Discours de départ du ministre de la santé : La charge de Kindé Gazard à Yayi
Le Pr Dorothée Akoko Kindé Gazard, à la faveur du remaniement ministériel intervenu le jeudi 18 juin 2015, est remplacé au poste de ministre de la santé par M. Pascal Dossou Togbé. Lors de la cérémonie de passation de service le lundi 23 juin dernier, la ministre a dénoncé les conditions dans lesquelles elle a travaillé des mois durant. Et ses reproches parlent au Chef de gouvernement.
Avec des mots certainement choisis à bon escient, le Pr Dorothée Akoko Kindé Gazard a évoqué, au moment où elle devait quitter le poste de ministre de la santé, les conditions difficiles qui ont jalonné une bonne partie de son séjour dans ce ministère. A y voir de près, ce sont des reproches à peine voilés faits au Chef du gouvernement qui est le seul capable de soulager les «peines» citées dans son discours de lundi dernier devant les travailleurs dudit ministère. En voici quelques extraits : «(…) Au moment où s’achève la mission qui m’a été confiée, je rends grâce à Dieu, l’Eternel des Armées, mon créateur qui a entendu et exaucé ma prière au sujet des fonctions auxquelles j’ai été appelée quatre ans plus tôt. Je rends donc grâce au Seigneur, celui dont la Bible dit, que son Amour n’a pas de fin et que sa fidélité dure toujours. Celui dont la protection et la bonté se sont renouvelées pour moi, chaque matin, malgré l’omniprésence des inquisitions, des médisances, des attaques et du sabotage (…) Le secrétaire général adjoint du ministère de la santé a parlé. Vous l’avez entendu. Point n’est besoin de répéter, de rassurer. Vous étiez là, vous savez ce que nous avons réalisé ensemble. Les Béninois savent ce dont, ensemble, nous sommes capables au ministère de la santé. Mais, nos réalisations auraient été plus importantes si nos ambitions et nos plans d’actions n’avaient pas été bridés par des conditions de travail inimaginable pour un départemental ministériel vital pour le pays. Notre ministère, malgré nos batailles incessantes est : sans directeur de cabinet depuis trente (32) mois ; sans directeur de la programmation et de la prospective depuis vingt-six (26) mois ; sans secrétaire général du ministère de la santé depuis vingt-neuf (29) mois ; sans directeurs généraux des Agence nationales pour la gratuité de la césarienne et de l’Assurance maladie depuis de trop nombreux mois ; sans conseillers techniques, Directeurs techniques et départementaux dont j’ai dû me résoudre à prendre les actes de nomination par arrêté et par intérim, à défaut d’un décret ; sans compter des dysfonctionnements techniques internes dont beaucoup de services ont été eux-mêmes victimes. Au moment où je pars, j’ai la conviction que ce passage de témoin sera peut-être enfin un soulagement et une délivrance de notre ministère des hantises inexpliquées. Moi je pars avec ma modestie habituelle, ainsi que la fierté d’avoir eu le privilège, une fois de plus, de servir à un niveau élevé, mon pays et mes compatriotes, passionnément, loyalement, opiniâtrement, avec foi et abnégation… ». En plus d’ajouter qu’elle est soulagée de passer le témoin et de souhaiter une bien meilleure chance à son successeur, Dorothée Akoko Kingé Gazard aura dit ce que beaucoup de ses collègues ont aussi vécu au gouvernement. Sous le régime du changement, il est avéré que beaucoup de ministres n’arrivent pas à former leur équipe ou le font plusieurs mois après leur prise de fonction. Pour la désormais ex-ministre de la santé, cela ne favorise pas la réussite de la mission à eux confiée. Le message est sans doute passé.
Jean-Marie Sèdolo
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