Probable ambition pour 2016 : Lionel Zinsou est prévenu ! (Un discours sous forme de projet de société)
La nomination de Lionel Zinsou comme Premier ministre du nouveau gouvernement du Bénin a suscité de nombreuses réactions. Béninois lambda, politiques, politologues, analystes politiques, syndicalistes …béninois. Même des éditorialistes étrangers. C’est le cas de Jean-Baptiste Placca de Radio France internationale (Rfi) qui, en se mettant dans la peau du Bénin, a dit à quoi pourrait s’attendre le nouvel homme fort du gouvernement béninois.
Comme s’il était béninois, Jean-Baptiste Placca a prévenu le nouveau Premier ministre du Bénin des attentes de ses compatriotes (Béninois) et d’une éventuelle ambition pour la présidentielle de 2016 si jamais il venait comme le dauphin du Chef de l’Etat. L’éditorialiste Jean-Baptiste Placca a surtout insisté sur l’exigence béninoise qui ne se trouve nulle part. Ce qui pourrait ne pas faciliter la tâche au Premier ministre Lionel Zinsou à bien d’égards. L’accomplissement de la mission qui doit être la sienne et ses éventuelles ambitions pour le pays. «Cette nomination, à moins d’un an du terme du mandat du Président Yayi Boni, laisse perplexe et vient brouiller encore, un peu plus, les pistes quant à sa succession. Il n’y a pas si longtemps, Lionel Zinsou apparaissait clairement du côté français, représentant la France, et notamment en train d’élaborer des stratégies pour que la France prenne part au banquet de la croissance en Afrique…», a souligné M. Placca dans son éditorial sur Rfi samedi dernier. Mieux, l’éditorialiste de Rfi prévient : «…Il apprendra assez vite que les intérêts du Bénin ne coïncident pas nécessairement avec ceux de la France et ses compatriotes béninois vont suivre, avec vigilance, la façon dont il défendra les intérêts de leur pays face aux grandes puissances, donc la France. Directement ou indirectement, on va lui demander de faire, en permanence, la preuve de sa loyauté vis-à-vis de sa seconde patrie, le Bénin. Et si d’aventure les Béninois s’apercevaient que le projet du Président, Yayi Boni, est de mettre en scelle son nouveau Premier Ministre importé de France pour lui succéder, ce dernier découvrira à quel point les Béninois sont durs avec leurs frères de la diaspora. En particulier, lorsque ceux-ci viennent leur disputer les places au bord de la mangeoire. Il s’apercevra que cette greffe que tente le Président, Yayi Boni, prend peu et même ne prend jamais surtout lorsque, et ce serait son cas, ces frères de la diaspora ne parlent pas une seule langue nationale»
Un discours programme
Lionel Zinsou, quoi qu’on dise, a les capacités intellectuelles pour assumer la mission de Chef du gouvernement du Bénin. Seulement, peut-il combler les attentes des Béninois en neuf mois ? Là est la vraie question. A la correspondante de Rfi à Cotonou, Lionel Zinsou a révélé la mission que lui a confiée le Chef de l’Etat en le nommant à ce poste. A y voir de près, on a bien l’impression que ceci ne peut se réaliser en neuf mois. En réalité, il faudra redresser tout ce qui a été mal fait en neuf ans de gestion du pays par Boni Yayi. Le challenge est ambition mais difficile à être réalisé en ce temps si court. «Les priorités du pays, c’est de donner des emplois, c’est de s’occuper de la vie des gens, c’est de rendre leurs conditions meilleures, c’est aussi de valoriser toute la créativité incroyable qui existe au Bénin, toute cette volonté qui a beaucoup de mal à s’exprimer. Les politiques publiques ne vont pas forcément dans le sens de faciliter la vie. Les priorités, c’est évidemment autour de l’économie, mais pas pour l’économie ; c’est l’économie pour la société béninoise (…) [Le président] m’a demandé d’être le premier de ses ministres, m’a fixé des champs très précis et qui m’intéressent beaucoup, qui concernent le développement. J’ai fait un peu d’économie dans ma vie […]. C’est même mon métier d’être économiste. Et puis, il y a un champ qui concerne l’évaluation des politiques publiques. On peut sûrement améliorer l’efficacité de nos politiques publiques. Il m’a fixé un choix sur la gouvernance – gouvernance de l’Etat, gouvernance de l’entreprise – et si l’on améliore cette gouvernance, tous les citoyens béninois s’en porteront mieux», a confié à Rfi Cotonou, Lionel Zinsou. Une mission colossale difficilement réalisable en ce laps de temps. Du coup, sa nomination relance toutes les polémiques sur la succession du président en exercice.
Dauphin ?
L’intéressé ne se voit pas dans ce rôle de dauphin, parce que, pour lui, limité par certaines réalités. «Je ne connais pas tout du Bénin. Donc, qui serais-je pour dire : « J’arrive pour être le dauphin»? « ? J’arrive pour écouter et j’arrive pour essayer d’être utile », a déclaré Lionel Zinsou à Rfi Cotonou. Evidemment que les Béninois n’applaudiront pas ces propos. Ils en ont entendu d’autres. Aujourd’hui, ils sont méfiants. Ils veulent même être le maitre de leur destin.
Jean-Marie Sèsolo
Comment Paris a « finalisé » la nomination de Lionel Zinsou au poste de Premier ministre
Effectivement depuis ce vendredi 19 juin, la nomination de Lionel Zinsou comme Chef du gouvernement béninois s’est concrétisé lors de la visite de Thomas Boni Yayi à Paris, le 9 juin. Avant son entretien à l’Elysée avec François Hollande, le président du Bénin a convaincu Laurent Fabius d’intervenir auprès de son ancien conseiller pour que ce dernier accepte le poste. « Tout cela se fera sous mon patronage », aurait répondu le ministre français des affaires étrangères. Après quelques réticences, Lionel Zinsou a accepté cette nouvelle mission à condition d’avoir toute latitude sur la désignation de ses ministres, une prérogative dévolue au palais de la Marina. Même si Lionel Zinsou avait été remercié en 2011 du poste de conseiller spécial de Thomas Boni Yayi qu’il occupait depuis 2006, le contact n’a jamais été rompu entre les deux hommes. Le patron du Fonds PAI Partners – chargé par François Hollande de lancer la fondation AfricaFrance – a organisé de bout en bout la dernière table ronde des partenaires du Bénin à Paris, en 2014.
Bien que le poste de chef du gouvernement ne soit pas stratégique au Bénin, cette nomination souligne la volonté du chef de l’Etat de mettre Lionel Zinsou, chantre de « l’Afrique émergente », sur une rampe de lancement. Mais, pour l’économiste, le plus difficile restera à faire. Technocrate pur jus, le neveu de l’ancien président Emile Derlin Zinsou est quasiment inconnu des Béninois, ne parle aucune langue vernaculaire et ne dispose d’aucune assise électorale.
Source : Lettre du Continent.
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