Hommage du Chef de l’Etat à Zinsou hier : «La Nation honore son fils parce que celui-ci l’a honorée»

Publié le jeudi 25 août 2016

Les obsèques à feu Emile Derlin Zinsou ont démarré hier, mercredi 24 août 2016. C’est la salle rouge du palais des congrès à Cotonou qui a accueilli la dépouille mortelle de l’ancien président de la République du Bénin. Dépouille mortelle conduite au palais des congrès sur une commande-car et couverte des couleurs nationales. La cérémonie-hommage a été marquée par les honneurs militaires à la dépouille, le mot du porte-parole des anciens ministres du président Zinsou et surtout par l’oraison funèbre prononcée par le Chef de l’Etat, Patrice Talon (lire ci-dessous l’oraison). Le président de la République a ensuite signé le livre de condoléances. Les ministres du gouvernement, les membres du corps diplomatique, les présidents des institutions de la République ont aussi assisté à ces hommages officiels de la nation à l’illustre disparu. Les obsèques continuent et prennent fin ce jour après une messe corps présent à l’Eglise Saint Michel de Cotonou et l’inhumation dans l’intimité familiale. 

ORAISON DE PATRICE TALON

Il n’y a pas de devoir plus responsable, quoique douloureux, que celui qui incombe à un Président de la République d’adresser l’ultime adieu à l’un de ses éminents et admirés prédécesseurs. Prendre la parole devant la dépouille d’un homme aussi grand n’est pas une tâche facile.

Mais si la charge ne me pèse point, le cœur ne m’étreint devant le prestige d’une vie au service de la nation.

Mesdames et Messieurs,

Il est d’adage universel que toute disparition est leçon. Celle de notre regretté Président est leçon d’un parcours de vie dont on se souviendra qu’il fut essentiellement construit autour des valeurs de conviction, d’audace et de témérité.

On retiendra en effet, et avec assurance, que le Président Emile Derlin ZINSOU a construit son parcours sur la fondation de convictions assumées et rarement ébranlées.

Pour éclore, toute conviction a besoin d’être nourrie par cette forme de hardiesse ou d’audace qui se transforme parfois en témérité.

L’audace et la témérité constituent des caractères que l’on attribuerait sans hésitation à l’illustre disparu.

Conviction, audace et témérité ont, en effet, marqué ses choix épiques, soit en faveur du non au référendum instituant la Communauté française, soit dans la renonciation aux fonctions de secrétaire général du Rassemblement démocratique africain (RDA) lors du congrès de Bamako.

Conviction, audace et témérité ont également marqué ses combats politiques internes et sa gestion à la tête de l’Etat.

Au-delà, Emile Derlin ZINSOU fut un homme pour qui la dignité a un sens. Dignité de sa personne et dignité de son peuple.

Nous savons tous que le Président ZINSOU a transformé son passage à la tête de notre Etat en une ode à la dignité.

Ce ne fût pas facile et, à n’évoquer simplement que son nom, des générations de nos compatriotes sont encore marquées par le souvenir de sa fermeté.

Les mesures et les procédés audacieux qu’il mit en place pour éloigner de notre Nation la culture de la mendicité furent peu appréciés.

Mais on l’aura compris et on le comprend davantage aujourd’hui que nul peuple n’assure sa liberté s’il ne détermine par lui-même les solutions essentielles à ses besoins existentiels.

Lorsque, dans ces conditions, vient le moment du suprême Adieu, il arrive que le peuple se lamente peu parce que le souvenir, assurément vif, laudatif ou critique, n’en est pas moins élogieux, surtout quand la grâce de la longévité n’a pas fait défaut.

La Nation honore son fils parce que celui-ci l’a honorée.

L’Etat révère son serviteur parce que celui-ci l’a révéré.

Et le repos, lorsqu’il est mérité, ne peut qu’être apaisant et apaisé.

Adieu tonton !

Adieu Président !

Adieu !


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