Transition politique au Burkina : Les premières inquiétudes de la diaspora burkinabè en France

Publié le mardi 9 décembre 2014


Un mois à peine après l'enthousiasme qui a entouré le changement intervenu au Burkina Faso, de récentes décisions des autorités de la transition inquiètent de par leur portée pour l'avenir du pays. C'est pourquoi, le Collectif de la diaspora de France a jugé utile d'attirer leur attention sur certains manquements qui pourraient remettre à plat le processus de reconstruction.




En ces moments de l'histoire du Burkina Faso il est convenant de s'incliner sur la mort enregistrée lors des récents événements. Le Collectif compatit à la douleur des familles éplorées et leur témoigne toute sa sympathie. Les circonstances ont accéléré l'actualité et placé le pays au-devant de la scène pour une longue période. C'est pourquoi, l'intérêt de cette déclaration tient au fait la marche emprunté par la Nation est suivie par des millions de personnes. Des illustrations récentes présagent la gestion des affaires par le nouveau régime est marquée par des insuffisances qui interpellent.


Le pouvoir de la rue a imposé une nouvelle donne au BF depuis le mois d'octobre 2014. C'est un fait que la force de la masse prend souvent le dessus sur celle des individus. Seulement, à vouloir légitimer constamment cette puissance populaire, le risque de briser l'harmonie existante est trop grand. Ces dernières semaines les volontés de changement de système de gouvernance se traduisent par des manifestations dites spontanées dans divers sphères de la vie nationale afin d'exiger des démissions à des personnalités sous le prétexte de leur longévité à leur poste, ou encore en raison de leur incompétence. Le désir de ne pas contrarier la masse qui leur a offert de façon inespérée le pouvoir sur un plateau, explique les décisions des autorités actuelles qui limogent donc à tout va.


Cette approche est dangereuse dans la mesure où cette pression de la rue mal canalisée, peut vite déboucher sur des règlements de comptes cachés sous le manteau du nécessaire changement. L'exemple des difficultés de la Tunisie après le départ de Ben Ali est assez illustratif à ce propos. De même, l'observation active et attentionnée de l'actualité récente du pays démontre que la plupart des mises à l'écart n'obéissent pas toujours à l'orthodoxie en la matière et semblent être faites avec trop de spontanéité. L'argument du sabotage évoqué pour expliquer le limogeage de l'ancien Directeur Général de la SONABEL paraît trop gros. Tout comme les supposés contacts que semblent avoir préservés l'ex DG de la SONABHY avec certains anciens dignitaires du régime passent mal. La mise à l'écart de ces personnalités et bien d'autres n'a pas pour autant résolu les délestages à travers le pays, encore moins atténué les difficultés des consommateurs à avoir du gaz butane en toute période de l'année. La dissolution des conseils municipaux montre déjà ses faiblesses avec les difficultés de paiement auxquelles pourraient être confrontées certaines collectivités.


Du nécessaire dédommagement des propriétaires des entreprises saccagées


Ce propos du Collectif de la Diaspora de France ne vise pas à remettre en cause les aspirations de changement du peuple, bien au contraire. Il s'agit pour cette organisation d'en appeler au respect de certains préalables afin d'éviter de plonger dans l'arbitraire. Le plus urgent, c'est d'instaurer les mécanismes en vue d'engager dans des délais raisonnables le processus vers une réconciliation véritable où tous les enfants du BF auront droit de citer. Il est peut être prématuré d'évoquer l'idée de leur retour au bercail pour la paix des cœurs, mais il est indéniable qu'une bonne paix ne saurait se construire sans tenir compte d'eux.


Le pays est à reconstruire parce que l'euphorie de l'insurrection a porté un coup à l'économie nationale, même si les discours difficiles prétendent encore le contraire. Les nombreuses entreprises pillées et saccagées, les milliers de personnes mises de fait au chômage sont des situations qui en appellent à éviter de se lancer dans une chasse aux sorcières. Le regard envieux de certains de nos concitoyens sur des réussites les amène à oublier trop vite souvent que des fortunes se sont construites au prix de mille efforts, pendant de longues années. Il ne faut donc pas utiliser une pelleteuse pour racler le fond d'une casserole en vue de la rendre propre. Le Collectif recommande donc de procéder avec méthode et d'envisager d'associer les propriétaires de grandes entreprises à toute action de dédommagement pour leur permettre de relancer la fragile économie du BF qui dépend des humeurs des partenaires étrangers.


Les libertés de mouvement accordées à certains ex dignitaires ces derniers jours cadrent parfaitement avec l'esprit de cette déclaration. Notre but n'est pas d'allumer une quelconque mèche, mais plutôt de ramener les choses à l'endroit. Cette contribution au débat, nous la reversons dans la dynamique des nombreuses autres initiatives entreprises ça et là pour cimenter la cohésion sociale du Burkina que beaucoup de pays pourraient nous envier.


Même pays, même patrie, même combat !





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