Situation nationale : Appel à la vigilance et à la remobilisation
Les 30 et 31 octobre 2014, à l'issue d'une Lutte de libération chèrement payée, le vaillant peuple burkinabè a mis en déroute le dictateur Blaise Compaoré. Malheureusement, dans l'euphorie de la fuite de ce dictateur corrompu, le peuple burkinabè s'est laissé piéger par les militaires du Régiment de Sécurité Présidentielle, ceux-là mêmes qui l'avaient gardé jusqu'à la dernière minute et l'ont protégé et escorté pour qu'il quitte le pays et se mette à l'abri de la colère et la vindicte populaires et échapper ainsi à la justice burkinabé.
N'oublions pas que le Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) est une milice de l'armée mise sur pied par Blaise Compaoré, et payée par nos impôts pour nous opprimer et assassiner nos frères et sœurs. Cette pratique continue de nos jours. Ainsi, le 30 décembre 2014, ces protecteurs de l'ancien dictateur ont exigé qu'on leur paie une prime que leur maître Blaise Compaoré leur donnait à l'époque où ils pillaient le pays ensemble et ils furent payés. Aucun parti politique, aucune organisation de la société civile n'a osé dénoncer ce scandale alors que nous savons que les finances de l'État sont en difficulté. Ces miliciens RSP se croient au-dessus du peuple. Ce qu'ils ont fait le 30 décembre 2014 et le coup de force de ce 4 février 2015 démontrent qu'ils constituent un danger pour notre peuple et pour notre liberté chèrement acquise. Les objectifs de l'insurrection populaire des 28, 30 et 31 octobre 2014 ont été torpillés, les aspirations du peuple ont été bafouées et le Burkina Faso est pris en otage.
Dans mes écrits des 4 et 27 novembre 2014, j'avais demandé que le gouvernement soit civil et que les militaires retournent dans leurs casernes. Et j'avais exigé la dissolution de cette milice RSP.
Comment en est-on arrivé à cette situation après l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers ? Personne n'avait prévu la chute et la fuite de Blaise Compaoré en si peu de temps (moins de 48h). En effet, la force du peuple avait été sous-estimée aussi bien par les partis politiques que par les organisations de la société civile. Certains avaient même préféré ne pas prendre part à cette lutte de libération, tellement ils avaient peur du dictateur.
Le pouvoir étant resté vacant, les politiciens qui ont pris part à la lutte ont fui leurs responsabilités, laissant libre cours aux miliciens du RSP qui ont eu le temps de s'organiser et de prendre le pouvoir. Or, leurs objectifs étaient la préservation de leurs intérêts et ceux de leur maitre Blaise Compaoré et de ses acolytes. Dans le même sens, certains politiciens ont choisi de s'acoquiner avec des militaires pour la conquête du pouvoir. Honte à eux ! Mais qu'ils sachent que les trahisons et les compromissions sont des choses qui se paient toujours très, très cher.
Pour ma part, j'en appelle encore une fois à la vigilance critique et au sursaut patriotique des vrais démocrates et révolutionnaires Burkinabè :
1) Je vous prie, chères / chers Camarades, de vous réveiller et de réaliser enfin que ces miliciens du RSP ont un plan, celui de protéger le système de Blaise Compaoré et de favoriser son éventuel retour. C'est-ce qui explique le fait que, entre autres, de nos jours, aucun des bonzes du CDP n'est inquiété. Au contraire, nous voyons les Assimi Koanda, Alain Yoda, Salia Sanou et bien d'autres revenir sur la scène politique. On voit que même Gilbert Diendéré qui a été mêlé de près ou de loin à tous les assassinats du régime Compaoré, se balade à Ouaga sans être inquiété. Certains mêmes disent qu'il veut se présenter à la présidentielle de 2015.
2) Sur le plan de la lutte contre l'impunité, croyez-vous que c'est un hasard si aucun dossier n'a bougé ? En effet, les dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo sont toujours en attente ; aucune commission d'enquête sur les martyrs des 30, 31octobre et 1er novembre 2014, les dossiers de détournement de fonds publics sont toujours dans les tiroirs. Et les criminels et voleurs courent toujours et narguent le peuple.
3) Regardez maintenant au niveau du chômage des jeunes et du coût de la vie (si chère et si injuste), qu'ont fait les autorités de la transition depuis ? Rien ! Aucun plan n'est mis en avant. Pire, les membres du CNT et du gouvernement de transition se sont octroyé les mêmes avantages scandaleux que sous l'ancien régime Compaoré, oubliant que c'est grâce au peuple qui vit dans la misère qu'ils sont à ces postes-ci. Quelle indécence !
Chers (ères) compatriotes, mettons de côté nos divergences et unissons-nous pour sauver les acquis de notre peuple. C'est grâce à l'Unité d'Action que nous avons pu faire partir le dictateur Blaise Compaoré.
Dans l'unité d'action, exigeons la dissolution du RSP, la traduction devant la justice de tous les criminels.
Exigeons un mandat d'arrêt international contre Blaise Compaoré et François Compaoré
Exigeons la Justice pour les martyrs et martyres des 30, 31 octobre et 1er novembre 2014.
Exigeons la Justice pour tous les crimes de sang et économiques commis par Compaoré et ses acolytes.
Nan Lara, An saara
La Patrie ou la Mort, Nous vaincrons.
Christine Paré
Christine_pare@yahoo.fr
Le 5 février 2015.
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