Simon Compaoré : « Pourquoi c’est seulement Roch que vous pointez ? »
Les dirigeants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) devront faire face aux remarques de leurs adversaires sur leur « collaboration » avec l’ancien régime de Blaise Compaoré jusqu’à la fin de la campagne. Victorien Tougouma et Boukary Ouédraogo dit Tintin l’ont rappelé à l’envi à Simon Compaoré lors du débat sur le plateau de la RTB Télé, au « cœur de la Présidentielle », ce 9 novembre 2015.
Sur le plateau « Au coeur de la Présidentielle » dans la soirée du 9 novembre 2015, Victorien Tougouma, candidat du Mouvement africain des peuples (MAP), Boukary Ouédraogo dit « Tintin », candidat indépendant, et Simon Compaoré, représentant Roch Marc Christian Kaboré, candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Si le débat a été assez calme sur l’ensemble de l’heure y consacrée, son pouls a connu une certaine accélération dès le début avec les mesures des candidats pour lutter contre la corruption.
Trop de « désordre ». Simon Compaoré a estimé qu’il fallait passer d’abord par une réforme de l’administration. « Nous allons passer très rapidement à la réorganisation de l’administration pour faire en sorte que le désordre ambiant prenne fin », dit-il, car pour lui, « dans le désordre ambiant, rien n’est possible ». Cette réforme faite, le candidat du MPP (s’il est élu), procédera à une réforme de la justice et les résultats se ressentiront dès les 100 jours de son mandat sur les dossiers de corruption dans les tiroirs.
Mais Victorien Tougouma remarquera d’abord que les affiches de campagne ne devraient pas être placardées sur les lieux publics. « Tout le monde a constaté que cela n’a pas été respecté par le MPP, affirme-t-il. Et si on ne respecte pas les règles du jeu avant d’arriver au pouvoir, une fois au pouvoir pourquoi on va les respecter ? C’est ce qui s’est passé pendant les 30 dernières années ».
Il trouvera ensuite un « complice » au désordre incriminé par Simon Compaoré.
Le boulet de Kaboré. « Monsieur Kaboré (Roch) a géré ce pays pendant 30 ans, commence-t-il. S’il dit qu’il y a le désordre, ça veut dire tout simplement, soit il était complice de ce désordre et il n’a pas pu y mettre fin, donc on ne sait pas comment une fois au pouvoir il pourra le faire ; soit il était incapable de mettre fin au désordre quand il était là-bas, soit il est incapable quand on était Premier ministre, président de l’Assemblée, chef d’un parti qui est au pouvoir, de changer les choses quand on était aux affaires, comment on va les changer une fois qu’on sera au pouvoir ? ».
Boukary Ouédraogo dit « Tintin » ira aussi de ses reproches. Pour lui, qui a été corrompu ne peut lutter contre la corruption. «Un homme qui a déjà été corrompu dans sa vie ne peut pas lutter contre la corruption». De qui parle-t-il ? « Je m’adresse à tous ceux qui ont déjà été corrompus et qui sont dans la course au pouvoir», répond-t-il. Accusation voilée contre son adversaire. Celui qui assure qu’il veut mettre la justice au centre de sa gouvernance ira prendre Ouaga 2000, le quartier « chic » de Ouagadougou, pour étayer son affirmation.
Ouaga 2000. Extrait: « Quand vous voyez le quartier Ouaga 2000, qui les a construites (les villas) ? Dans la zone, vous ne trouverez même pas 5% d’immeubles qui appartiennent à des commerçants ou à des hommes d’affaires. Ça appartient aux dignitaires de l’ancien régime. Ils ont tous des maisons là-bas. Et ce n’est pas n’importe quelle maison. C’est des maisons qui coûtent au minimum 200 millions (de F CFA). Et vous pensez qu’un fonctionnaire peut construire une maison de 200 millions ? Où ils ont eu l’argent pour construire des maisons comme ça ? C’est le fruit de la corruption. Tous les anciens dignitaires de l’ancien régime, ils ont tous des biens qui dépassent leurs avoirs».
Que répond Simon Compaoré à tout cela ? D’abord, les dirigeants du MPP, en démissionnant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), alors parti au pouvoir, avaient déclaré être à la disposition de la justice. Ensuite, les dirigeants du « Soleil levant » assument leur passé. « On a géré. Nous assumons les points positifs et les points négatifs », a-t-il déclaré, rappelant le récent « nous avons dîné avec le diable, mais nous ne sommes pas le diable » de Salif Diallo.
Roch n’a pas été le seul. Mais celui qui a dirigé la ville de Ouagadougou pendant 17 ans en tant que maire finira pas avoir une expression d’agacement. «C’est de l’animosité, dit-il. Il y a combien de candidats là-bas qui ont été des anciens ministres de Blaise Compaoré ? Faites le décompte. Il y a 14 candidats. Il y a combien qui ont été dans l’administration de Blaise Compaoré ? Pourquoi c’est seulement Roch que vous pointez ? (…) Pourquoi vous ne parlez pas d’eux ? Ce n’est pas Blaise Compaoré qui les a nommés ? (…) Je crois que ce débat, c’est du domaine de l’histoire».
Dans tous les cas, le deuxième vice-président du MPP donne rendez-vous après les élections où tout le monde devra « montrer patte blanche », qu’il soit élu ou pas.
En attendant, ce 10 novembre 2015 à partir de 21h, ce sera Ablassé Ouédraogo, Jean Baptiste Natama, Saran Sereme et Françoise Toé qui se croiseront sur le Plateau de la RTB Télé. Suivis le lendemain 11 novembre à la même heure par Zephirin Diabré et Bénéwendé Sankara, les deux premiers chefs de file de l’opposition politique au Burkina. Ce sera alors la dernière émission « au Coeur de la Présidentielle ».
Abdou ZOURE
Burkina24
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