
Les pèlerins auront été unanimement attentifs au témoignage de Mgr Laurent LOMPO archevêque nommé de Niamey et de celui de Mgr Philippe BALLOT archevêque de Chambéry. Le premier a confirmé l'extrême violence qu'ont subie l'église catholique et les chrétiens au Niger, et a réaffirmé l'engagement des pasteurs et des laïcs à persévérer dans l'annonce de Jésus Christ. Quant au second, son propos pourra se résumer à l'appel pour une vraie fraternité entre les hommes, celle-là qui ne s'accomplit que dans le respect de la liberté des autres.
Abbé Joseph KINDA
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