Malte : Leurres et lueurs

Publié le mercredi 11 novembre 2015

Valette, capitale de l’Etat de Malte accueille un sommet peu ordinaire : le sommet Europe-Afrique consacré à la crise migratoire. Les chefs d’Etat et de gouvernement de cinquante pays vont tenter de trouver une solution au mal de la migration forcée. Il y a dans cette messe une bonne dose de milligrammes de leurres (1) et de lueurs (2).

 

  1. Leurres du sommet de Malte

Le Président de la France a rappelé les principaux objectifs du sommet :  » C’est à la fois montrer une politique de développement, une capacité à accueillir celles et ceux que nous considérons comme étant l’avenir de l’Afrique et faire de ceux qui ne sont pas en situation de pouvoir rester dans notre pays ou en Europe puissent revenir rapidement et dans les conditions dignes « .

La migration est consubstantielle à la vie sur terre. Nous sommes tous des migrants. Qui parmi les humains d’aujourd’hui n’est pas venu d’ailleurs ? Il n’y a qu’Adam et Eve qui ne soient pas des migrants. Cela dit, la question de la migration forcée est une problématique qui trouve sa solution dans les politiques de coopération étrangère. Ceux qui prennent la route de l’exil, le chemin du bien-être sont ceux qui sont victimes d’une diplomatie des intérêts de l’Europe. En effet, c’est l’absence d’espérance qui conduit à l’exil et donc à la migration. Les Etats africains sont mal gérés par une gouvernance d’inégalité avérée. L’Europe assiste en spectatrice joyeuse à la gouvernance exécrable de ces pays-là. Au Togo, au Tchad, au Congo Brazaville, au Congo Kinshassa, au Burundi, la France au nom d’une géopolitique incompréhensible bénit des dictatures de troisième mandant. Vu sous cet angle, le sommet de Malte est un gros leurre. Les réfugiés politiques, refugiés économiques veulent que l’Europe soit plus rigoureuse par rapport à la gestion de l’aide publique. Une Europe rigoureuse, c’est cette Europe qui démasque des coopérants corrupteurs et corrompus par un mécanisme de prévarication tentaculaire subtile. Une Europe rigoureuse, c’est celle qui forme par l’exemple et la pratique à l’élaboration de projets réels de développement local. En absence d’une réforme de l’aide au développement des pays pauvres et très endettés, la crise migratoire africaine va perdurer. Il faut prévoir l’avenir. On ne le dira jamais assez. Sur les tresses des leurres du sommet de Malte, on bien tresser des lianes de joie.

  1. Les lueurs du sommet de Malte

La question de la migration économiquement viable trouvera une solution. Ceux qui sont utiles seront utilisés. Il faudrait trouver une solution rapide pour ceux qui ont réussi à braver la mort. C’est ce qui serait judicieux. Mais on devrait se demander si les intéressés ont une qualification pour exercer un travail décent. Là est une autre manche. Les chefs d’Etat auront à proposer des solutions notamment l’aide au développement. L’idée d’un fond pour booster un développement économique est bonne mais elle est handicapée par les conditions africaines de gouvernance marquée par une corruption galopante et un vol caractérisé. Il faudrait encourager la transparence par la démocratie. La possibilité pour les peuples de révoquer les dirigeants corrompus. En s’éloignant des causes réelles de la migration forcée des Africains, Bruxelles aurait perdu son temps et son énergie. Entre deux cocktails à Malte, on aurait pu observer une minute de silence pour le Président du Burundi et du Congo-Brazzaville pour leur troisième mandat meurtrier et inévitablement génocidaire.

 Herbert-Tauyé Houngnibo


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