Lionel Zinsou fait son numéro
Le dernier Premier Ministre de Boni Yayi a fait le numéro. C’était hier à la télévision nationale. Un entretien improvisé sur un thème pas du tout d’actualité : » Paix et unité : la plus-value en période électorale « . Une dissertation bien réussie. Il ne peut en être autrement. Parler de paix et d’unité nationale dans un pays de compromis et de compromission n’est pas un exercice compliqué. Tout Béninois peut le faire. Mais, il s’agit d’un paravent. Le fond du sujet est ailleurs. Le Premier Ministre a tenté de se convaincre (lui-seul) qu’il a une connaissance nationale du pays (1) et qu’il peut être le prochain Président de la République par la lanterne solaire aux plus pauvres (2)
- Une connaissance nationale livresque du pays
La dissertation sur la paix n’a pas été ennuyeuse. Elle aura eu le mérite de savoir que le Béninois Lionel Zinsou dont nous avons la moitié de l’âge (!!!) connaît mieux le Bénin que nous qui y sommes depuis quarante ans, nés ici, de père et de mère béninois, eux aussi issus de père et de mère béninois. La paix est ancrée dans notre culture. Merci pour le Premier Ministre de nous le rappeler. M. Lionel Zinsou a tenté avec un peu de succès de nous montrer ses origines qui prennent tant de sources de Bopa, Koutago, Ouidah, Nikki, où il joue avec des vautours. Bon ben, Félicitations pour le nouveau Béninois. Il connaît le Bénin qu’il a quitté enfant. Là n’est pas le problème. On ne connaît pas assez un pays dont la sociologie subit des effets du fait des migrations et des phénomènes politiques institutionnels. C’est un exercice trop facile. Avec un petit précis d’histoire sur le Dahomey devenu Bénin, tout écolier éveillé de la Maternelle 2 peut réussir cet exercice. Il veut et a du mal à cacher son ambition d’être Président de la République.
- La lampe solaire de la marina
Le Premier Ministre voudrait lancer le Programme » Lampe solaire avec clé usb » dans les villages et campagnes. C’est une idée géniale. La proposition souffre de trois infirmités. La première, elle n’est sous-tendue par aucune étude sociologique. La deuxième infirmité est que la clé Usb n’est pas ce que les populations de Koutago veulent. Encore moins celles de Azowlissè ou de Sokponta. Enfin, le bénéfice de l’argent du microcrédit des populations n’est pas suffisant pour cette innovation technologique. En conclusion, la proposition du Premier Ministre gagnerait à être mieux étudiée. Loin de la coupe aux lèvres, il faudra pour le Premier Ministre de travailler contre la montre (3 mois) pour être l’homme de consensus qu’il tente vainement de projeter dans l’opinion publique. Il aura eu cependant le mérite d’afficher clairement sa position par rapport à la Cour Constitutionnelle. Quelques mots » assassins » au sujet de la question de l’article 44 de la constitution qu’il a suscitée a permis de mieux le situer.
Herbert-Tauyé HOUNGNIBO
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