Sabcé : Le Conseil municipal siègera sans le NTD

Publié le jeudi 18 août 2016

La Commune de Sabcé, située dans la région du Centre-Nord, à quelques kilomètres de Kongoussi, vient de désigner ses exécutifs locaux le 17 août 2016. Ce retard dans cet exercice est dû à une « guerre » entre les partisans des deux prétendants au poste de bourgmestre, Mahamoudou Pierre Zoungrana du Nouveau temps pour la démocratie (NTD) et Rigobert Nassa du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP). Ce qui a conduit à un affrontement le 20 juin 2016 lors de l’élection du maire.

  • « Le village est bizarre. Parce que quand vous voyez un village à deux partis où les gens s’attaquent à chaque fois, il faut que nous qui sommes là pour le service, qu’on ne se mêle pas de ces choses(…) », Un fonctionnaire de Sabcé qui a requis l’anonymat.
  • « Le problème de Sabcé est très profond, nous on est né trouver Sabcé comme cela. Il faut que l’Etat règle le problème de chefferie qui est à Sabcé. Sinon les jours à venir, ça peut être même pire», P. Alain Ouédraogo, 1er adjoint de la délégation spéciale  de Sabcé.

Voilà là quelques témoignages qui expliquent l’état d’esprit dans lequel les populations vivent dans cette contrée lorsque nous sommes allés le samedi 6 août 2016 pour constater l’état des lieux de la situation après la débâcle lors de l’élection du Conseil municipal, le 20 juin 2016.

Des origines de la mésentente, les militants du MPP accusent ceux du NTD d’avoir brutalisé leurs conseillers le 20 juin, jour du vote des membres du Conseil municipal. Par contre, les militants du NTD rejettent la faute au MPP en estimant que les partisans de ce parti ont empêché les militants du NTD de voter le 22 mai 2016. 

« Il y a un qui a été blessé par une arme blanche au niveau de la cuisse. Les autres, ce sont des blessures mineures dues à une bastonnade »

De part et d’autre, les deux camps,  le Nouveau temps pour la démocratie (NTD) et le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) se jettent l’anathème. Le troisième parti, faiseur de roi, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), reste silencieux. Au terme des élections du 22 mai, le NTD et le MPP ont engrangé 33 conseillers de part et d’autre. A égalité, c’était à l’UPC, avec 4 conseillers, de départager.

« Il faut qu’on prie Dieu »Le parti a alors jeté son dévolu sur le MPP. Ce faisant, Rigobert Nassa obtient 36 voix et Mahamoudou Pierre Zoungrana reste sur ses 33 voix. Ce serait après le vote du maire (Rigobert Nassa ) et de ses deux adjoints que tout s’est déchaîné. Il ressort après ces différents affrontements, nous confie un agent de santé de la localité, qu’il y a eu « le 22 mai (jour des élections municipales), un blessé. Le jour de l’élection du maire (le 20 juin), nous avons reçu trois personnes, dont deux hommes et une femme»,  informe l’agent de santé.

«Il y a un qui a été blessé par une arme blanche au niveau de la cuisse, continue-t-il. Les autres, ce sont des blessures mineures dues à une bastonnade. Après, il y a eu des agressions à domicile. Présentement leur affaire est en justice ».

Faire marche arrière semble être devenue « impossible » pour les deux camps. Le MPP ayant la mairie veut que le vote soit respecté alors que du côté du NTD, reprendre le vote (que ce soit municipale ou du Conseil municipal) ou la mise en place d’une délégation spéciale sont les solutions.

« J’ai participé à la délégation spéciale en tant qu’OSC. Non ! Il n’y a pas de développement. Je prie Dieu pour qu’on revienne à la mairie ».

Dans nos différentes rencontres, nous avons écouté Grégoire Ouédraogo, représentant des Organisations de la société civile (OSC) de la Commune de Sabcé à Kongoussi.

Grégoire Ouédraogo, représentant des organisations de la société civile de la Commune de Sabcé - ©Burkina 24

Grégoire Ouédraogo, représentant des organisations de la société civile de la Commune de Sabcé – ©Burkina 24

« Le problème de Sabcé date bien avant du 20 juin », explique-t-il. Des affrontements, Grégoire Ouédraogo donne un autre son de cloche. Selon lui, « les deux camps (NTD et MPP) étaient tous armés le jour du vote du maire (le 20 juin 2016, ndlr) ».

Et de poursuivre : « la situation à Sabcé, il faut qu’on prie Dieu. Sinon, il n’y aura pas un maire qui sera élu à Sabcé dans les années à venir ».

La mise sous délégation spéciale de la commune n’enchante pas Grégoire Ouédraogo. « J’ai participé à la délégation spéciale en tant qu’OSC. Non ! Il n’y a pas de développement. Je prie Dieu pour qu’on revienne à la mairie. On ne peut pas avancer avec la délégation spéciale ».

La même trompette a été embouchée par Alain Ouédraogo, premier adjoint de la délégation spéciale  de Sabcé : « la délégation spéciale, ce n’est pas bon. Je suis là-bas, mais il n’y a pas d’apport. Il n’y a pas de financement ».

« Le NTD a boycotté » le vote. Lorsque nous tracions les lignes de notre passage dans la commune de Sabcé, les conseillers municipaux ont été convoqués par la Délégation spéciale de la commune le 17 août 2016 « pour finir le travail ». Sur les 70 conseillers, 37 étaient présents. Ils étaient tous du MPP et de l’UPC. Selon le premier adjoint au maire, Issaka Ouédraogo, « le NTD a boycotté » le vote.

La commune sera-t-elle gérée sans la participation du NTD ? Si la crise dans cette bourgade persiste, il n’est pas exclu que la délégation spéciale soit de retour. Ainsi, si certains conseillers ne se présentent pas aux sessions, et que cette absence empêche le Conseil de réunir le quorum fixé par la loi, le rapport qui pourra en être fait par l’autorité de tutelle peut conduire à la mise de la Commune sous délégation spéciale. Mais le dialogue peut certainement permettre à la commune de ne pas en arriver là.

Ignace Ismaël NABOLE

Burkina 24


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