Conseil national de la transition : 90 membres, mais combien de compétences ?

Publié le dimanche 30 novembre 2014


L'organe législatif de la transition est en marche. C'est du moins, ce que l'on peut penser. Et ce, depuis le 27 novembre dernier où le président de l'institution a été élu, au cours d'une cérémonie empreinte de solennité. A l'occasion, on a vu des Conseillers visiblement très heureux d'être membres de cet organe. Mais invités à s'exprimer par avance sur les missions du CNT et sur les tâches qui les attendent, l'on réalise que tous ne seront véritablement pas utiles à l'institution qui n'a que quelques 12 petits mois devant elle. Combien sont-ils, ceux qui ont conscience de leurs responsabilités au sein du CNT ? Combien sont-ils, ceux d'entre eux qui sont compétents dans leurs domaines respectifs ? Combien sont-ils, ceux-là qui pourront rapidement appréhender l'œuvre législative et s'y accommoder ? Seront-ils combien à s'investir comme il se doit, dans les missions assignées au CNT ? Les jours et mois à venir, nous permettront sans doute d'être situés. Mais avant…




Jeudi 27 novembre 2014, courant après-midi, on est à l'hôtel du député à Ouagadougou. Au cours d'une pause accordée à l'issue de la cérémonie d'ouverture de la première plénière du CNT, et avant l'élection du président de l'institution, les Conseillers étaient en récréation. Ça se rafraîchissait, ça se félicitait, le tout dans un climat détendu. Entre ceux qui évitent de croiser, même le regard, d'un journaliste et ceux qui, approchés, lancent, ‘'je n'ai rien à dire'', il y'en a eu qui ont accordé quelques mots. C'est ainsi qu'avec Safiétou Congo, on a pu retenir ceci : « Quand on m'a proposé, je ne voulais pas ; mais ils m'ont poussé à… Au fait, je représente le parti de mon papa qui est le MPB (Mouvement patriotique du Burkina, un parti membre de l'ex-CFOP, ndlr) ; je suis la trésorière. Je pense que c'est une bonne initiative pour moi ». A chacun son commentaire…


Adama Zagré du PUND (Parti pour l'unité nationale et le développement) quant à lui, confie : « la mission qui attend les membres du CNT est énorme ; mais je pressens qu'elle sera exaltante ». Et de préciser, « Nous devons passer en revue certains textes de loi pouvant régir la vie normale durant cette transition ». « La tâche qui nous incombe, dira Boubacar Balima de la société civile, c'est de travailler à préserver la paix sociale, défendre les intérêts de tous les Burkinabè ».

Il est question, précise Casimir Sawadogo, également désigné sous la bannière société civile, « de prendre en compte les réclamations du peuple et les traduire sous forme de loi, dans le cadre des réformes à opérer ».


Dans le cadre de ces réformes, Aziz Sana de la société civile lui aussi, dit estimer « qu'il faut unifier l'Armée, il faut verrouiller l'article 37 de la Constitution et revoir les pouvoirs dévolus au chef de l'Etat. Il faudra également améliorer le Code électoral, se pencher sur la question des candidatures indépendantes pour faire en sorte qu'elles soient permises, parce que ce n'est pas seulement en tant que politicien qu'on peut défendre les intérêts du peuple ».


Mais comment comptent-ils s'y prendre ? Pour l'instant, de bonnes intentions s'affichent. « Je vais m'investir pour la mission qui nous a été confiée au niveau du CNT », a laissé entendre Honorine Ouédraogo du PAREN (Parti de la renaissance nationale). Et à en croire Joséphine Drabo de l'ADF/RDA (Alliance pour la démocratie et la fédération/ Rassemblement démocratique africain), « Il y aura cinq commissions au sein desquelles chaque Conseiller va donner le meilleur de lui-même ».


Au nom d'un Burkina nouveau…


Au bout du compte, présage Aziz Sana, le CNT permettra d'avoir des institutions fortes ; ou à tout le moins, de poser les bases d'institutions fortes qui feront en sorte « que le Burkina Faso ne puisse jamais revenir à la situation que nous avons combattue ». « Il nous faut, de l'avis de M. Zagré, arriver à restaurer l'intégrité du Burkinabè ».


Faut-il le rappeler ? Le CNT est l'organe central dans l'architecture institutionnelle de cette transition. Son rôle devra permettra de savoir si le Burkina Faso – à la fin de la transition – est sur la bonne voie de la véritable démocratie, en tournant définitivement la page des disputes relatives aux mandats présidentiels, la page de l'impunité, la page de priorisation de la corruption.


Gageons que le CNT réussira à relever le défi d'un Burkina démocratique. L'espoir est permis, tant des personnalités déjà rompues à la tâche en matière législative font parties de ses membres, même si celles-ci ne sont pas nombreuses. Il est aussi permis d'espérer que des novices compétents dans leurs domaines, sauront développer rapidement le bon réflexe. Vivement, que le nombre de membres utilement disponibles et compétents prenne le dessus dès les trois premiers mois de son fonctionnement ! Et que tous ensemble, ils s'investissent à fond, au nom d'un ‘'Burkina nouveau'' dans la réalité de tous les jours, l'horizon de toutes les aspirations.


Fulbert Paré

Lefaso.net





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