RINLCAO : Un fusil pour une fourmi

Publié le mercredi 13 juillet 2016

Connaissez-vous le RINLCAO ? Rassurez-vous, ce n’est pas un nouveau parti politique, encore moins une nouvelle marque de savon ou de parfum. C’est plutôt une arme. Mais pour faire quoi ? Pour tuer … peut-être. Pour dissuader….. Sans doute.

Le RINLCAO, c’est le Réseau des Institutions Nationales de Lutte Contre La Corruption en Afrique de L’Ouest. La corruption est la perversion ou le détournement d’un processus, ou d’une interaction avec une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d’obtenir des avantages ou des prérogatives particulières ou, pour le corrompu, d’obtenir une  rétribution en échange de sa complaisance. Elle conduit en général à l’enrichissement personnel du corrompu ou à l’enrichissement de l’organisation corruptrice (groupe mafieux, entreprise, club, etc). C’est une pratique qui peut être tenue pour illicite selon le domaine considéré (commerce, affaires, politique…).

Notre pays, le Bénin accueille du  12 au 16 juillet 2016 l’Assemblée  Annuelle de cette organisation communautaire. De quoi vont-ils parler, ces experts de  nos institutions nationales qui voudraient bien faire reculer les frontières de la corruption ?

Le RINLCAO  se propose de mener une lutte efficace contre   la corruption dans la sous-région ouest-africaine. L’agenda de la rencontre se décline en trois centres d’intérêts pertinents qui font le lit à la  lueur au détriment du leurre au sujet de la corruption. Ainsi,  la rencontre de Cotonou aura à examiner :

  1. L’adoption de la stratégie de la CEDEAO pour promouvoir la protection des lanceurs d’alerte ;
  2. La mise en place d’un dispositif de bonne collaboration entre les institutions membres du RINLCAO et les médias ;
  3. La mise en place d’un mécanisme de suivi du Protocol A/P3/12 /01 adopté le 21 décembre 2001 à Dakar par la CEDEAO sur la lutte contre la corruption

Le Réseau des Institutions Nationales de Lutte Contre La Corruption en Afrique de L’Ouest (RINLCAO) réunit les organismes étatiques impliqués dans la prévention et la lutte contre les infractions connexes et compte 15 états membres de la CEDEAO.

La rencontre de Cotonou est-elle une rencontre de plus ? Peut-on entrevoir une date de péremption pour cette boîte de conserve appelée  » Corruption  » qui détruit le tissu social et ronge l’Etat ?  Le visage de la corruption en Afrique de l’Ouest est effrayant. Car le citoyen ouest-africain a des prédispositions  pour corrompre et se faire corrompre.

Au Bénin, la corruption n’épargne aucun secteur ; celui de la justice retient le plus d’attention. Et  quand on veut l’aborder, on ouvre grandement les yeux  pour lire un  essai mémorable du regretté et célébrissime Jérôme Adjakou Badou : Visages de la corruption au Bénin, Agence de presse Proximités (Bénin)

 » Certains avocats ont choisi de se mettre dans les ‘réseaux’ avec les magistrats. Lorsque le justiciable choisit un avocat qui ne sait pas ‘partager ses honoraires’ avec des magistrats, on lui souffle gentiment que s’il veut gagner son procès, il a tout intérêt à se séparer de son avocat ; on lui en suggère un autre. Ce dernier, qui fait partie du réseau, prend le dossier, récupère l’argent auprès de son client et va ‘rendre compte’ au magistrat. Le procès est ainsi gagné. ‘Des avocats déshonorent leur métier en négligeant de travailler leurs dossiers ou d’approfondir leurs recherches de doctrine, de jurisprudence, tout simplement parce qu’ils sont forts du pacte de partage d’honoraires conclu avec tel juge devant lequel ils plaident souvent piteusement ou produisent des écritures dignes d’un analphabète ou d’un illettré’, déplore, dans un article publié dans le journal ‘la Nation’ du 4 novembre 1996, maître Raphaël Ahouandogbo. »

C’est dit que la corruption a établi en lettres de feu, son empire dans notre pays depuis plusieurs décennies. Le  RINLCAO ressemble à un fusil assez lourd  pour tuer des fournis. En effet, la corruption subtile qui ronge  nos  Etats est tellement fine que l’objectif d’un fusil ne peut apercevoir. D’où la nécessité de faire de chaque citoyen, un lanceur d’alerte d’odeur de corruption.  Le RINLCAO gagnerait  à rendre publics, ses indicateurs de performance pour une lutte assidue contre ce fléau nommé  » Corruption »

 

Herbert-Tauyé HOUNGNIBO

 


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