7è législature de l’Assemblée Nationale : Me Adrien Houngbédji fait renaître l’espoir

Publié le dimanche 26 juillet 2015

Après un peu plus de deux mois, l’espoir renait. L’Assemblée Nationale du Bénin jadis caisse de résonnance du gouvernement reprend petit-à-petit ses libertés. Me Adrien Houngbédji investit Président de cette auguste institution a imprimé sa marque. La mayonnaise semble avoir pris. Dans la courtoisie et la fermeté, la dictature des textes s’applique.

On peut en être fier. En tout cas, depuis le 16 mai 2015 qu’ils ont été officiellement installés dans leurs fonctions, les députés de la 7è législature de l’Assemblée Nationale nous donnent des raisons de croire à un changement. Un nouveau pli a été donné. Avec la dictature des textes imposée par celui-là que certains ont surnommé le «Petit Mussolini» de Porto-Novo, l’Assemblée Nationale du Bénin a pris carrément un autre cap : celui de la très bonne espérance. Les débats en plénière commencent rigoureusement à 10 heures. Lorsque le quorum n’est pas atteint comme le prévoient les textes, ces débats sont repoussés à une heure de temps après. Adrien Houngbédji l’a énoncé comme principe de gouvernance. Beaucoup n’y avaient pas cru. Mais avec le temps, ça marche. Ceci, au grand bonheur des ministres qui ne passent plus leur temps à humer inutilement l’air au Parlement. Du point de vue donc de la ponctualité et de l’assiduité, la 7è législature de l’Assemblée Nationale du Bénin a réalisé la rupture. En tout cas, pour le peu de temps qu’on vient de passer. Et cela s’est fait sentir sur la qualité du travail abattu.

 

On ne parle plus pour parler

 

Ici, c’est désormais la champion’s league et non la ligue 1. Un peu pour dire que c’est le haut niveau. Le désordre auquel les 5è et 6è législatures de l’Assemblée Nationale du Bénin ont habitué les Béninois n’est plus de mise dans les prises de parole au sein de l’hémicycle. Avec Houngbédji, on ne lève plus son doigt pour parler n’importe comment. Dès que vous déraillez, vous êtes rapidement ramené à la raison. Le député Marcel de Souza en sait quelque chose. Même Rosine V. Soglo s’est vu déjà remonter les bretelles avec fermeté et élégance par le Président Adrien Houngbédji. Désormais donc à l’Assemblée Nationale du Bénin, on parle quand on a vraiment quelque chose à dire et non pour amuser la galerie. Et dans ce registre, une fière chandelle est à décerner aux députés de la majorité présidentielle. Des termes comme « je remercie le gouver-nement…je remercie Boni Yayi qui a initié ce projet de loi…je prie Dieu le père Céleste pour qu’il l’éclaire davantage…ce projet de loi est bon et j’appelle mes collègues députés à le soutenir…bla bla bla… » ne s’entendent plus au travers des discours. Ces députés s’attaquent directement au sujet et apportent même des détails devant lesquels des députés de l’opposition sont parfois admiratifs. Les interventions récentes des honorables Djibigayé, Jean-Michel Abimbola, Benoit Dègla, Marcel de Souza… sur le débat d’orientation budgétaire exercice 2015 et sur les derniers projets de lois portant ratification de divers accords de financements de projets de développement au profit des populations béninoises constituent une preuve. La qualité dans les débats parlementaires revient, même si nous ne sommes pas encore au rendez-vous de l’excellence.

 

L’équilibre des forces

 

Un point fort est aussi à mettre à l’actif de la 7è législature de l’Assemblée Nationale. Quoique majoritaire, l’opposition ne s’est pas montrée gloutonne. Déjà dans la composition du Bureau de l’Assemblée Nationale, elle a tendu la main à la mouvance présidentielle en lui concédant le poste de premier secrétaire parlementaire. Cette ouverture s’est aussi observée dans la formation des commissions permanentes techniques de l’Assemblée Nationale. Sur les cinq commissions prévues par les textes fondamentaux de l’auguste institution, deux ont été concédées à la mouvance présidentielle. La formation des groupes parlementaires au prorata de la configuration politique de l’Assemblée Nationale a aussi apporté un plus dans l’équilibre attendue à la conférence des Présidents qui est une instance au sein de laquelle sont validés plusieurs points, notamment l’ordre du jour des séances plénières. Outre la configuration politique de l’Assemblée Nationale qui est respectée, la conférence des Présidents de la 7è législature de l’Assemblée Nationale a le mérite de rassembler des gens de grande valeur à l’instar des députés Eric Houndété, Mathurin Coffi Nago, Idji Kolawolé, Rosine V. Soglo, Jean-Michel Abimbola, Joseph Djogbénou, Nassirou Arifari-Bako…

 

Priorité à la séparation des pouvoirs

 

Séparation des pouvoirs ! Adrien Houngbédji y tient comme la prunelle des yeux. La preuve a été déjà donnée. La 7è législature de l’Assemblée Nationale ne sera pas une caisse de résonnance du gouvernement où le Chef de la République dit « Piiiiiinnnn » et le Président de l’Assemblée Nationale répond « Paaaaannnn ». Là-dessus, on peut déjà faire confiance à Me Adrien Houngbédji qui a eu le courage de classer sans suite (après l’avoir dit en des termes assez clairs) la demande de levée de l’immunité parlementaire du député Janvier Yahouédéou sollicitée par le Procureur général près la Cour d’appel de Cotonou après une plainte déposée par le Chef de l’Etat pour offense. On peut en être rassuré. Dans la gestion des relations entre le Parlement et le Gouvernement, Houngbédji ne sera pas Nago, même après mille audiences avec Yayi. C’est un serment qu’il n’entend point trahir pour que force reste à la séparation des pouvoirs.

Affissou Anonrin


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