La victoire du peuple

Publié le jeudi 20 novembre 2014


Un match inédit s'est joué au Burkina Faso les 30 et 31 octobre 2014 sur un terrain non gazonné entre opposition politique et majorité. Ce qui déjà annonce des blessés graves et même mortels. Ce grand match se vivait en live sur toutes les chaînes internationales. Bien avant le coup d'envoi prévu pour le 30 à 8 heures les échauffements avaient commencé de part et d'autre depuis très longtemps.




Pour l'opposition, c'est à la date du 28 octobre qu'il y a eu le regroupement de toute l'équipe et certains joueurs et supporters ont préféré dormir au stade jusqu'au 30 pour ne pas se laisser conter les événements. Malheureusement, les internationaux ont brillé par leur absence mais ils étaient de cœur avec leur équipe chacun dans son club.

La première partie du jeu s'est engagée le jeudi 30 octobre 2014.


Sans répit, l'on a assisté à une partie très décisive. Un terrain sans gazon et en plus les joueurs de la majorité ont porté des chaussures avec des crampons en fer et cela a même échappé à la vigilance du staff technique. Des blessés par ci et même des morts par là, cela n'a aucunement découragé les adversaires qui tenaient vaille que vaille à la victoire. Trop de brouillard empêchait les joueurs de se reconnaitre sur le terrain et même une pluie à gouttes chaudes accompagnée de grêle s'abattait sur les joueurs et supporters. Et sans relâche, des dribles par ci, des coups francs par là ont émaillé le reste du match

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C'est après une lutte âpre que l'arbitre central a renvoyé les deux camps dans les vestiaires pour se désaltérer et se ressourcer d'énergie pour la deuxième partie du jeu qui s'annonce rude. C'est à cette période de repos que les arbitres se sont rendu compte qu'il y a eu trop d'erreurs dans le jeu. Des menaces de sanctions par ci, des avertissements par là risqueraient de tomber sur les deux adversaires si toutefois les consignes du jeu ne sont pas respectées. On s'attendait même à un jeu d'éponge de l'opposition au regard des blessures orchestrées lors de la première partie mais découragement n'est pas burkinabé.


La pause fut assez longue et c'est le vendredi 31 octobre que la deuxième partie du jeu a repris avec des instructions assez fermes de part et d'autres. L'opposition a assiégé le camp de la majorité. Le capitaine de l'équipe sentant la défaite venir a instruit à ses coéquipiers de respecter les règles du jeu en se déchaussant de leur crampon en fer. Il appelle donc au fairplay. L'opposition n'entend pas cela d'une bonne oreille, la victoire ou rien. L'appétit vient en mangeant a-t-on l'habitude de dire. Et c'est dans cet élan d'enthousiasme que le capitaine de l'équipe de la majorité a finalement démissionné. L'opposition qui n'avait pas un objectif aussi ambitieux que cela s'est retrouvée en phase finale et cela grâce au soutien inestimable du douzième joueur.


L'équipe adverse a donc démissionné par la force de l'argument. La phase finale reste la plus décisive. L'essentiel n'est pas de conduire son adversaire à la démission mais d'assurer une cohésion, un climat social afin de ne pas décevoir le principal acteur de cette victoire qu'est le peuple. Se serait déplorable que ces ténors se transforment en loup à cause du trophée final en piétinant les intérêts du peuple. Ne soyez pas comme des puces qui sucent tous sur leur passage et comme le disait l'autre : « la jeunesse burkinabé a les yeux ouverts, les femmes burkinabé ont les yeux ouverts, et plus rien ne sera comme avant ». Ne donnez pas raison à ceux qui se nourrissent d'inquiétude de l'avenir du Faso après la démission du capitaine de l'équipe.


Karim KABORE

abdoulkaka@yahoo.fr





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