Le discours d’Obama à la tribune de l’UA: « Personne ne devrait être président à vie »
Le Président Barack Obama s’est exprimé le mardi 28 juillet à la tribune de l’Union africaine, à Addis Abeba en Ethiopie.
Il devient ainsi le premier président américain à le faire. Il s’est dit indigné par certains dirigeants africains qui s’accrochent à leur fauteuil et a invité le continent à éradiquer le « cancer de la corruption ».
Pour lui, les progrès démocratiques en Afrique étaient mis en danger par ces chefs d’Etat inamovibles. Des propos qui résonnent tout particulièrement dans certains pays, comme la RDC ou le Congo-Brazzaville, en plein débat sur leurs constitutions respectives, selon RFI.
Le Premier Ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a eu l’air d’apprécier le discours de Barack Obama sur le besoin de renforcer la démocratie en Afrique, jusqu’à ce qu’il soit mis sur le banc des accusés puisque le président américain l’a directement pris à parti pour dénoncer l’emprisonnement des journalistes ou la répression de l’opposition.
Au-delà du cas éthiopien, il sera difficile de mesurer la portée des propos de Barack Obama ce mardi devant l’Union africaine. Car si on ne pourra plus lui reprocher de ne pas avoir été assez ferme et de privilégier des coopérations stratégiques, ce discours n’était pas pour autant révolutionnaire et encore moins contraignant. Pas certain donc qu’il fasse peur aux chefs d’Etat inamovibles et sûrs de leur force.
Les réactions divergent
Lors de son discours, le président des Etats-Unis a en effet ouvertement critiqué les dirigeants africains qui s’accrochent à leur siège. « Personne ne devrait être président à vie » a estimé l’actuel locataire de la Maison Blanche. Des mots qui font réagir, notamment en République démocratique du Congo. Un pays dans lequel une révision constitutionnelle est évoquée.
Lambert Mendé, le porte-parole du gouvernement, s’insurge contre ces leçons des dirigeants étrangers. « Le président Obama ne fait que répéter ce que nous entendons depuis plusieurs mois de la part de plusieurs dirigeants occidentaux qui, lorsqu’ils visitent l’Afrique, ne peuvent s’empêcher de donner des leçons aux pays africains comme si l’Afrique n’était qu’un seul pays, avec un seul problème, avec une seule solution, comme si l’Afrique avait le monopole de la durée des dirigeants à la tête des Etats. Mais nous en RDC nous ne nous sentons pas concernés par cela, bien que nous trouvions questionnable que l’on vienne nous dire comment nous devons résoudre nos problèmes institutionnels… »
Le parti au pouvoir au Congo-Brazzaville réagit pareillement dans ce pays où le débat tourne autour de la révision constitutionnelle. Jean-Didier Elongo, membre du comité central du PCT, assure que le président américain ne connait pas la spécificité de chaque pays. « Être donneur de leçon, c’est bien, mais nous pensons que l’Afrique doit prendre son destin entre ses mains et le Congo a cette chance d’avoir un homme d’exception qui nous réunit autour du dialogue pour régler les problèmes à l’africaine. Pour ce qui est du Congo nous avons eu un dialogue avec toutes les forces vives de la nation et nous pensons que la démocratie est universelle, mais elle doit s’adapter aux us et coutumes. C’est bien qu’il pense à la fin de son mandat à l’Afrique, mais l’Afrique n’attend pas grand chose de ses enfants qui sont nés à l’extérieur et qui ne connaissent pas forcément la réalité africaine. »
En revanche et naturellement, que ce soit en RDC ou au Congo-Brazzaville, les partis d’opposition ont énormement apprécié les propos du président américain. Bruno Tshibala, le porte-parole de l’UDPS, parti d’opposition en RDC applaudit un grand discours qui « vise particulièrement la RDC », selon lui. « Il a bien fait de rappeler le vrai principe d’une démocratie aux dirigeants africains qui font le contraire », estime-t-il. Au Congo-Brazzaville, Pascal Tsaty Mabiala, premier secrétaire de l’Upads salue le discours « très fort » du président Obama, mais trouve cela encore insuffisant. « Nous voulons que ce discours ne reste pas simplement un discours mais qu’il soit accompagné d’actes. »
Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU
Burkina24
Source : RFI
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