L'heure de l'auto-destruction a-t-elle sonné ?

Publié le lundi 1 décembre 2014


On l'a découvert tout récemment, cet opineur à la plume fine prénommé Robert B. Nikièma, dans ses flingues habiles et successifs dans les journaux contre Simon Compaoré et Salif Diallo, dans une diatribe et un style étrangement semblables à ceux précédemment empruntés par les plumiers que le CDP avait commis, dans la période d'avant insurrection, pour casser du MPP.




La surprise pour les lecteurs avisés de la presse, c'est que Monsieur Robert B. Nikièma n'a été découvert qu'à travers ses récentes publications et à un moment où c'en est bien fini du régime dictatorial de Blaise Compaoré. Maintenant que d'autres ont pris les gros risques de s'exposer à travers leurs plumes pour mettre fin à l'imposture, voilà que ce monsieur se découvre soudain dans une plume acerbe, non pas contre les imposteurs qui ont voulu mettre la démocratie à sac, mais plutôt contre des combattants dont la contribution a été incontestable dans le dénouement de la situation.


Il est en effet de notoriété publique, et de l'évidence même, que sans le courage qui a animé les ténors actuels du MPP, leur ténacité, leur combativité et leur éloquence, l'imposture aurait encore eu de longs jours devant elle. Affirmer cela n'a rien d'offensant à l'ancienne opposition qui déjà était sur le terrain de la contestation. Chapeau à elle, mais la réalité est là et elle est celle prédite par Norbert Zongo lui-même il y a plus de 15 ans, l'opposition décisive contre le système Compaoré devait venir de l'intérieur. Avant lui, les dialecticiens n'avaient-ils pas enseigné la primauté des facteurs internes sur celles externes dans les dénouements sociaux ?


Ceci étant, comment comprendre cette diarrhée verbale de Monsieur Robert Nikièma contre le MPP, partie prenante à la victoire du 30 octobre ? De deux choses l'une :


 soit ce monsieur est sous pseudonyme d'un revanchard CDP, lequel CDP avait classé le MPP en catégorie 1 de ses ennemis. On se rappelle en effet qu'il était officiellement dit dans les instances de ce parti que si tous les autres opposants au CDP étaient des adversaires, le MPP, lui, était plutôt un ennemi irréductible. Cette attitude du CDP était conforme à celle de son maître Blaise Compaoré dont il est évident qu'il avait perdu toute sa sérénité depuis la démission des MPPistes du CDP. D'ailleurs, il a encore confirmé cette tendance après sa chute, puisqu'il continue d'accuser les ténors du MPP d'avoir organisé un complot, de concert avec l'armée, pour le renverser, lui grand militaire et grand stratège.


 soit, à contrario, Monsieur Robert Nikièma est un néo-détracteur du MPP se recrutant dans une catégorie d'opposants au régime Compaoré jouant déjà dans une adversité atroce et prématurée contre le MPP considéré à tort ou à raison comme le favori des prochaines élections. Dans cette catégorie, certains se laissent aller à leurs frustrations certes parfois compréhensibles, estimant qu'un dernier venu ne saurait s'accaparer les premières loges de la victoire.


Et pourtant, et pourtant, c'est méconnaître que l'histoire n'est jamais si linéaire qu'on le croit. Quel que soit le mérite que l'on pourrait reconnaitre à un opposant historique, il faut reconnaitre que cela n'est ni un passe-droit, ni une panacée pour être le successeur valable d'un régime déchu. Notre environnement immédiat regorge d'opposants historiques s'étant mal illustrés une fois au pouvoir s'il n'ont fait pire que leur prédécesseurs. Laurent Gbagbo, opposant impliable sur plusieurs décennies au régime d'Houphouêt Boigny en Côte d'Ivoire, plongea son pays dans le désastre une fois au pouvoir. Abdoulaye Wade au Sénégal, opposant irréductible au parti socialiste au pouvoir, suscita tous les espoirs mais ne put guère mieux faire que ceux dont il était le détracteur patenté. Pire, son obsession finale fut de transformer son pays en une monarchie à la tête de laquelle trônera son fils Karim, ministre du ciel et de la terre, l'a rangé dans la classe des politiciens piteux de l'Afrique. Gageons et souhaitons vivement que les opposants historiques burkinabè ne s'inscriront pas dans cette logique mortelle !


Sinon, sinon, que reproche finalement Monsieur Robert B. Nikièma à Salif Diallo et à Simon Compaoré ? Que l'un se serait permis de décompter 17 martyrs militants MPP sur les 24 tombés lors de l'insurrection. Mais, depuis quand n'a-t-on plus le droit de compter des membres de sa famille décédés ? Un parti politique digne de ce nom est nécessairement une famille, au sein de laquelle il y a des rapports humains, des rapports de camaraderie assortis de l'obligation de solidarité et d'assistance mutuelle. Dans ce sens, quel péché y a-t-il à rendre hommage en interne à des camarades tombés lors d'une bataille aussi noble ? Et en quoi cela est-il méprisant pour les autres personnes tombées ? Salif Diallo a fait cette précision dans un contexte précis où il a d'abord longuement magnifié la lutte héroïque du Peuple burkinabè tout entier, et après qu'une minute de silence ait préalablement été demandée en mémoire de toutes les victimes de l'insurrection. Etiez-vous au courant de tout cela Monsieur Nikièma ? Avez-vous écouté ou lu l'entièreté de l'intervention de Monsieur Salif Diallo ? En tous cas je n'ai aperçu nulle part qu'il proposait une cérémonie d'hommage séparée pour les victimes MPP qui aurait confirmé son sectarisme.


Un autre aspect des choses sur lequel mr Nikièma aurait pu insister est la question de la sincérité des chiffres avancés. S'il y a un doute, il est plus simple d'exiger du MPP la preuve de ce qu'il avance ou encore d'en apporter tout simplement la preuve contraire. Le débat aurait eu le mérite d'être plus sain, plus vertueux et moins politicien. Au lieu de cela, et en faisant ainsi dans l'interprétation volontairement malveillante des faits, mr Nikièma laisse percevoir sa maladroite intention de vouloir acculer le MPP face à l'opinion publique, s'inscrivant ainsi dans la même veine que les thuriféraires de l'intérieur comme de l'extérieur payés à grands frais par Blaise et François Compaoré contre ce parti.


Puis après, mr Nikièma se lance dans toutes sortes d'allégations et accusations pour lesquelles il n'apporte aucune preuve. Personne ne peut prétendre avoir participé à une gestion du pouvoir sur plusieurs années sans commettre d'erreurs. Une telle personne n'est pas encore née et c'est bien la raison pour laquelle les dirigeants du MPP ayant participé au régime précédent ont, en toute humilité, reconnu certaines erreurs dès les premières minutes de leur sortie du système, cela par l'entremise du président du parti lui-même. Cependant la plupart des faits que vous reprochez, à Messieurs Salif et Simon sont sans preuves. Mr Nikièma, vous ressassez dans votre folie verbale qui cache mal votre intention de nuisance des choses du passé sur lesquelles il y a déjà eu soit des investigations qui n'ont pas confirmé les faits, soit des explications publiques des concernés. Que vous n'en soyez pas convaincu est votre droit le plus absolu, mais dans ce cas, vous êtes tenus à l'obligation de preuve pour être crédible.


Une chose me tient à cœur pour terminer : inviter les artisans de la victoire des 30 et 31 octobre à s'éloigner de la tentation à l'autodestruction. L'histoire montre hélas de nombreux cas où les révolutionnaires une fois la victoire assurée n'ont plus rien d'autre à faire que de se manger, faisant ainsi le lit à un retour, peut être lent et progressif mais assurée dans tous les cas, des perdants d'hier. Ainsi est-il écrit « la révolution mange toujours ses propres enfants » !


Si, n'ayant pas compris cela, MPP, UPC, UNIR/PS, FASO AUTREMENT, FASO METBA, CIBALS, Mouvements de résistants et autres sociétés civiles se livraient dès maintenant une bataille fratricide de positionnement sur fond de dénigrement et de complots perfides, en méconnaissant l'ampleur de leurs responsabilités pour atteindre une réelle et irréprochable démocratie dans ce pays dans les dix (10) années à venir, ils auraient alors tort d'impulser une révolution qui n'avait été autre qu'une vaste supercherie bâtie sur l'hypocrisie, le mensonge et cette bassesse principielle du « ôtes toi que je m'y mette ». A bon entendeur salut !


Vincent de Paul Sawadogo

Tél. 65 79 69 69





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