Insurrection populaire : Derra Issaka, le dernier martyr, conduit à sa dernière demeure
Le dernier martyr de la révolution d'octobre 2014 dont le corps n'avait pas été identifié, a été inhumé dans la matinée de ce 05 décembre 2014. Derra Issaka, puisque c'est de lui qu'il s'agit repose désormais au cimetière municipal de Gounghin aux côtés des six autres martyrs enterrés le 02 décembre dernier.
La levée du corps a eu lieu à 7h à la clinique El Fateh Suka en présence des Ministres Auguste-Denise Barry, Ministre l'Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, de Prosper Guiguemdé, Ministre de la santé et d'autres personnalités de la scène politique. Après la prière dite par l'imam, le cortège funèbre a pris la direction du Cimetière de Gounghin. Une demi-heure plus tard, le plus jeune et le dernier martyr de l'insurrection populaire est inhumé après avoir reçu les honneurs militaires sous le regard attristé de quelques centaines de personnes.
Né le 11 décembre 1999, Derra Issaka, élève en classe de CM2 à l'école apostolique de Gounghin, n'aura jamais la chance de fêter son 15e anniversaire au moment où le pays pour qui il est tombé fêtera le 54e anniversaire de son indépendance. Décédé le 30 octobre 2014, son corps ne sera identifié à la clinique Suka par ses parents que le jour de l'inhumation des 6 autres martyrs le mardi 02 décembre. Et selon les membres de sa famille qui avaient entrepris des recherches depuis les manifestations dans les hôpitaux et les différents lieux fréquentés par l'enfant, l'identification du corps n'a eu lieu que lorsqu'ils ont appris que la clinique Suka avait en son sein un mort qui avait le pouce coupé. Ayant exprimé leur gratitude aux autorités venues les soutenir, les parents de la victime se consolent en ces termes : « il est parti mais il n'est pas mort car c'est pour son pays qu'il a versé son sang ».
Pour le ministre de l'Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, les martyrs laissent un lourd héritage à leurs compatriotes. « Nous avons un lourd héritage que nous lèguent tous ces martyrs et nous devons, à chaque fois que nous prononçons un mot, posons un acte, trouver en ces derniers événements un référentiel. Toute la question est de savoir, si nous serons à même de porter cet héritage avec dignité comme eux ils ont su avec dignité donner leur vie pour notre pays ? », dixit le Ministre Auguste-Denise Barry qui a par ailleurs, au nom du gouvernement, salué la mémoire du jeune martyr et le courage de sa famille.
A la suite de cette série d'inhumations, le mot qui sert de leitmotiv dans les débats est celui de la justice et Boukaré Conombo, président du Mouvement brassard noir comme tous les autres mouvements veut savoir « qui a donné l'ordre de tirer sur les camarades, qui n'ont fait que demander plus de démocratie ».
BASSOLE Herman Frédéric (Stagiaire)
Lefaso.net
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