Dossier Corridor ferroviaire Bénin-Niger : Gustave Sonon ne maitrise pas le dossier

Publié le dimanche 26 juillet 2015

Le nouveau Ministre des travaux publics et des transports (Mtpt) du Bénin, était hier, dimanche 26 juillet 2015, sur l’émission Ma part de vérité de Golfe Télévision. Mais apparemment, il ne maitrise aucunement l’un des sujets dont il a parlé. Il s’agit du dossier « corridor ferroviaire Bénin-Niger ». Selon ses explications, le nouveau ministre en charge des transports ne connait pas les tenants et aboutissants de ce dossier. Plutôt que des vérités, il y a eu de nombreuses contre-vérités. Alors, il est bien de remettre les choses à l’endroit.

La presse en a fait son chou gras ces trois dernières semaines. Et pourtant, certains semblent ne pas reconnaitre l’évidence du bras de fer qui oppose les gouvernements nigérien et béninois et le Groupe Bolloré d’une part au Groupe Petrolin d’autre part à propos du projet de réhabilitation, d’extension et d’exploitation du chemin de fer Cotonou-Parakou-Dosso-Niamey. En effet, document à l’appui, les différentes presses ont démontré à suffisance la justesse des revendications du Groupe Pétrolin, déclaré adjudicataire de l’appel d’offres international lancé par les Etats nigérien et béninois à propos de la réhabilitation et de l’extension du chemin de fer Cotonou-Niamey. Un projet dont le Groupe Bolloré a pourtant convaincu les deux Etats de le faire partenaire stratégique, en dépit de l’accord de non-concurrence et de non-contact avec les Etats qu’il avait signé avec le Groupe Pétrolin. Des manquements qui ont été décriés et dénoncés de part et d’autre sans que jamais le Bénin, le Niger et le Groupe Bolloré ne donnent l’impression de vouloir revenir au droit et à la raison.

Hier, sur l’émission de Golfe Tv, le ministre Gustave Sonon a semblé accréditer l’idée selon laquelle le Groupe Pétrolin, une fois déclaré adjudicataire de la concession du chemin de fer Cotonou-Niamey, n’a pas daigné créer de société devant prendre la charge de cette concession. Alors, les deux Etats et le Groupe Bolloré ont donc envisagé à partir d’avril 2015 de la dissolution de l’Organisation Commune Bénin-Niger (Ocbn) et son remplacement par la «Bénin-Niger rail infrastructure» (Bénirail». Vu sous cet angle, l’argumentaire du ministre Gustave Sonon ne repose alors sur aucune base véridique. En effet, le Groupe Pétrolin a bel et bien créé en janvier 2014, une société dénommée la «Transafricaine des Transports et des Chemins de Fer Bénin-Niger (2TCBN) sise à Cotonou, carré 7008 Les Cocotiers Route de l’aéroport, dont l’objet est précisément la réhabilitation, l’extension et l’exploitation du chemin de fer Cotonou-Parakou-Dosso-Niamey en conformité avec les décisions du comité de pilotage du projet de chemin de fer Bénin-Niger qui en a reconnu le bien-fondé. Bien avant cette société, il y a eu la réalisation de toutes les études de faisabilité par les plus grands prestataires mondiaux des chemins de fer. En conséquence, la 2TCBN n’avait nullement pour objet la réalisation des études de faisabilité du projet, comme l’a dit le ministre.

L’autre contre-vérité est lorsque le ministre affirme que contrairement au Groupe Pétrolin, le Groupe Bolloré entend réaliser le projet entièrement sur fonds propres. Ce que le ministre ne sait pas est qu’au regard de ses moyens financiers, le Groupe Pétrolin dispose plus que largement des moyens pour financer par lui-même la réalisation de tous les aspects du projet, de la réhabilitation à l’extension du chemin de fer de Cotonou jusqu’à Niamey. Seulement, il est toujours mieux pour tout opérateur, dans ce genre de cas, d’être accompagné par des partenaires avec lesquels partager les risques et avantages du projet. C’est pareil pour le Groupe Bolloré, même s’il dit en détenir les moyens, ne va pas exécuter un tel projet seul et sur fonds propres exclusifs.

Enfin, sur la signature de la convention de concession au Groupe Pétrolin, signature qui n’est jamais intervenue malgré les nombreux rappels de l’adjudicataire du projet qui, dans ce cadre a effectué de nombreux déplacements à Cotonou, il est inexact de la part du ministre d’imputer la responsabilité de cette non signature au Groupe Pétrolin. A plusieurs reprises, invité à venir signer la convention de concession de l’Ocbn, le Président Directeur Général du Groupe Pétrolin, le béninois Samuel Dossou Aworet a bien souvent dû repartir bredouille suite à des contretemps excipés par la partie gouvernementale. A défaut de la signature de cette convention déjà apprêtée par le Comité de pilotage conjoint Bénin-Niger, coprésidé pour le Bénin par Monsieur Martin Gbedey, et pour le Niger par Monsieur Abdoulaye Ida, la lettre de confort engageant les deux Etats a autorisé l’adjudicataire Pétrolin à engager des travaux en attendant la signature du contrat, ce qu’il a fait à ses frais. Mieux, M. Samuel Dossou Aworet, à la demande expresse du Président béninois Boni Yayi, a engagé en toute confiance et entièrement achevé la réalisation du Port sec de Parakou sur fonds propres, dans l’attente de la signature de la convention de concession, ce dont peuvent témoigner des membres du gouvernement actuel parfaitement au fait de la réalité des événements. Depuis toujours, les autorités béninoises et nigériennes manquent d’arguments pour couvrir leur erreur. Il faudrait bien qu’elles finissent par reconnaitre leur erreur en rétablissant l’adjudicataire légitime dans ses droits. La société civile béninoise a su bien comprendre le jeu qu’elle a décidé de se lancer dans le combat. La preuve que les uns et les autres commencent par comprendre le mauvais jeu que jouent les deux Etats et Bolloré.

 Junior Fatongninougbo


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