Violences faites aux femmes : Les stratégies de lutte
La caravane de presse du ministère de la promotion de la femme et du genre dans les six régions a permis de faire l’état des lieux de la persistance des violences faites aux femmes et aux filles. On retrouve presque les mêmes violences dans toutes ces régions mais la spécificité par région réside dans la récurrence, le fort taux du type de violence. Pour lutter contre ces violences, plusieurs actions sont menées.
Si dans la région du centre, c’est le refus de paternité qui prévaut, au Plateau central, l’exclusion sociale du fait de sorcellerie est fréquente. Au Sahel, on note le mariage forcé ou précoce et l’exclusion sociale du fait des fistules. Dans le Centre-ouest, le lévirat est récurent. La Boucle du Mouhoun s’est illustrée avec les grossesses non désirées et les hauts-bassins par l’excision et les grossesses non désirées.
Plusieurs actions sont menées pour limiter ces violences faites aux femmes.
L’Etat à travers la création d’un ministère de la promotion de la femme et du genre, adopte des lois, ratifie les textes régionaux et internationaux pour endiguer le phénomène.
Sensibiliser. La direction générale à cet effet mène des activités de sensibilisation, notamment des théâtre-forum, émissions radios, projections cinématographiques. Les réseaux communautaires, les ONG et les associations interviennent dans le domaine de la défense et la protection des droits de la femme et de la fille.
Le manque de moyens financiers est le maître-mot aussi bien au ministère de la femme que dans les structures déconcentrées et associatives pour diversifier et mener à bien leurs actions et ce jusque dans les zones les plus reculées du Burkina.
La sensibilisation est l’activité phare de toutes ces structures, mais fait-elle tâche d’huile ?
« Quand on dit sensibilisation ce n’est pas l’information qui manque aux gens. Ils savent que ce n’est pas bien mais se résoudront-ils à ne pas commettre l’infraction ? Généralement, ceux qui sont enclins à la chose s’y intéressent à peine, quand ils viennent suivre le théâtre, c’est pour rigoler comme tout le monde et partir », explique Léopold Sampebdo directeur régional du Plateau central à Ziniaré.
Peur. Une fois encore, les pesanteurs socioculturelles y sont pour quelque chose. La peur d’enfreindre à la tradition et d’être frappé d’un malheur. Aussi, les chefs coutumiers, religieux et traditionnels, bien qu’impliqués dans les structures de lutte contre ces violences et gardiens de la tradition, sont-ils disposés à donner l’exemple.
Le Dapoa Naba Bongo de Koudougou interpellé sur la question du lévirat, reste dubitatif. « Nous ne devrons plus faire souffrir les femmes. Oui, je suis déjà intervenu dans un cas de violence. Elle devrait subir la répudiation. Mais le lévirat non, généralement nous n’intervenons pas tant que nous ne sommes pas interpelés ».
Quant à Dayo Pierre, représentant du chef de canton de Dédougou, lui juge normal l’abandon de l’excision après être éclairé sur ses conséquences
Faut-il passer à la répression?
Selon les enquêtes, les victimes elles-mêmes trouvent normales que leur mari les batte et refusent de porter plainte ou par peur d’être la risée du village ou de représailles.
Les autorités elles-mêmes sont divisées sur la question. « La sensibilisation passe encore mieux que lorsqu’on veut réprimer. Les auteurs sont le plus souvent les parents proches de la victime», estime Marie Elisabeth Kadeba/ Guigma, directrice régionale de la Boucle du Mouhoun à Dédougou.
Pour elle, il faut continuer à sensibiliser. C’est ainsi que la jeune génération pendra conscience du mal.
«La répression n’est pas une voie ultime mais des fois il faut y penser, encore faut-il que les victimes, dénoncent leurs bourreaux », propose Léoni Ouangrawa, chargée d’études à la direction générale de la promotion de la femme.
Même si la volonté de réprimander survenait, l’absence de textes juridiques rend la tâche difficile et les plaintes n’aboutissent pas.
« En 2013, dans le village de Léna, 27 filles dans une même classe de 6ième sont tombées enceintes. Les auteurs étaient pour la plupart les enseignants. Finalement, le problème s’est résolu à l’amiable en passant par les familles et les ministères», témoigne Emmanuel Ouédraogo, directeur régional des Hauts-Bassins.
Toutefois, le ministre a pris l’initiative d’introduire une loi au Conseil national de transition allant dans le sens de la répression.
Revelyn SOME
Burkina24
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