Rencontre au palais de la Marina lundi dernier : Ce que chaque syndicaliste a dit à Talon (Les réponses du Chef de l’Etat)
Le lundi 22 août 2016, le Chef de l’Etat, Patrice Talon, recevait pour la première fois depuis son investiture le 6 avril dernier, les secrétaires généraux des centrales et confédérations syndicales. Par ce compte rendu de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), on a une idée de ce que chacun a dit à cette rencontre.
COMPTE RENDU DE LA RENCONTRE ENTRE LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, PATRICE TALON ET LES SECRETAIRES GENERAUX DES CONFEDERATIONS SYNDICALES A LA PRESIDNECE DE LA REPUBLIQUE LE LUNDI, 22 AOÛT 2016
Assisté des deux ministres d’Etat, Pascal I. KOUKPAKI, Abdoulaye BIOTCHANE et de la ministre en charge du travail et de la fonction publique et de quelques directeurs techniques, le Président de la République a, dès l’ouverture de la séance planté le décor :
1- Il remercie les confédérations syndicales du rôle qu’elles jouent dans la sauvegarde de la démocratie et particulièrement pour l’alternance qui vient de s’effectuer à la tête du pays. Il reconnaît que le syndicat a le droit de s’intéresser à la politique sous le rapport de veiller à une bonne gouvernance du pays ;
2- Il formule le veut que la charte sur le dialogue social soit signée par toutes les confédérations tout en reconnaissant que cette signature n’est pas obligatoire ;
3- Il a annoncé que bientôt vont s’ouvrir les négociations au sein de la commission compétente en la matière en vue de satisfaire les revendications des travailleurs dans la mesure des moyens disponibles.
Les confédérations ont, tour à tour, pris la parole pour exprimer leurs préoccupations :Emmanuel ZOUNON de l’UNSTB, a souhaité avoir des informations sur le RAMU, sur la crise du secteur du ciment. Il a aussi déploré la persistance de la crise au campus d’Abomey-Calavi.
Le Secrétaire Général de la CSTB, Paul Essè IKO, a,à travers un message écrit et transmis au président, exprimé les préoccupations de sa confédération qui se résument comme suit :
1- Luttes des travailleurs contre la mauvaise gouvernance, l’impunité et la corruption pour la satisfaction de leurs revendications sous les régimes passés ;
2- Avec le nouveau régime, des réformes s’opèrent dans l’opacité. A cet effet les travailleurs ont, à partir du forum du 1er juin 2016, adressé au gouvernement leurs préoccupations notamment : leur représentation à l’Assemblée Nationale et la généralisation de l’expérience de l’Université sur l’élection des responsables à tous les autres secteurs de l’administration publique pour mieux lutter contre la corruption et la mauvaise gestion ; la dénonciation des réformes secrètes à la santé et dans le secteur de l’éducation ;
3- La dénonciation des violations des libertés démocratiques dans la rue et au campus d’Abomey-Calavi où des autorités ont, arbitrairement, exclu 21 étudiants et invalidé l’année académique à la FLASH, avec la bénédiction, semble-t-il, du gouvernement qui envoie les forces de l’ordre mater les étudiants, en violation flagrante, des franchises universitaires. La dénonciation des dérives fascisantes du préfet Modeste Toboula qui tend à remplacer le maire de Cotonou. Les inquiétudes exprimées sur les menaces de sanctions disciplinaires qui planent sur la tête de certains policiers qui n’ont fait qu’exprimer leurs droits syndicaux prévus par la loi et sur la répression des responsables syndicaux du ministère de la justice assignés en justice par un président du tribunal ;
4- Autres revendications des travailleurs.
Quelques revendications des travailleurs des ministères de la santé, de la justice, de l’intérieur de l’agriculture, de l’éducation, ont été rappelées : le recrutement ou le reversement des agents contractuels de diverses catégories qui sont, soit sans salaire depuis huit (08) ans ou qui gagnent de maigres salaires. La violation des libertés syndicales dans le secteur privé et la nécessité de la création d’un tribunal de prud’homme. Pour le détail des revendications présentées, cf. l’intervention du Secrétaire Général de la CSTB.
5- Des avancées notables
Des avancées notables à l’actif du gouvernement ont été constatées notamment sur l’annulation des concours frauduleux, la poursuite des fraudeurs, la poursuite des fonctionnaires nantis de faux diplômes et l’abrogation des décrets scélérats et frauduleux.
A cet effet, la CSTB a rappelé ses revendications relatives à la nécessité pour le Président, patrice TALON de prendre un décret intégrant ses représentants au CES, 5ème mandature, qui abroge le décret scélérat N°2014-396 du 15 juillet 2014.
Le souhait exprimé d’étendre les audits à toutes les sociétés et services publics depuis 2006 au moins, à 2016.
Pour ce qui est de la charte du dialogue social, la CSTB estime qu’elle avait réservé sa signature avec le gouvernement de Boni YAYI qui ne rassurait pas les travailleurs. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement n’offre aucune garantie que la signature d’une telle charte profiterait aux travailleurs et au pays, vu de graves dérives qui s’observent déjà surtout en matière de respect des libertés démocratiques.
Après le Secrétaire Général, Paul Essè IKO, c’est le Secrétaire Général de la CGTB, Pascal TODJINOU qui a pris la parole pour déplorer la répression des étudiants à Abomey-Calavi et dénoncer, comme le SG IKO, le comportement dictatorial du Préfet Modeste TOBOULA qu’il invite le président à rappeler à l’ordre.
Les autres Secrétaires Généraux sont allés, globalement dans le sens des premiers intervenants, sauf celui de la CSA-Bénin, Dieudonné LOKOSSOU, qui a surpris tous les participants en s’attaquant ouvertement à la CSTB dont il dit au Président de ne pas prendre en compte les revendications présentées par elle. Dans son intervention, il a pratiquement remis en cause, pour l’essentiel, les revendications présentées par ses collègues au point de faire l’apologie de la répression des étudiants dans la rue et à l’UAC par le Préfet, Toboula et le recteur, Brice SINSIN.
REPONSES DU PRESIDENT
Après toutes les interventions, le Président de la République a, globalement répondu à quelques préoccupations et pris l’engagement de faire ouvrir les sessions de négociations avant la rentrée scolaire. Il a annoncé que la loi sur le RAMU est inadaptée aux réalités du pays et qu’elle sera abrogée et reprise.
Pour ce qui est des réformes, le Président dit avoir pris l’option de faire travailler en groupe restreint composé de spécialistes qui vont lui faire des propositions à mettre en œuvre.
Ainsi, dans l’éducation, il estime que les réformes ne toucheront pas les programmes d’enseignement. Seules les structures administratives seront revues.
Cette dernière idée du Président de la République crève l’œil et vient confirmer l’inquiétude que les uns et les autres nourrissaient sur l’efficacité des commissions restreintes.
Avec la ruine de l’école, où les Nouveaux Programme et le LMD, sont partout décriés, comment peut- on penser sauver l’école sans toucher aux programmes ?
C’est pour cette raison que la CSTB a pris l’initiative d’organiser un forum, le mardi 06 septembre 2016 sur le Thème : Face à la ruine de l’école au Bénin, quelles solutions adéquates pour en sortir ?Elle invite toutes les bonnes volontés, personnes physiques ou morales à la soutenir pour le succès de cette initiative.
Fait à Cotonou, le 23 août 2016
Le Secrétaire Général Confédéral Adjoint
Nagnini KASSA MAMPO
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