Réponse à Wendyam Judicaël Aymar COMPAORE : Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude !

Publié le samedi 31 janvier 2015


Dans un article paru sur Lefaso.net, M. Judicaël Aymar COMPAORE, militant connu du CDP France qui n'en pipe toutefois pas mot, proclame sa burkinabité et dénonce ce qu'il appelle, une exclusion illégale de la diaspora des élections 2015 de sortie de crise. Dans les lignes qui suivent nous lui faisons observer que c'est son parti le CDP qui n'a rien fait pour opérationnaliser le vote des burkinabè de l'étranger et de ce fait, il est difficile de se prévaloir de sa propre turpitude.




1. Trop jeune mais déjà caisse de résonance


L'honnêteté aurait voulu que vous précisiez votre affiliation au CDP France et que c'est à ce titre que vous êtes devenu comme d'autres, délégué CSBE. Cela aurait permis aux lecteurs, en toute bonne foi, de savoir de quoi il en retourne vraiment, et de comprendre que vos vociférations sont orientées et téléguidés par des intérêts partisans, d'un parti en déconfiture qui, ayant perdu la bataille à l'intérieur, espère engager la reconquête depuis l'extérieur avec l'armada des nouveaux réfugiés en terre française. Visiblement la sérénité n'est plus de mise avec cette perspective du vote de la diaspora qui s'éloigne. Avec l'énergie du désespoir vous prêchez dans le désert du Kalahari puisque sur ce point le débat est clos : la diaspora ne votera pas en 2015 !


2- Savez-vous que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ?


Comme d'autres, vous nous baratinez avec l'exemple du Mali qui, même dans la crise a pu faire voter sa diaspora. Il vous plaira de noter que le droit de vote de la diaspora malienne a été reconnu et acté depuis 1991 et que ces derniers ont toujours voté sans discontinuer depuis 1992, ce qui signifie que le mécanisme du vote des maliens de l'étranger a été bien rodé. La mécanique ainsi que les structures étant là, rien n'empêchait que la diaspora malienne revota en 2013. Mais qu'en est-il du Burkina et qu'a fait le régime de la 4ème République depuis 1991 ? Il faut bien reconnaître que si les burkinabè de l'étranger n'ont pu voter jusque-là, c'est grâce à la turpitude de votre CDP. Vous êtes donc mal placé pour crier maintenant au loup.


Vous donnez l'impression que c'est subitement que la diaspora burkinabè a vu son droit de vote bafoué. Le régime des Compaoré (Blaise et François) aurait pu permettre à la diaspora de voter depuis 1991 ; il n'en a rien été. Ce droit a été bafoué par votre régime, et votre parti est comptable du fait qu'il aura fallu attendre 2009 pour voir ce droit de vote reconnu dans la loi électorale. Bien que acté depuis 2009 il ne vous a pas échappé qu'il y a eu la présidentielle 2010, puis les législatives de 2012 sans vote de la diaspora. J'imagine qu'à l'époque vous étiez aussi burkinabè, mais vous n'avez pas daigné broncher. Des démembrements même de la CENI ont été mis en place une première fois. A Paris cela s'est passé en septembre 2009 sous la supervision de Jean Yado TOE, alors chef de délégation accompagné de Mme Agnès Compaoré Sanou http://ift.tt/1tKJsOp . Mais il faut reconnaitre que le processus à l'époque a échappé au CDP et la CEIAm paraissait crédible, mais pour autant le vote n'a pas pu avoir lieu en 2010. Il fallut, en 2013, remettre en place une seconde fois de nouvelles CENI d'ambassades et de consulats. Vous avez caporalisé le processus, vous adjugeant bien souvent les postes dévolus à la société civile. C'est sans doute ce qui explique que vous tenez tant maintenant à l'opérationnalisation du vote des burkinabè de l'étranger. Ce que vous n'avez pu réaliser en temps de paix ou de pseudo-stabilité, comment voulez-vous qu'un gouvernement de transition le fasse pour une sortie de crise et en si peu de temps ? Et quand vous parlez d'illégalité de l'exclusion de la diaspora, tenez pour dit que la présente exclusion n'est pas plus grave que les précédentes orchestrées par le régime déchu dont vous êtes visiblement un des porte-paroles.


3. L'importance de l'enjeu commande que le premier vote de la diaspora soit un processus maîtrisé


Vous faites bien de dire que près d'un burkinabè sur 2 vit à l'étranger et que de ce fait, la diaspora burkinabè représente un corps électoral quasiment équivalent à l'interne. C'est bien ce qui oblige à ne pas agir dans la précipitation car cela n'autorise aucune erreur dans la conduite du processus quand on sait qu'il peut peser sur les résultats de l'élection. Au lieu de déblatérer dans le vide, je vous invite à voir le corps électoral et le poids de la diaspora dans les autres pays pour comprendre que les enjeux ne sont pas les mêmes. Selon des sources du Ministère malien de l'administration territoriale, lors des consultations électorales de 2007, les inscrits de la diaspora représentaient seulement 617 161 (dont 366 600 en Côte d'Ivoire), alors que le corps électoral interne lui faisait 6 267 363. Lors des élections de 2013, ils n'ont finalement été que 265 151 inscrits (dont 100 499 en Côte d'Ivoire), contre 6 564 545 pour les maliens de l'intérieur.


Ceci prouve déjà que les enjeux ne sont pas les mêmes puisque pour le Burkina, près de la moitié du corps électoral total serait de la diaspora et de ce chiffre, près de 80% de cette diaspora se trouve dans un pays où un des acteurs de cette crise, Blaise lui-même, se trouve réfugié, et dispose du réseau nécessaire pour y caporaliser les élections. Par ailleurs, seuls les grands partis et candidats disposent de ressources pour battre campagne à l'étranger. La preuve, peu de partis ont des représentations hors du pays. Le principe de l'égalité des candidats se trouverait ainsi rompu.


Vous avez déjà plongé ce pays dans la crise en défendant la modification de l'article 37. Vous ne devez pas douter que nous ne vous laisserons pas le plonger dans une nouvelle crise qui résulterait d'une contestation post-électorale du vote de la diaspora. Et en faisant ce choix, les autorités de la transition et les acteurs politiques ont bien compris que mieux vaut prévenir que guérir. Au regard de tout ce qui précède, je vous invite vivement à venir vous faire enrôler au pays et à y faire valoir votre droit de vote. Ceci sera la preuve que vous y accordez une grande importance.


@Sidpawalemda H. OUEDRAOGO






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