Charles Mzamba : «Les Hommes d’affaires burkinabè se battent très bien»
Charles Mzamba est un Homme d’affaires et entrepreneur congolais. Il vit à cheval entre Paris, le Burkina et le Congo Brazzaville dans le cadre justement de ses affaires. Lors d’un de ses séjours au « Pays de Hommes intègres », ce juriste de formation et entrepreneur s’est prêté à nos questions.
Burkina24 (B24) : Comment êtes-vous devenu entrepreneur ?
Charles Mzamba (C.M) : En fait, j’entreprends depuis le collège. Lorsque j’étais au collège, j’ai commencé à gérer des kiosques. Ensuite quand je suis arrivé à l’université, j’avais un taxi, je vendais aussi des vivres que je partais m’approvisionner au village pour revendre dans la capitale. L’entreprenariat pour moi, c’est quelque chose qui date d’il y a longtemps, donc depuis ma jeunesse.
B24 : Qu’est-ce vous faites exactement ?
C.M : Je suis à la fois consultant pour des conférences et conseil en la matière, mais je crée moi-même des structures.
Tout dernièrement, j’ai créé une structure qui s’appelle « Congo Burkina Consulting » qui sert de pont entre le Congo et le Burkina en matière d’entreprenariat, en matière de coopération décentralisée. C’est la première plateforme et l’unique du genre qui existe aujourd’hui.
B24 : Y a-t-il des qualités particulières qui sont les vôtres et qui vous ont permis de devenir ce que vous être aujourd’hui ?
C.M : C’est des qualités que tout entrepreneur doit avoir, notamment le dynamisme. Il faut avoir des idées, il faut avoir du courage. Il faut oser. Tant qu’on n’a pas ces qualités on ne peut pas entreprendre, on ne peut pas faire des choses.
B24 : Comment appréciez-vous les relations d’affaires avec les Hommes d’affaires burkinabè ?
C.M : Ce sont des relations cordiales. Vous savez, en matière d’affaires, il y a toujours des risques quel que soit le partenaire avec lequel vous traitez. De façon globale, ça se passe très bien. Je suis au Burkina Faso depuis 1997. Je connais donc le terrain, je connais comment les entrepreneurs burkinabè travaillent. Ce qui fait que j’arrive à traiter des affaires avec eux plus facilement que ceux-là qui commenceraient aujourd’hui.
B24 : Justement, comment êtes-vous parvenu à tisser des relations avec les Hommes d’affaires burkinabè ?
C.M : Je suis arrivé au Burkina Faso en novembre 1997 et j’avais commencé à entreprendre en informatique bureautique. Partant de là, il a fallu que je mette en place un réseau de partenaires. J’avais commencé à démarcher certaines entreprises qui existaient déjà sur place.
C’est comme ça que j’ai commencé. A ce jour, j’ai un réseau plus ou moins étoffé qui me permet de travailler de manière plus aisée.
B24 : A vous voir, on sent que ça marche pour vous. Quel est le secret ?
C.M : Le secret comme je vous l’ai dit, il faut avoir du courage, il faut oser. Souvent que ce soit en Afrique ou ailleurs, on pense que pour entreprendre il faut avoir de gros moyens. Non ! Il faut d’abord avoir du courage.
Parce qu’entreprendre, c’est pas facile. Vous avez des risques qu’il faut prendre. Vous pouvez aujourd’hui avoir un partenaire qui va vous décevoir, vous pouvez commencer une activité mais qui va péricliter parce justement, il y a la concurrence. Il faut donc avoir le courage et les moyens suivront après et une fois que vous avez cela, vous organisez les choses et ça roule.
B24 : Vous êtes aussi dans le domaine de la musique, vous avez managé le groupe Extra Musica. Qu’est-il devenu ?
C.M : Il existe. Le groupe Extra Musica international. Il faut et j’insiste à préciser Extra Musica international parce qu’il y a deux groupes.
Extra Musica international qui est basé à Paris et l’autre aile Extra Musica qui est au Congo Brazzaville. Notre maison de production NDM Production avec son partenaire a produit Extra Musica international. Et c’est un groupe qui existe et qui continue à produire des concerts. Il fonctionne.
B24 : Le Burkina est un pays de culture avec beaucoup d’artistes musiciens. Est-ce que vous envisagez des relations de ce type avec des musiciens burkinabè ?
C.M : Oui, bien sûr ! En tant que producteur nous sommes ouverts à toutes les opportunités qui vont se présenter. Il suffit simplement que les jeunes musiciens qui sont ici nous contactent et on verra dans quelle mesure on pourra travailler ensemble.
B24 : Comment appréciez-vous le monde des affaires au Burkina d’une façon générale ?
C.M : Alors, si je fais une comparaison avec le Congo Brazzaville, les Hommes d’affaires burkinabè ont une particularité. Ils ont la maîtrise des affaires dans ce sens que j’ai l’impression qu’ils sont plus dans les affaires que dans la fonction publique et même lorsqu’on est fonctionnaire, on a toujours une activité commerciale à côté alors qu’au Congo les gens sont plus dans l’administration publique ou privée. Les affaires , ce n’est pas vraiment ça. Bien sûr que ça commence à venir.
Mais comparé au Burkina, je dirai qu’ici les gens se lancent plus facilement dans les affaires, maintiennent cet élan jusqu’au bout et arrivent à s’en sortir. De façon globale, les Hommes d’affaires burkinabè se battent très bien et c’est bien pour le Burkina mais aussi pour l’Afrique.
B24 : De nos jours et de plus en plus, de nombreux jeunes quittent le continent pour d’autres pays à la recherche du bonheur au risque de leur vie. Que vous inspire cela ?
C.M : C’est une aberration. Je peux comprendre que face à certaines difficultés on veuille aller tenter sa chance ailleurs. Mais ce n’est pas une bonne idée. L’Europe, l’Occident, l’Amérique ce n’est pas le paradis. Aller en France, en Europe, ce n’est pas une panacée. En Afrique, nous avons tout ce qu’il faut pour bien vivre.
Nous avons les routes, les ressources qu’il faut, nous avons les matières premières qu’il faut, nous avons l’intelligence. Il n’y a pas de raison de prendre de risques de mourir, semble-t-il, pour aller chercher sa vie ailleurs. Non ! bien évidemment, il faut que ceux-là, les autorités qui dirigent nos pays prennent le problème au sérieux pour éviter que les jeunes gens prennent des risques d’aller mourir au-delà des frontières.
Ça n’a pas d’intérêt. Raison pour laquelle nous avons créé un réseau qui s’appelle Investir en Afrique qui a pour objet de promouvoir les investissements en Afrique pour encourager les nôtres, nos compatriotes africains qui sont sur place à entreprendre, à créer des emplois pour éviter que les gens ne s’aventurent à mourir comme on l’assiste aujourd’hui.
B24 : D’autres informations que vous souhaitez partager avec nos internautes sur des questions que nous n’avons pas abordées au cours de cet entretien ?
C.M : Moi en tant qu’entrepreneur j’ai toujours pensé que nous devons travailler pour l’Afrique. L’Afrique ne peut se développer que lorsqu’on crée de la richesse et justement pour créer la richesse, il faut créer des entreprises, il faut créer des sociétés. Et ce n’est qu’ainsi que nous pouvons contribuer efficacement à la réduction de la pauvreté.
Créer des richesses, c’est aussi transformer les matières premières dont nous disposons, ce n’est pas acheter des produits à l’étranger et venir les vendre en Afrique. Il faut transformer les produits locaux que nous avons et les écouler sur le marché local, c’est cela entreprendre. Je pense que les jeunes devraient justement se lancer dans ce domaine-là, entreprendre, créer la richesse, créer des emplois pour le bien de l’Afrique.
Je voulais juste profiter de l’occasion pour remercier certaines personnes physiques ou morales, certains partenaires dont Burkina24. Remercier aussi certains amis qui sont avec moi dans le cadre du réseau Investir en Afrique, dans le cadre du MAP (Mouvement des avocats panafricains).
Ce sont des gens qui sont avec moi au sein de notre réseau et c’est grâce à ce réseau que nous parvenons à faire ce dont je viens de vous parler.
Entretien réalisé par Boureima LANKOANDE le 30 mai 2015 à Ouagadougou
Pour Burkina24
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