Dernier remaniement ministériel au Bénin: Pourquoi Idrissou Affo est maintenu au Mjsl (Le moment de ramener le calme dans le football)
Sans surprise, le ministre de la jeunesse, des sports et des loisirs (Mjsl) garde son fauteuil ministériel dans le dernier gouvernement de Boni Yayi. Plusieurs situations expliquent son maintien au poste.
Le maintien de Idrissou Safiou Affo au poste de ministre de la jeunesse, des sports et des loisirs (Mjsl) n’a rien de surprenant. C’est plutôt une logique dans le contexte actuel.
En effet, depuis l’annonce du remaniement ministériel, la plupart des Béninois amoureux du sport se demandaient si le ministre actuel sera maintenu au poste. Une interrogation légitime lorsqu’on se réfère à la situation de guéguerre qui existe entre le ministre des Sports, Idrissou Safiou Affo et le président de la Fédération béninoise de football (Fbf), Augustin Ahouanvoébla. Avec le maintien au gouvernement du patron des sports au Bénin, le message du chef de l’Etat est bien clair : défier l’autorité fédérale tout en donnant la liberté à son protégé de poursuivre ses « réformes » entamées.
Tous les coups sont bons
Il faut reconnaitre que nous sommes sur le terrain politique, même s’il s’agit des questions purement sportives. Dans ce contexte, tous les coups sont bons à donner. Et il ne saurait d’ailleurs en être autrement. Car, Idrissou Safiou Affo a ouvert un front en direction de la Fbf. Il n’a pas pu le faire sans le soutien du chef de l’Etat. D’ailleurs, le retrait de l’agrément de l’Etat béninois à la Fbf a fini par être un acte du gouvernement dont Boni Yayi est le chef. Remplacer l’actuel ministre des sports serait perçu comme un désaveu de la politique menée par ce dernier. Mieux, la bonne prestation des Ecureuils lors de la 2è journée des éliminatoires de la Can, Gabon 2017 plaide en sa faveur. Le Bénin a accroché un nul prometteur à Bata en Guinée Equatoriale (1-1). Donc, on ne change pas une équipe qui gagne, dit-on. L’autre chose aussi est que l’origine géographique (Donga) de Idrissou Affo est intéressante pour assurer l’équilibre régional. Pourquoi aller chercher loin ce qu’on a à portée de main. Les arguments ne sont pas négligeables, et il sera honnête de reconnaitre que le chef de l’Etat est resté dans sa logique. Même si ce qui est fait jusque là est illégal.
Revenir à la légalité
Cependant, il est intéressant de ne pas perdre de vue que la légalité et la légitimité doivent être rétablies. C’est une évidence que ce qui se passe dans le football béninois est consternant. Les membres du Comité exécutif de la Fbf ne s’entendent pas. En leur sein, il y a beaucoup de clans. Les « Egos » sont exacerbés à tel point que la collaboration reste à ce jour difficile. Dans ces conditions, on peut comprendre la réaction du gouvernement qui veut une meilleure gestion – tant matérielle, humaine que financière – de son football. Ce qui n’est souvent pas le cas. Mais, la manière par laquelle le ministre Affo et les siens ont procédé laisse toujours à désirer. Maintenant que la « gaffe » est commise, il faut trouver les moyens de revenir à une situation normale. Le Bénin est un pays de droit et de démocratie. Ces vertus ne doivent pas prendre des couleurs au gré des circonstances. Il est impératif de revenir à la légalité. C’est une chose d’agir avec la complicité passive des responsables des structures faitières du football international – la Caf en l’occurrence – mais c’est plus responsable de revenir à la légalité le plus tôt possible.
Joindre l’acte à la parole
Dans toutes ses interventions, le ministre Idrissou Safiou Affo clame qu’il travaille pour la réconciliation de la famille du football béninois. En lui accordant le bénéfice du doute, nous avons espoir qu’il va jouer pleinement sa partition dans ce processus. Il doit reconnaitre au bureau légitime de la Fbf sa place et agir en conséquence. Le camp Augustin Ahouanvoébla doit aussi éviter d’être rigide et jusqu’au-boutiste. Nous sommes en situation de crise. Tous les camps doivent faire des concessions. Le Comité exécutif de la Fbf – pour ce qui en reste (10 sur 15) – doit accepter la main tendue du ministre des sports. C’est la seule condition pour que la crise soit réglée de façon durable. Trouver des solutions sans la participation de toutes les tendances est un leurre. Les mêmes causes vont toujours produire les mêmes effets. Nous ne devons plus retomber dans ces mêmes écueils.
Pascal Hounkpatin
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