Transition politique au Burkina : l'urgence recommande la prudence !

Publié le mercredi 10 décembre 2014

La transition politique est enclenchée au Burkina avec la mise en place effective des structures y relatives. Un mois après l'insurrection populaire, c'est ensemble que, dressé comme un seul homme, les Burkinabè sont à la tâche, chacun à son niveau, et au prorata de ses pouvoirs, pour « re » mettre les choses sur les rails.




Petit-à-petit donc, l'ensemble des acteurs sont en train de réaliser ce qui relève, comme le disait un leader politique, de « l'exceptionnel ». Et ce pas important franchi est, sans fausse modestie, à leur honneur ! Mais, le gros lot du boulot reste à venir et revient, pense-t-on, aux organes de la transition, dotés de toutes les légitimités pour jeter les bases d'un nouveau départ, un « Burkina nouveau », « vêtu des valeurs que les Burkinabè souhaitent ». C'est sur ces hommes et femmes des organes de la transition (qui constituent, ensemble, la tête qui doit imprimer le rythme au wagon) que reposent les regards et espoirs du peuple burkinabè dans son mouvement. Une lourde mission ! Surtout lorsqu'elle est ‘'héritée'' d'une situation comme celle qu'a vécue le Burkina à travers les évènements des 30 et 31 octobre. D'où une certaine pression sur les membres du gouvernement, les membres du CNT (Conseil national de la transition), avec à la tête de tout ce dispositif, le Premier ministre et le Chef de l'Etat. Les voilà donc face à une réalité concrète : répondre, à la fois, aux aspirations des Burkinabè et réussir la transition. Mais, quelles sont ces aspirations auxquelles faut-il répondre ? C'est-là où il faut que les Burkinabè puissent s'accorder pour ne pas ramer à contre-courant, et surtout pour ne pas créer de poids supplémentaire nuisible pour ceux-là qu'ils ont choisis pour jeter les bases de ce « Burkina nouveau ». Il serait intéressant que chaque Burkinabè comprenne les missions, surtout principales, de la transition, pour ne pas être un obstacle à la bonne marche dessinée. La transition ne pourra pas, aussi volontiers soient ses membres, résoudre, hic et nunc, l'ensemble des problèmes dont souffrent les Burkinabè. C'est de la chimère et de la résignation face aux émotions que de le penser. Le Burkina Faso, tel que souhaité par les Burkinabè est une dynamique. Et, comprise comme telle, ce « Burkina-là » ne sera pas obtenu en quelques mois de travail. En clair, le « Pays des Hommes », ne s'obtiendra pas par le simple fait d'avoir « envoyé » d'autres Burkinabè au charbon. Oui, « envoyer au charbon » parce que chaque membre du gouvernement, chaque membre du CNT, le Premier ministre et le Président du Faso savent, chacun, qu'il joue gros et pour l'histoire. Chacun sait aussi, à chaque acte à poser, qu'il est porteur des aspirations profondes des 17 millions de Burkinabè. Le poids est donc déjà lourd pour eux, dira-t-on tout simplement. Il faut donc que chacun contribue « fortement » à les aider à supporter !


« Ma » part de responsabilité dans cette marche vers le « Burkina nouveau » !


La principale mission de la transition à ne pas perdre de vue, c'est surtout la réussite d'une élection transparente, juste, acceptable et acceptée par l'ensemble des acteurs. C'est une obligation pour chaque Burkinabè de travailler à la réussite de ce virage, que des « avertis » qualifient de « tournant de tous les dangers ». Car, si on est d'accord qu'« un bulletin de vote est plus fort qu'une balle de fusil », on admettra, par ricochet, qu'une élection mal organisée « équivaut à des lendemains difficiles ». Donc, ce virage-là n'est pas à négocier avec légèreté. Tout le reste, ça peut venir après et progressivement. Pourvu qu'on montre la voie à suivre à ceux qui vont succéder à la tête de la nation à l'issue de la transition. Ce ne sera donc pas possible que tous les problèmes trouvent ici et maintenant, le dénouement souhaité par les uns et les autres. L'enjeu qui pousse à vouloir aller rapidement recommande aussi la prudence et la patience des étapes à chaque Burkinabè. En d'autres termes, l'urgence de voir résoudre toutes ces préoccupations exige en même temps qu'on aille « lentement et surement ». Sinon, le remède qu'on recherche peut se révéler être pire que le mal qu'on a voulu soigner. Chacun est un acteur dans cette marche commune et doit, de ce fait, contribuer à insuffler la dynamique d'ensemble, en pensant à la portée de ses actes à court, moyen et long termes. Mais, nous ne doutons pas, un seul instant, que les Burkinabè sauront relever le défi. Comme ils ont su, « admirablement », le faire, jusque-là !


Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net





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