Mine de Tambao : Les raisons de la colère des populations

Publié le mercredi 18 février 2015


Après le saccage ce mardi 17 février 2015 des installations de la mine de Manganèse de Tambao par les populations de Markoye, le périmètre de la mine est à présent sous le contrôle des forces de l'ordre qui ont été dépêchées sur place pour assurer la sécurité. Ainsi, les populations locales ont obtenu de force ou de facto ce qu'elles exigeaient il y a quelques jours, à savoir l'arrêt pur et simple de l'exploitation du manganèse.




Le calme est revenu dans la commune de Markoye où les populations ont saccagé ce mardi les installations de la compagnie Pan African Minerals qui assurait l'exploitation de la mine de Manganèse de Tambao. « Il n'y a plus de manifestations. Dès hier soir les jeunes avaient dégagé les barrières qu'ils avaient dressées. Présentement, les forces de l'ordre sont sur les lieux pour assurer la sécurité », témoigne un habitant joint au téléphone ce mercredi.


Les responsables de la mine auraient également quitté le site. Mais, l'on ignore encore l'ampleur des dégâts subis par les installations saccagées. Le moins que l'on puisse dire pour l'instant, c'est que ces événements sont le résultat de la dégradation ces dernières semaines des rapports entre les habitants et les responsables de la compagnie minière. En effet, pour les populations de Markoye, l'exploitation de la mine de Manganèse de Tambao, entamée il y a quelques mois par la société Pan African Minerals, ne respecte pas les termes de l'accord-cadre de partenariat public privé liant l'Etat burkinabè à la société. Et au cours d'une marche- meeting organisée le 6 février dernier, elles avaient rappelé qu'un certain nombre d'infrastructures devraient être réalisées dans le cadre dudit accord-cadre. Il s'agit notamment de la réhabilitation du tronçon du chemin de fer Ouaga-Kaya et la construction du tronçon de chemin de fer Kaya-Dori-Gorom-Gorom-Tambao, du bitumage de la route Dori - Gorom-Gorom-Tambao, et de la construction et l'exploitation de la mine de manganèse de Tambao.


« Force est de constater que rien de tout cela ne fut fait et pourtant l'exploitation du manganèse a déjà commencé depuis quelques mois. Pire encore, le manganèse est en train d'être transporté à Kaya où il est présentement entreposé en vue de son acheminement vers Abidjan d'où il sera exporté pour être mis sur le marché international. C'est cet état de fait que refusent les populations de la commune de Markoye (qui regroupe 27 villages) en sortant massivement le jour 6 février 2015 en vue de demander l'arrêt pur et simple de l'exploitation du gisement de manganèse de Tambao jusqu'à nouvel ordre », notait, Dramane Maiga, président de l'association « Jeunesse Unie pour le Développement de la Commune de Markoye (JUDECOM), à l'issue de la marche-meeting du 6 février dernier qui aurait réuni 3 000 personnes.


N'ayant pas obtenu gain de cause ou n'ayant pas été entendues, les populations de Markoye sont donc ressorties ce 17 février 2015 pour se faire entendre. Peut-être, une meilleure écoute de la partie plaignante aurait permis d'éviter ce qui est arrivé. Qu'à cela ne tienne, il n'est pas encore trop tard de renouer le fil du dialogue pour permettre une exploitation dans de meilleures conditions du projet Tambao. Naturellement, le gouvernement a un rôle à jouer pour la restauration de la confiance entre populations de Markoye et responsables de Pan African Minerals.


Grégoire B. Bazié

Lefaso.net





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