Entretien avec Moukaram Badarou, Préfet des départements de l’Ouémé et du Plateau : « Mon engagement pour le développement de la région Ouémé-Plateau est entier »
Du 27 au 28 août dernier, l’Espace Obuntu de Porto-Novo a accueilli le 1er Forum économique des départements de l’Ouémé et du Plateau. Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, le Préfet Moukaram Badarou, qui a pris l’initiative de ce rendez-vous d’échanges et de réflexion fait le point des grandes avancées enregistrées.
Vous avez pris l’initiative d’organiser le 1er Forum économique des départements de l’Ouémé et du Plateau. Peut-on savoir les raisons qui vous ont poussé à vous engager dans cette aventure ?
Les raisons qui m’ont poussé à m’engager dans cette aventure sont nombreuses. D’entrée, il s’agit du souci permanent que j’ai de voir les deux départements dont j’ai la charge amorcer leur réel développement au regard des atouts dont disposent les communes qui les composent. Les départements de l’Ouémé et du Plateau partagent une bonne partie de leurs frontières avec le géant de l’Est qu’est le Nigeria. C’est une source de richesses énormes dont nous ne profitons pas encore assez. Il n’y aucun importateur au Bénin qui importe des marchandises du Nigeria sans passer par les villes des deux départements. Pour moi, c’est un véritable gâchis auquel il faut rapidement remédier. Aussi, je voudrais rappeler que nous avons dans le passé un certain nombre de marchés dans lesquels les échanges commerciaux avec le Nigéria engendrent des flux importants de capitaux. Aujourd’hui, ces marchés (Ifangni, Adjarra, Azowlissè, Porto-Novo, BB, Igolo…) ont tout simplement disparu. Pourquoi ? Le Forum a été initié donc pour trouver une réponse à cette question et à plusieurs autres préoccupations importantes, puis trouver des voies et moyens pour réveiller ces différents marchés et mettre en valeur les différentes potentialités dont regorgent les deux départements. La région Ouémé-Plateau est riche aussi de sa diaspora. Beaucoup d’enfants de la région sont un peu partout dans le monde. C’est un atout que nous voulons capitaliser en les invitant à venir investir dans leurs localités. Nous sommes convaincus que si nous y arrivons à les faire venir, nous allons booster d’une manière ou d’une autre l’économie et le développement des deux départements. Voilà essentiellement pourquoi nous avons initié ce Forum.
Le défi de l’organisation de ce 1er Forum économique des départements de l’Ouémé et du Plateau a été relevé lorsqu’on regarde la qualité des participants, l’engouement suscité par les différentes thématiques abordées et les recommandations formulées. Est-ce qu’on peut déjà avoir une idée sur ces recommandations ?
Nous avons voulu que ce Forum soit un rendez-vous des opérateurs économiques, c’est-à-dire les acteurs du secteur privé, les créateurs de richesse. C’est le lieu de remercier ceux d’entre eux qui sont venus et qui ont participé de bout en bout aux travaux. Pour en venir à votre question, le 1er Forum économique des départements de l’Ouémé et du Plateau a formulé plusieurs recommandations. L’une d’entre elles a été formulée à l’endroit du gouvernement et a rapport à l’état des infrastructures routières. C’est un problème qui préoccupe beaucoup les opérateurs économiques qui posent souvent le problème d’accès à la ville de Porto-Novo et aux autres localités. Les participants à ce Forum ont souhaité que la route Sèmè-Porto-Novo-Sakété-Frontière Ilara soit construite ainsi que la route Kétou-Savè. Une résolution a été aussi formulée à l’endroit des 14 maires des deux départements parce que des plaintes nous parviennent pour dénoncer le comportement de certains agents des collectivités locales qui ne réservent pas souvent l’accueil qu’il faut aux investisseurs. L’administration locale ne tourne pas à plein régime et cela constitue un handicap pour l’opérateur économique qui a besoin d’un document important pour constituer un dossier par lequel il veut postuler pour avis d’appel d’offre par exemple. Une autre recommandation a été formulée à l’endroit des structures faîtières des opérateurs économiques (Ccib, Patronat). Ici, un point d’honneur a été mis sur la nécessité de capitaliser les atouts dont dispose la région économique Ouémé-Plateau. Le 1er Forum économique des départements de l’Ouémé-Plateau a aussi formulé une recommandation à l’endroit des membres de la conférence administrative des deux départements.
Quel est le dispositif mis en place pour que ces résolutions et recommandations ne soient pas oubliées dans les tiroirs ?
Je veux déjà rassurer les uns et les autres que ce Forum ne sera pas un Forum de trop. Après le Forum, un comité de suivi sera mis en place. Ce comité prendra la forme d’un véritable organe de gestion doté d’un certain nombre de prérogatives. Les opérateurs économiques détermineront le nom qu’on donnera à ce comité. Et comme l’a souligné le vice-premier ministre que je remercie au passage, nous ferons en sorte que ces résolutions soient mises à la disposition du gouvernement pour exploitation. Je veux rassurer l’ensemble des Béninois, l’ensemble des participants et des populations des deux départements que ce Forum sera une addition utile à toutes les réflexions qui ont cours au niveau de la région Ouémé-Plateau.
A vous entendre, on a la conviction que vous rêvez grand pour les départements de l’Ouémé-Plateau. Lorsqu’un investisseur décide de poser ses valises dans l’une des 14 communes de ces deux départements, quel est le secteur dans lequel il peut déjà investir ?
Les opérateurs économiques ne sont pas des philanthropes. Ils ont le flair. Au niveau de la région Ouémé-Plateau, tout est à faire. Au plan agricole, nous avons par exemple la vallée de l’Ouémé qui regorge de beaucoup de potentialités qui ne restent qu’à mettre en valeur. Au niveau des échanges commerciaux, nous avons plein de choses à faire avec le Nigeria. Notre grand souhait est que les opérateurs économiques établis à Cotonou et qui sont en partenariat d’affaires avec leurs homologues du Nigeria puissent délocaliser une partie de leurs activités ici. Dans les domaines du textile, de la transformation des fruits et produits tropicaux, il y a des potentialités énormes à exploiter. Il y a plusieurs domaines d’activités dans lesquels les opérateurs économiques peuvent investir sans risque dans les deux départements. Des gens comme Cajaf Comon, Cdpa, Nocibé se sont déjà installés et leurs affaires prospèrent. Nous tendons la main à ceux qui veulent venir et nous leur disons que les portes des départements de l’Ouémé et du Plateau leurs sont grandement ouvertes.
Votre Forum a-t-il pris en compte l’épineuse question de l’accès au foncier ?
L’accès au foncier a été l’une des préoccupations les plus importantes du Forum puisque sans la terre sécurisée, il n’y a pas d’investissement et par conséquent de développement. C’est pourquoi nous avons impliqué sérieusement le Conseil présidentiel d’investissement que pilotent Nasser Yayi et Aurel Houngbédji et l’Institut géographique national pour que la question du foncier soit véritablement débattue. Très souvent, lorsque les investisseurs arrivent, l’un des problèmes auxquels ils sont confrontés est l’accès au foncier. C’est en cela que nous avons associé à nos réflexions les mairies, l’Ign, le ministère de l’urbanisme, le Cpi pour que des solutions idoines et durables soient trouvées à ce problème. De toutes les façons, nous avons donné des instructions fermes pour que toutes les fois qu’un opérateur économique qui veut investir dans l’une des 14 communes des départements de l’Ouémé et du Plateau rencontre ce genre de problème, qu’il nous le fasse savoir et la solution lui sera rapidement trouvée. Pour nous, ce sont les investisseurs qui constituent les vecteurs réels du développement. Et ce vecteur, nous voulons bien le tenir pour avancer.
Votre mot de fin !
C’est d’abord vous remercier, vous de la presse qui accompagnez tout ce que nous faisons. Merci aussi à tous ceux qui ont consacré un peu de leur temps au succès de ce 1er Forum économique des départements de l’Ouémé-Plateau. Mon engagement reste entier pour l’essor économique de la région Ouémé-Plateau à laquelle je suis fortement attaché.
Entretien réalisé par Affissou Anonrin
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