Commémoration du soulèvement populaire du 3 janvier1966 : les syndicats dénoncent des menaces proférées par le président du Faso

Publié le lundi 5 janvier 2015

UNITE D'ACTION SYNDICALE (UAS)

LES CENTRALES SYNDICALES DU BURKINA FASO :

- Confédération Générale du Travail du Burkina (CGT-B)

- Confédération Nationale des Travailleurs du Burkina (CNTB)

- Confédération syndicale Burkinabé (CSB)

- Force Ouvrière – Union Nationale des Syndicats Libres (FO- UNSL)

- Organisation Nationale des Syndicats Libres (ONSL)

- Union Syndicale des Travailleurs du Burkina (USTB)






LES SYNDICATS AUTONOMES :

SAIB – SATB – SAMAE – SATEB – SBM –SNEAB – SNESS – SYNATEB– SYNATEL – SYNATIC

SYNTAS– SYNTRAPOST– SYNAPAGER–SYNATIPB – SYNATRAD – SYSFMAB – UGMB


Ouagadougou, le 3 janvier 2015

DECLARATION SUR LE 3 JANVIER 1966


Le 3 Janvier 1966, les travailleurs et la jeunesse de Haute – volta (aujourd'hui Burkina Faso), soutenus par des partis politiques et par les autres couches populaires, sont descendus dans la rue pour réaliser le 1er soulèvement populaire de la Haute – Volta post – coloniale. C'était à l'appel de dix syndicats réunis en Inter-Syndicats qui, suite à deux correspondances sans suite adressées au Président de la République, convoquèrent et tinrent un meeting le 31 décembre 1965 au cours duquel une motion de grève a été adoptée pour le 3 janvier 1966.

Ce fait majeur a été la conséquence de la mauvaise gestion du pays marquée par la gabegie, la corruption, la négation des libertés politiques et syndicales, le mépris et l'arrogance vis-à-vis des organisations démocratiques. En effet, le président YAMEOGO et ses hommes, après avoir dilapidé les fonds publics, avaient décidé de mesures d'austérité parmi lesquelles, l'abattement de 20 % des salaires, la réduction des allocations familiales de plus de 50% (de 1500 à 700 FCFA), le blocage des avancements pendant deux (2) ans, l'interdiction des syndicats et de tout regroupement public.

Ces mesures étaient contenues dans le projet de loi de finances de 1966. Aux interpellations du mouvement syndical, le Président YAMEOGO et son frère Dénis ont répondu par le mépris et des injures grossières.


Pour mémoire, retenons que les syndicats signataires de la motion de grève étaient :


1. l'Union Syndicale des Travailleurs Voltaïques(USTV) de Zoumana TRAORE ;

2. la Confédération Africaine des Travailleurs Croyants (CATC) de Joseph OUEDRAOGO ;

3. l'Organisation Voltaïque des Syndicats Libres (OVSL) de François de Sales KABORE ;

4. le Syndicat des Douanes de Amirou THIOMBIANO ;

5. le Syndicat des Postes et Télécommunication de Salif OUEDRAOGO ;

6. le Syndicat des Travailleurs de la Santé Humaine et Animale de Bruno ILBOUDO ;

7. le Syndicat Autonome des Travailleurs et Ouvriers Voltaïques de Zakaria TOURE ;

8. le Syndicat de l'Aviation Civile de Lucien KOULDIATI ;

9. le Syndicat de l'Administration Générale de Emmanuel KYELEM ;

10. le Syndicat des collectivités territoriales de Alphonse KYEMTARABOUM.


Malgré l'atmosphère de recherches policières et quelques arrestations de militants syndicaux, la grève générale du 03 janvier eut lieu et elle paralysa plusieurs villes particulièrement Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Mieux, elle évolua rapidement en un mouvement populaire avec l'entrée en lutte d'autres couches populaires telles que les élèves, la jeunesse populaire, les commerçants et autres travailleurs de l'économie informelle, unies sous le slogan « du pain, de l'eau et de la Démocratie ».

La commémoration de ce quarante neuvième anniversaire du soulèvement du 3 janvier 1966 intervient quelques deux mois après l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Celle-ci a mis fin au pouvoir autocratique de Blaise COMPAORE dont le règne, vingt-sept ans durant, a été marqué par les crimes de sang et les crimes économiques, la corruption, la fraude, l'impunité et des atteintes graves aux libertés démocratiques et syndicales. Cette insurrection dont le principal acteur a été la jeunesse populaire, apparaît comme l'héritière du 3 janvier 1966 et de toutes les grandes luttes menées par notre peuple notamment celle du Collectif contre l'impunité, les grandes luttes syndicales et de la Coalition contre la Vie Chère (CCVC) autour des questions économiques et de liberté, sans oublier le travail formidable d'information, de sensibilisation et de formation réalisé par le journaliste Norbert ZONGO et son sacrifice.

Camarades militantes et militants, camarades travailleuses et travailleurs, peuple du Burkina Faso,

L'évolution de la situation nationale deux mois après la chute de Blaise COMPAORE et la mise en place des organes de la transition montre clairement que des défis importants s'imposent aux démocrates en général et aux syndicats en particulier. Les changements auxquels aspirent les Burkinabè et pour lesquels de nombreux jeunes ont sacrifié leur vie se font attendre. De nombreux exemples indiquent que les nouvelles autorités veulent perpétuer les pratiques de l'ancien régime. Et face aux contestations légitimes qu'organisent les travailleurs, elles ne trouvent pas mieux à faire que de menacer les populations de répression (Cf. Message du Président à l'occasion du nouvel an).


Ces menaces sont inacceptables et le Président de la transition doit comprendre que les Burkinabè qui se sont battus pour faire partir le régime COMPAORE ne sont nullement prêts à accepter que ceux qui n'ont rien fait pour être là où ils sont se permettent les mêmes pratiques que le régime déchu et menacent les citoyens honnêtes.


VIVE LE 03 JANVIER 1966 !

VIVE L'INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014 !






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