Côte d’Ivoire : L’ « Association des Sans Voix » remet une motion de protestation au Consulat Général
L’ « Association des Sans Voix », organisation de la société civile de la diaspora Burkinabè en Côte d’Ivoire a organisé dans la matinée du mercredi 29 juillet un sit-in au Consulat général du Burkina Faso à Abidjan.
Conduite par son Président Daouda KABORE, la délégation de l’ « Association des Sans Voix » a rencontré les premiers responsables du Consulat Général du Burkina Faso à savoirDaouda DIALLO et ses plus proches collaborateurs à qui une motion dite « Motion de Protestation suite à l’arrestation de M. Kiébré Seydou, opérateur économique burkinabé » a été remise.
Au sortir de cette rencontre, M. Daouda KABORE a confié à Burkina24 qu’en première intention, son association, par cette présente, tenait à exprimer son indignation face à la désolidarisation des autorités diplomatiques et consulaires du Burkina Faso dans la vie de leur administré.
En guise d’illustration, M. Daouda KABORE a rappelé un certain 05 Août 2011, date à laquelle un bus de la Société de Transport Abidjanaise, Sotra, a plongé dans la lagune Ebrié. A cet effet, « les représentations diplomatiques des victimes non ivoiriennes, notamment celle de la Guinée, ont marqué leur solidarité auprès des familles des deux (2) Guinéens disparus dans ces circonstances, en assistant aux obsèques organisées par l’Etat ivoirien. Quant à nos responsables consulaires et diplomatiques, ils ont brillé par leur absence. Que cela cesse !», a indiqué le Président de l’ « Association des Sans Voix ».
Il a ajouté que, « nous avons particulièrement rappelé le cas de notre frère Kiébré Seydou, Secrétaire général du Conseil Représentatif des occupants du Mont Péko (CROMP) qui est depuis le 4 mars 2015 incarcéré à la prison civile de Man (Ouest de la Côte d’Ivoire) sans jugement. Nous attendons que nos autorités du consulat s’impliquent pour, au moins, obtenir son jugement», a-t-il conclu.
L’ « Association des Sans Voix » espère que dorénavant avec cette nouvelle équipe consulaire avec à sa tête Daouda Diallo, les ressortissants burkinabè en Côte d’Ivoire sentiront la présence effective de cette autorité à chaque fois que le besoin se fera sentir.
Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU
Correspondant de Burkina24 en Côte d’Ivoire
L’intégralité du document remis au Consul Général du Burkina Faso en Côte d’Ivoire, S.E.M. Daouda DIALLO.
« A Monsieur le Consul Général du Burkina Faso à Abidjan
Objet: Motion de Protestation suite à l’arrestation de M. Kiébré Seydou, opérateur économique burkinabé.
Monsieur le Consul Général,
L’association des Sans Voix voudrait par la présente motion interpeller les autorités consulaires et diplomatiques burkinabé en Côte d’Ivoire sur l’arrestation de M. Kiébré Seydou, Secrétaire général du Conseil Représentatif des occupants du Mont Péko (CROMP) depuis le 4 mars 2015 et qui reste jusqu’à ce jour détenu à la prison civile de Man sans jugement.
Nonobstant les démarches de son avocat, le juge d’instruction M. Hien Marcel en charge de ce dossier rejette la requête de sa mise en liberté provisoire. Ce dossier ne revêt pourtant aucun mystère dans la mesure où tous les faits se sont déroulés au grand jour, abondamment relayés par la presse nationale et internationale.
De quoi s’agit-il? En juin 2014 sous la menace de la mesure d’expulsion prise par le gouvernement ivoirien à l’encontre des clandestins Burkinabè du parc du Mont Péko, ces derniers ont décidé de la création du Conseil représentatif des populations du Mont Péko. Une initiative qui a reçu à la fois le soutien du Conseil National des Burkinabè en Côte d’Ivoire, de l’Association des Sans Voix et de l’Association des Ivoiriens d’origine Burkinabè dans la mesure où elle participait à résoudre une situation qui pourrait virer à un drame humain, vu l’importance de nos compatriotes à déguerpir.
A l’actif du CROMP, le dossier des clandestins a été inscrit au menu des discussions du Sommet du Traité d’Amitié et de Coopération ivoiro-burkinabé en fin juillet 2014 à Ouagadougou. Lequel sommet a décidé, dans son communiqué final, de la mise en place d’une commission mixte chargée de traiter la question de l’évacuation des clandestins.
Un an après cette décision, l’Association des Sans Voix voudrait rappeler à l’opinion publique que cette commission mixte n’a jamais été mise en place. Mais qu’en lieu et place, c’est un comité de gestion du parc qui a été crée par le Ministère ivoirien de la Solidarité, de la Famille, de la Femme et de l’Enfant et placé sous la responsabilité du Préfet de Duékoué. Il a suffi que cet organe soit mis en place pour que le CROMP soit vilipendé et suspendu.
Les jours qui suivent, la presse rapporte l’organisation de la commercialisation du cacao du parc par le Préfet à travers l’instauration de 8 ports secs et d’un prélèvement de 100FCFA sur chaque kilogramme de cacao. Beaucoup de nos parents nous ont joints du parc pour nous confirmer ce «vol de leur revenu». Ce que dénonçait justement le Secrétaire Général du CROMP. Le 08 janvier 2015, excédés, les clandestins se rendent à la gendarmerie de Duékoué pour porter plainte contre les points focaux qui collectent l’argent pour leurs patrons. La plainte est reçue, les auteurs convoqués puis relaxés et le dossier classé sans suite par la gendarmerie. Là, encore la presse a rapporté ces faits ainsi que les représailles organisées par l’Office ivoirien des parcs et réserves contre ceux qui ont osé porter la plainte.
En février 2015 un groupe de clandestins est monté et instrumentalisé contre Kiébré Seydou, le Secrétaire Général du CROMP qu’ils accusent à tort d’extorsion de fonds. Sur ces entrefaites, ce dernier est convoqué par le juge Hien Marcel du tribunal de Guiglo puis arrêté. Pendant que les faits constitutifs de crime organisé par les autorités locales sur le cacao du parc que dénonce ce dernier sont occultés.
Se saisissant du dossier le Mouvement Ivoirien des Droits de l’Homme (MIDH) initie une enquête-terrain au terme de laquelle il produit, le 13 mai 2015, un communiqué attestant les faits que dénonçait le Secrétaire général du CROMP. A savoir que le prélèvement des 100 FCFA sur les produits agricoles des clandestins est avéré. Et que l’arrestation de ce dernier est arbitraire. Moins d’une semaine après la publication de ce communiqué, le siège du MIDH est l’objet d’un cambriolage au cours duquel des ordinateurs sont emportés. La coïncidence interpelle.
Au regard de tous ces faits, l’Association des Sans Voix exige l’implication des autorités Consulaires et Diplomatiques afin que le détenu soit libéré parce que ce qui se passe est tout sauf le droit. L’Association des Sans Voix voudrait par ailleurs s’indigner du fait que les Autorités Consulaires et Diplomatiques burkinabé s’accommodent d’une telle injustice en se complaisant dans leurs bureaux feutrés à Abidjan et à Bouaké. Tout en demandant la libération immédiate de Kiébré Seydou, Secrétaire général du CROMP, qui a été arrêté et détenu pour être réduit au silence parce qu’il a défendu les intérêts des infiltrés burkinabé du Mont Péko, l’Association des Sans Voix voudrait rappeler que c’est pour servir avant tout les intérêts de leurs compatriotes que ces diplomates sont affectés en Côte d’Ivoire et payés au frais des contribuables burkinabés.
Comptant sur votre intervention patriotique pour la manifestation de la vérité, nous vous prions, Monsieur le Consul Général, de bien vouloir agréer l’expression de nos sentiments distingués.
Pour l’association des Sans Voix
Le président
Daouda Kaboré
Fait à Abidjan le 19 juillet 2015 »
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