Situation nationale : Les organisations de la société civile dénoncent une tentative de contre-révolution

Publié le mercredi 4 février 2015


Compatriotes burkinabé de l'intérieur et de l'extérieur du pays ;


Trois mois après l'insurrection populaire qui a mis fin, sous l'admiration des peuples

d'Afrique et d'ailleurs, à la dérive monarchique du régime de Blaise COMPAORE et de son

CDP, la transition politique mise en place par un consensus inédit entre les forces vives de la

nation est menacée.




En effet, ce jour mercredi 4 février 2015 des évènements très graves

ont marqué la situation nationale. Des mouvements d'humeur, des revendications et des

remous d'éléments du régiment de sécurité présidentiel (RSP) ont empêché la tenue de

l'hebdomadaire Conseil des ministres. Le Premier ministre aurait également passé de

longues heures au Palais du Mogho Naba à Ouagadougou. Des négociations seraient en

cours autour de revendications corporatistes et relatives à l'abrogation de décisions de

nominations et de remise en cause de reformes en vue dans le RSP.


Des informations

concordantes rapportées par la presse nationale et internationale indiquent un précédent en

décembre avec une interruption du dernier Conseil des ministres de l'année 2014 et des

revendications et ultimatum lancés aux autorités exécutives de la Transition.


Ces évènements coïncident curieusement avec un activisme important de l'ancien parti au

pouvoir qui annonce un agenda politique chargé dans les semaines à venir et la publication

d'information, ce jour même, annonçant l'éventualité de la candidature du Général Gilbert

Diendiéré, aperçu ce matin au Palais de Kosyam et chez le Mogho Naba, à l'élection

présidentielle de 2015 pour le compte du CDP.


A l'analyse, ces évènements constituent de façon très claire, des tentatives de remise en

cause du consensus national cimenté dans la Charte de la Transition, de sabordage de la

transition démocratique en cours, de liquidation des espoirs et attentes politiques et sociales

de la formidable insurrection populaire d'Octobre 2014, et de retour à un passé révolu et à

une direction militaire, militariste et anti-démocratique du pays.


Ces manoeuvres constituent

des intimidations et des chantages faits au peuple, des tentatives de prise en otage de la

transition de la part des forces du passé, ces forces là même qui ont conduit le pays au bord

du gouffre. Assurément la contre-révolution est en oeuvre. La clémence sans doute trop

rapide mais surtout l'impunité qui règne encore nourrissent les illusions de retour aux

ténèbres.


Au regard de cette situation, nous, organisations signataires de la présente déclaration :

- Dénonçons les forces réactionnaires, les entreprises mafieuses et malfaisantes ainsi

que les rêveries du passé ;

- Condamnons avec la plus haute énergie patriotique, les manoeuvres réactionnaires

et anti-démocratiques, les intimidations militaires, les atteintes à la transition politique

et démocratique ainsi que le viol du sacrifice des martyrs de l'insurrection ;

- Condamnons le chantage, la tentative de coup de force, d'intimidation et de prise en

otage du processus démocratique ;

- Appelons l'ensemble des forces sociales et politiques, la jeunesse militante et

patriote en particulier, à se mobiliser pour faire barrage au retour au passé dépassé

et balayé par le peuple insurgé ;

- Exigeons des institutions et autorités de la transition d'ancrer fermement leur action

aux exigences de la Charte de la Transition et de la Constitution, au service de la

réalisation des attentes et aspirations de l'insurrection populaire pour un renouveau

démocratique du Burkina Faso ;

- Demandons à tous les acteurs civils et militaires de se démarquer des magouilles et

autres manipulations visant la liquidation de la transition politique et démocratique ;

- Lançons un appel à la vigilance à l'ensemble des forces vives de la nation ;

- Mettons en garde les éléments militaires complotistes, leurs parrains militaires et

civils qu'ils soient à l'intérieur ouà l'extérieur du pays ;

- Réclamons la mise en chantier urgent des réformes politiques et sociales attendues

du peuple,

- Exigeons, conformément à la recommandation du collège des sages dès 1999, la

dissolution du RSP, condition indispensable d'un renouveau démocratique du pays ;

- Appelons les autorités de la transition à prendre des sanctions fermes et exemplaires

contre les auteurs de ses actes antidémocratiques et attentatoires à la sureté

nationale et à la sécurité des institutions ;

- Appelons la communauté internationale, en particulier le groupe de contact pour le

suivi de la Transition, à prendre toutes leurs responsabilités ;

- Demandons au peuple à se tenir prêt pour les actions imminentes requises en vue de

la défense de la démocratie, de la liberté et des attentes et aspirations de

l'insurrection d'Octobre.


Les manipulations, les intimidations et la contre-révolution ne passeront pas !


La patrie ou la mort nous vaincrons


Fait à Ouagadougou le 04 février 2015


Ont signé les organisations de la société civile ci-après :


- Balai citoyen

- CAR

- CEDEV

- CGD

- CNDPPH

- FAR

- FEPDHA

- FOCAL

- FRC

- Institut FREE Afrik

- Le Repère

- Le Tocsin

- MBDC

- MBEJUS

- Mouvement Afrikamba

- Mouvement Brassard noir

- SYMEB

- Réseau Barké

- Terre à vie





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