Evaluation des Objectifs du millénaire pour le développement au Bénin : « Assurer l’éducation primaire pour tous » : mission accomplie, mais…
Dans le secteur de l’éducation, le Bénin peut se bomber le torse d’avoir atteint les Objectifs du millénaire pour le développement. C’est en tout cas ce que renseigne le rapport réalisé par le Pnud en mai 2016.
Si des progrès considérables ont été réalisés pour ce qui est de l’augmentation de la scolarisation dans l’enseignement primaire dans le monde depuis l’adoption des OMD en 2000, le maintien des enfants à l’école reste un défi important dans les pays en développement. Dans ces pays, 01 sur 10 n’est toujours pas scolarisé. Pour ce qui est du Bénin, la croissance du taux net de scolarisation (TNS) qui est de 74,9% en 2014 ne permet pas d’atteindre la cible de 100 % visé par l’Objectif N°2 du millénaire pour le développement (OMD2). En réalité, la situation des enfants bouviers, des enfants placés appelés «Vidomègon», des enfants talibés…est encore loin d’être réglée. Cette croissance, révèle le rapport du Pnud, est accompagnée d’une légère hausse du taux d’abandon (10,72 en 2010 à 11,65 en 2014) qui augmente à chaque niveau d’enseignement. Quant aux taux d’achèvement du primaire, sa croissance constante depuis 1990 (de 17,15 % à 70,5% en 2014) permettrait d’atteindre la cible (100 % en 2015) en 2020.
Alphabétisation des jeunes en baisse
La baisse du taux d’alphabétisation des 15-24 ans est un phénomène particulièrement inquiétant que le rapport publié par le Pnud a souligné. En effet, ce taux a décru de 13 points entre 2010 et 2014. Ainsi, plus de la moitié (56,1%) des jeunes femmes ne savent actuellement ni lire, ni écrire. C’est également le cas pour 02 jeunes hommes sur 05 (40,1%). Pourtant en parallèle, le nombre d’inscrits pour un maître d’alphabétisation s’est nettement amélioré pour se stabiliser sur la période 2007-2015, non loin de la référence de 25. La baisse du taux d’alphabétisation, selon le rapport du Pnud, pourrait donc s’expliquer, entre autres, par la faible qualité des contenus et de la formation des maîtres d’alphabétisation et/ou par la baisse du nombre d’inscrits.
Des politiques volontaristes en faveur de l’éducation
Avec l’appui des partenaires, l’Etat a fait preuve de pro-activité dans le secteur éducatif. Ainsi, les communes ont reçu des transferts annuels pour la construction de salles de classes et des programmes d’alimentation scolaire ont bénéficié du soutien du Programme alimentaire mondial (PAM). Par ailleurs, le statut des enseignants communautaires et contractuels locaux a évolué, puisqu’ils sont devenus agents contractuels de l’Etat. Au total, près de 10.000 enseignants ont été recrutés de 2006 à 2014. La part des dépenses de l’Etat allouées au secteur de l’éducation a cru de près de 10 points sur la période 2002-2010 (de 16,5 % à 24,8 %). Le Bénin a notamment bénéficié du Programme Fast-Track (FTI) pour la période 2008-2013 au profit de la maternelle, du primaire, du secondaire et de l’alphabétisation à hauteur de 36,477 milliards de F Cfa.
La quantité au détriment de la qualité
Un point important sur lequel le rapport pondu par le Pnud a mis l’accent est la qualité de l’éducation reçue par les apprenants. En effet, face à la pression démographique, les efforts en matière d’éducation ont sous-estimé la qualité. A titre d’exemple, le nombre d’élèves par enseignant a augmenté de 3 points entre 2005 et 2014. Il est possible que la baisse de la qualité de l’enseignement public ait concouru à la croissance de la part d’inscrits dans les écoles privées (de 11,8 % en 2005 à 18,5 % en 2014), accentuant ainsi les inégalités à travers le renforcement d’un système éducatif à deux vitesses. Le rapport ne l’a certes mentionné. Mais malgré les efforts consentis, le Bénin a enregistré en 2016 les plus forts taux d’échec aux examens de fin d’année. Ceci serait-il la conséquence de la qualité approximative des enseignements donnés aux apprenants ? La question reste posée.
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