Burkina : L’UPC dénonce des actes de corruption de journalistes, de syndicalistes et de membres d’OSC
Dans cette déclaration, l’Union pour le progrès et le changement, parti politique membre de l’opposition, dénonce des cas de corruption au sein de la presse, des syndicats et des organisations de la société civile.
Dans sa parution du lundi 22 août 2016, sous le numéro 1731, le journal « Le quotidien » rend compte d’une ténébreuse affaire sous le titre » 500 000 FCFA de carburant donnés aux SG des syndicats du MENA. La F- SYNTHER et le SYNAPAGER refusent le deal « .
Dans cet article, il est fait état de ce que le ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) a donné à chaque secrétaire général des syndicats relevant de ce ministère, une somme de cinq cent mille francs pour leur carburant. Sur les 15 secrétaires généraux des syndicats de ce ministère, seuls les secrétaires généraux de la F-Synter et du Synapager ont refusé de mordre à l’hameçon.
Dans leurs déclarations, ces derniers ont affirmé avoir été contactés par les services du ministère pour venir prendre du carburant. Mais que sentant le piège, en raison des problèmes qui les opposent à leur ministre et du caractère opaque de ce « don », ils ont préféré décliné l’offre.
Dans un communiqué paru ce 24 août, le MENA a tenté d’étouffer ce scandale, en prétextant que cet acte de corruption manifeste était un appui sollicité par certains syndicats. Le MENA a par ailleurs avancé des références d’une lettre et fait allusion à des décharges qui ne sont nullement crédibles. En effet, la lettre à VIVO ENERGY peut être parfaitement antidatée pour sauver les meubles, et les décharges peuvent être falsifiées suite au scandale. A l’évidence, le MENA a mis du temps pour réagir, parce qu’il lui fallait du temps pour glaner des justificatifs.
Dans le fond, que dire de cette générosité calculée ?
Assurément, c’est de la corruption. Quand on se réfère au contexte dans lequel cette gratification est faite, marqué par les différends qui opposent les syndicats à leur ministre de tutelle, l’on ne peut s’empêcher de penser que par ce geste, il entendait, réduire les ardeurs des dirigeants syndicaux et ainsi les « domestiquer ».
Venant du sommet de l’État, cet acte est d’une gravité extrême et suscite des questionnements :
-Primo : Existe-t-il une ligne budgétaire dans ce ministère permettant de faire de telles gratifications et dans des conditions floues ? Les arguments du ministère y relatifs ne convainquent pas.
-Secundo : Pourquoi ces dons sont-ils offerts aux secrétaires généraux personnes physiques et non aux syndicats personnes morales ?
-Tertio : Pourquoi et comme par enchantement, c’est au moment où des contentieux opposent les syndicats à leur Ministre, que cette générosité se manifeste t- elle à l’égard des dirigeants syndicaux ?
D’ores et déjà, l’UPC s’insurge contre cette politique de corruption initiée au sommet de l’Etat, et son utilisation par les tenants du pouvoir comme mode de gouvernement.
Notre parti remarque que cette pratique malsaine de corruption de l’espace social autrefois décriée, a repris de plus belle depuis l’arrivée du MPP au pouvoir. En effet, dans le souci de museler les esprits et anéantir toute velléité de contestation au moment où il a du mal à satisfaire les attentes des populations, le MPP a décidé de s’acheter des sympathies dans les milieux de la presse, des syndicats et des OSC.
Des informations dignes de foi font état de ce que des journalistes au sein de certains organes de presse, sont devenus des agents rétribués du parti au pouvoir, à l’insu même de leur hiérarchie, et ce afin de produire des articles complaisants vis-à-vis de la politique du gouvernement, ou très critiques vis-à-vis de l’Opposition.
La même politique est en cours dans le milieu syndical afin d’y étouffer toute tentative de lutte, tout comme elle est déjà en vigueur dans le milieu des OSC dont certaines sont subitement devenues silencieuses voire griottes à l’égard du régime. L’UPC félicite la F- SYNTHER et le SYNAPAGER pour leur vigilance et leur intégrité, et les encourage à continuer de dénoncer toute tentative de musellement par l’argent.
Ces pratiques tombent sous le coup de la loi CNT portant prévention et répression de la corruption au Burkina et violent les dispositions pertinentes de la loi de finances et les normes d’ordonnancement et de comptabilité publique prévues par la directive 07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant règlement général sur la comptabilité publique au sein de l’UEMOA.
C’est pour cela que l’UPC interpelle l’Autorité Supérieure de Contrôle de l’Etat et Lutte contre la Corruption, afin qu’elle se penche très rapidement sur cette énième affaire afin de situer les responsabilités et que les auteurs et complices soient sanctionnés.
Clamant sur tous les toits que les caisses de l’Etat sont vides pour ne pas satisfaire les légitimes attentes du peuple, le gouvernement, comme par magie, a cependant de l’argent pour se livrer à un achat massif des consciences. C’est dommage que nos « anciens insurgés », une fois au pouvoir, retombent dans ce péché. Et pourtant, la fin du régime de Blaise COMPAORE avait suscité beaucoup d’espoir en termes de bonne gouvernance, de lutte contre la corruption. Hélas, aujourd’hui, ces fléaux sont amplifiés dans un climat d’impunité généralisé.
L’UPC exige par conséquent que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que les auteurs et complices soient sanctionnés à la hauteur de leur forfait.
Pour la prospérité de l’économie burkinabè et la justice sociale, mobilisons-nous contre la corruption !
Ouagadougou, le 24 août 2016
Pour le BPN,
Le Secrétariat national chargé de la justice et des droits humains de l’UPC
NDLR : Le titre est de la Rédaction B24
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