Concours national d’arts plastiques : Aimé Akpinkou alias Azébaba sacré meilleur

Publié le jeudi 10 novembre 2016

societeLes résultats du Concours national d’arts plastiques (Peinture et sculpture) organisé par la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin) dans le cadre de  la célébration de la Journée internationale des arts plastiques édition 2016 viennent de tomber. Selon le verdict rendu public le vendredi 04 novembre 2014,  à la Médiathèque des Diasporas à Cotonou, le premier prix est revenu à l’artiste plasticien béninois Azébaba Maharajah.

L’artiste plasticien béninois Azébaba Maharajah, de son vrai nom Aimé Akpinkou. C’est à lui que revient le premier  prix du Concours national d’arts plastiques (Peinture et sculpture),  initiative de  la Fédération des associations professionnelles des plasticiens et graphistes du Bénin (Faplag-Bénin). En effet, cette compétition organisée dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des arts plastiques édition 2016  a enregistré plus d’une dizaine de candidatures.  D’après le  jury, présidé par l’artiste plasticien Dominique Zinkpè,  la sélection a été très minutieuse. Les membres ont tenu compte entre autres, de la qualité de l’œuvre et les couleurs utilisées. Pour eux, l’œuvre  de Azébaba  est plus de qualité car elle colle plus au thème proposé pour la compétition. Tous les membres du jury ont été unanimes s’agissant de l’appréciation de l’œuvre de l’artiste. En effet, l’œuvre  de Azébaba s’intitule «IfaWlin». C’est la création de la terre selon le Seigneur Ifa. Cette terre a été créée par l’arc-en ciel à l’aide de la première fille Dada Sègbo qui est devenue la lune pour gouverner la nuit. C’est donc cette fille qui a aidé «Aïdohouèdo» à créer  la terre avec tout ce qu’elle contient. A travers cette œuvre, Azébaba a choisi de retracer cette histoire car il n’y avait que l’obscurité  avant la création de la lumière par «Aïdohouèdo» qui s’est transformé en soleil pour qu’on ait le jour et la nuit. D’où la naissance et la voyance des couleurs. Ces couleurs, pour l’artiste font du bien aux Hommes car elles dégagent des rayons, des énergies positives depuis la création du jour. Raison pour laquelle, il utilise ces couleurs pour peindre des œuvres que les agents appellent curatives. Pour la présente œuvre qui a séduit le jury, l’artiste a utilisé les matériaux comme le « vi » pour les ténèbres plus les peintures à huile. « J’ai produit cette œuvre parce que je suis un initié intronisé à bas âge et le premier plasticien à peindre sur les divinités », a confié l’artiste. Pour lui, cela fait plaisir que son œuvre soit primée, après plusieurs années de travail. Cette distinction est la preuve qu’il est sur de bonne voie car longtemps, les gens trouvaient un peu diaboliques ses œuvres.  Tout comme le doyen en art plastique, Gratien Zossou, le président de la Faplag, Philppe Abayi, les grands noms de l’art plastique présents au jour de délibération, ont tous décerné un satisfecit à l’artiste Azébaba. Pour avoir mérité ce sacre, l’artiste tout comme les deux autres qui l’ont suivi (deuxième et le troisième), a reçu des mains des organisateurs des lots faits d’une enveloppe financière et d’un diplôme d’honneur.

A la rencontre de l’artiste

Descendant des artisans fabricants des objets d’arts et de fusils en pays Agony, l’artiste plasticien béninois Azébaba Maharajah se fait distinguer par la qualité et l’originalité de ses œuvres. Il a un style curatif et légendaire qui sort de l’ordinaire. Son travail consiste à agencer des signes et des couleurs pour régler des problèmes urgents de société. A l’en croire, l’on peut être guéri juste en regardant ses tableaux riches en signes et couleurs du Fâ. L’art, l’artiste l’a hérité de ses aïeux qui ont été les premiers artisans fabricants des objets d’arts, des fusils artisanaux, des masques Guèlèdè à Agony. Bien qu’ayant été initié dans le couvent, intronisé et moine de Ifâh à l’âge de neuf ans, l’appellation Azébaba (Le grand sorcier en Fongbé) n’est pas mystique comme le pensent bon nombre de gens. C’est un nom qui lui a été collé pour avoir réalisé avec succès, le portrait d’un Chef de collectivité, un ancien combattant de la famille Glèlè à Lissazounmè en 1998. Sans avoir vu la personne, Azébaba a dessiné sans faille cet ancien combattant de l’armée française. Et pour les fils et les proches de l’illustre disparu, l’artiste est un grand sorcier. Et c’est à partir de là que les gens ont commencé à l’appeler Azébaba. Une appellation qui a trouvé un écho favorable partout où passe l’artiste. Azébaba a fait ses premiers pas depuis le bas âge. Au Ce2, l’artiste, à cette étape embryonnaire de sa carrière, faisait des cahiers de choix et des crèches. Il était très sollicité parce qu’il le faisait avec soin. A un moment donné, l’art a pris le dessus sur les études de l’artiste. Plasticien sculpteur, musicien, photographe en ce moment, le désir de Azébaba de devenir un artiste au complet l’a conduit à l’Ecole internationale des arts du Nigeria (Oshogbo Arts school). Après trois ans de formation dans cette école très respectée dans le monde entier, l’artiste a reçu son parchemin qui atteste qu’il est un professionnel pur de l’art et un produit de Oshogbo Arts school. Dans ses recherches, Azébaba a eu la chance d’épouser quelques courants d’idées de certains ancêtres des artistes comme Salvador Dali et Van Gogh. Ces deux noms inspirent l’artiste dans son travail.

Des œuvres d’art qui guérissent !

Les œuvres de Azébaba sortent de l’ordinaire. Un témoignage de tous les visiteurs des œuvres de l’artiste. Quand Azébaba grandissait dans l’art, il a compris que ce qui se faisait comme art n’était pas trop juste pour décorer les salons et les bureaux. « Quand on va en Chine comme en Inde, on a des tableaux d’arts qui sont placés dans les maisons comme des gardiens. Une chose qui m’a inspiré à fouiller un peu dans le Fâ », a expliqué l’artiste. Dans ses recherches, Azébaba a constaté que le Fâ est le premier envoyé qui a travaillé sur les signes et les couleurs pour faire ses miracles et installer la paix sur toute la terre. C’est ainsi qu’il a décidé de poser les pas dans ceux de Fâ. Le style souvent utilisé par l’artiste est le surréalisme. Il s’est spécialisé dans le pointillage et le tatouage. Comme le Fâ, ce disciple de Salvador Dali et Van Gogh guérit par des couleurs, des formes, des signes et des verbes. L’artiste a un style curatif qui sort de l’ordinaire. Son style est légendaire et parle plus du passé, du présent et du futur, à l’image du Fâ. Dans ses œuvres, l’artiste essaie de faire ressortir et partage ce qu’ils appellent « les côtés cachés » du Fâ encore moins connus de tous. Azébaba agence les couleurs, les signes et les couleurs pour régler des problèmes urgents de la société. Il a l’habitude de peindre les femmes avec les pointillages. D’aucuns disent que l’artiste dessine des femmes nues. A ses dires, le pointillage est un vêtement qu’il porte à la femme ; car pour lui, la femme est le sel et le sucre de la vie. S’il accorde plus d’importance à la femme dans ses œuvres, c’est parce que la femme est, selon lui, le goût de la vie. C’est par elle que sont venus le Fâ pour les animistes et Jésus-Christ pour les chrétiens. En dehors de la femme, le Fâ, Azébaba passe par le biais de la musique où il est également connu pour inciter à la paix dans la cité à travers ses œuvres d’arts. L’autre mission de l’artiste est de faire connaître à tous qu’on n’a pas besoin forcément d’aller vers un féticheur, un guérisseur traditionnel ni un spiritualiste et de dépenser gros pour obtenir la guérison. Azébaba amène chacun à se connaître pour que la paix règne partout.

Des ambitions géniales !

Les projets de Azébaba à court comme à long termes sont énormes. L’une des ses ambitions est d’exposer ses œuvres partout dans le pays afin de faire connaître à la population ses découvertes, ce qu’il sait faire. Azébaba rêve un jour d’avoir un musée dans lequel il y aura toutes ses œuvres qui portent sur le Fâ. Il projette également rassembler un jour les gens qui maîtrisent les signes et les couleurs du Fâ pour une large campagne de sensibilisation à l’endroit des populations qui ignorent encore les informations utiles sur le Fâ. « Ce rassemblement ne sera pas une religion. Il sera un mouvement qui fera savoir que tout est positif et que Dieu nous a tout donné. Ce rassemblement fera savoir que tout ce que Dieu a créé a d’une utilité dans la vie. Il fera siens les messages de Dada Sègbo. Je dis et je redis que sans l’argent on peut se faire guérir juste avec mes tableaux riches en signes et couleurs de Fâ », confie-t-il. Il faut rappeler que l’homme est aussi connu dans le monde musical avec à son actif plusieurs opus et des chansons. Azebaba, profondément ancré dans sa culture, a commencé par la musique avec le groupe Mpesse Mpesse du Ghana ; mais sa rencontre avec l’artiste chanteur Fela Anikula kpoKuti va le conduire vers des horizons nouveaux. Il entre en contact avec l’école des beaux-arts d’Oshogbo au Nigéria pour des formations tant en musique que dans les arts plastiques. En 1991, il sort son premier album de six titres intitulé « J’aime Cotonou » avec N’pessè N’pessè du Ghana au Nigeria . En 1995, il crée le Groupe Yankiss Poly Junior à Godomey . En 2004, il sort le deuxième Album « On va Tiloler » de six titres. Dans la même année, il sort le troisième Album de sept titres « Waba » ; et en 2012, il sort des chansons Spirituelles du Fâ et des Divinités en exclusivité encore au Studio. Très connu à l’extérieur, du fait de son métier de pâtissier et à cause de la musique qu’il a pratiqués pendant des années, Azébaba a un parcours artistique très riche. Il a à son actif plusieurs distinctions.

Victorin Fassinou


via La Presse du Jour http://www.lapressedujour.net/archives/51445
Categories: ,