Corruption dans le secteur minier au Faso : Le REN-LAC présente les résultats de son étude
Le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC) a organisé ce jeudi 5 février 2015 à Ouagadougou un atelier d'échanges autour des résultats de son étude qui a porté sur les présomptions et perceptions de la corruption dans le secteur minier burkinabè.
La corruption, un phénomène réel dans le secteur minier burkinabè, selon les résultats de l'étude du Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC) présentés ce 5 février 2015 à Ouagadougou au cours d'un atelier. « La corruption peut intervenir au moment de l'attribution des titres de recherche minière, pendant l'exploitation ou pendant l'exportation », indique le secrétaire exécutif du REN-LAC, Claude Wetta, fort des résultats de l'étude qui s'est intéressé aux présomptions et perceptions du phénomène dans les mines, perçues comme « un secteur fermé où la transparence n'est pas la chose la mieux partagée ». « Il ressort des enquêtes, que l'attribution des contrats de recherches se fait de façon mafieuse au profit d'un régime politique plutôt qu'à la nation entière. Ainsi, on observe l'existence des sociétés prête-nom et qui s'octroient la plupart des marchés relatifs aux mines. A cet effet, un enquêté confie que « le régime en place vend des contrats de recherche à ses amis et à ceux qui peuvent lui trouver beaucoup d'argent. C'est vraiment un système car ceux-là mêmes qui s'occupent de l'octroi des contrats sont les amis sûrs du régime », relève Sagado Nacanabo, secrétaire exécutif adjoint du REN-LAC dans sa présentation de l'étude. Et « les acteurs perçus comme les plus corrompus dans la filière sont entre autres, les responsables locaux des sites miniers, les cadres supérieurs des sociétés minières, les autorités délivrant des permis d'exploitation ou d'achat des minerais et les ministres, les directeurs et agents ». Ainsi, les acteurs perçus comme les bénéficiaires de la corruption dans le secteur minier sont les hommes politiques. Ils sont 38,13% des enquêtés à l'affirmer. Viennent ensuite les cadres supérieurs et dirigeants, à la fois du privé et du public, qui représentent 32, 49% des avis des enquêtés. Les cadres moyens sont également identifiés comme étant d'autres grands bénéficiaires de la corruption dans les mines (16,15%). L'étude révèle aussi une quasi-absence du contrôle de l'administration sur les sites miniers, ce qui favoriserait le non-respect de la règlementation et la corruption.
Etude diversement appréciée
Les résultats de l'étude sont diversement appréciés par les participants à l'atelier (représentants des mines, représentants de l'administration et des organisations de la société civile). Certains l'ont applaudie parce qu'elle met le doigt sur des faits réels tels l'absence de contrôle de l'Etat sur les sites miniers, ce qui laisse penser à une sorte de « complicité avec les sociétés minières dans le pillage des ressources du pays ». Cela d'autant plus que la majorité des populations riveraines estiment, dit-il, que les promesses qui leur ont été faites par les sociétés minières n'ont pas été tenues. D'autres, par contre, l'ont trouvée légère parce qu'elle s'est appuyée sur des présomptions et des perceptions. Mais, pour le secrétaire exécutif du REN-LAC, le but à travers cette étude, n'est pas seulement de dénoncer. Le but, c'est de voir comment avancer ensemble sur cette question de la corruption. D'où tout l'intérêt, assure-t-il, du présent atelier qui permet aux uns et aux autres de se parler dans un esprit constructif. Les enquêtes de la présente du REN-LAC ont été menées en 2013 et complétées par d'autres enquêtes de consultants destinées à donner plus de substance à l'étude. Elle a concerné au total 300 travailleurs (cadres et ouvriers) des 8 sites miniers suivants : Société d'Exportation Minière d'Afrique de l'Ouest (SEMAFO) ; Société de mines de Belahouro (SMB SA) ; Burkina Mining Company (BMC) ; Youga ; Bissa Gold, Kalsaka Mining SA ; Essakane SA ; Nantou Mining Perkoa ; Société des mines de Taparko (SOMITA SA).
Grégoire B. Bazié
Lefaso.net
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