« Détournement de salaires à l'Assemblée nationale » : Réponse à un « fonctionnaire parlementaire »

Publié le vendredi 2 janvier 2015


Le vendredi 26 décembre 2014, j'ai lu la réaction d'un « fonctionnaire parlementaire » suite à un écrit des personnels des groupes parlementaires. J'ai beaucoup hésité à réagir, mais face à des contrevérités et des prises de position aussi partiales, je ne pouvais rester impassible.




Le « fonctionnaire parlementaire » a commencé par affirmer que les personnels des administrations des groupes parlementaires relèvent de contrats saisonniers. Cette affirmation m'a laissé sans voix. Le fonctionnaire parlementaire est animé soit d'une intention d'intoxiquer l'opinion, soit il a décidé inconsciemment d'étaler ses limites au grand jour. Je suppose qu'il a une fois parcouru le Code du travail Burkinabè qui dispose en son article 50 que « le contrat de travail saisonnier est le contrat de travail à durée déterminée par lequel le travailleur engage ses services pour la durée d'une campagne agricole, commerciale, industrielle ou artisanale dont le terme est indépendant de la volonté des parties ». Monsieur le « fonctionnaire parlementaire » veut-il nous apprendre que l'institution parlementaire fait du travail agricole, commercial, industriel ou artisanal ? Ou est-il simplement animé d'une intention de mentir à l'opinion ? Quand nous imaginons que ce sont des gens comme lui qui conseillent les Députés, et il y a de quoi s'inquiéter de la nocivité des conseils fournis.


A propos de l'objet qui a occasionné la sortie tumultueuse des travailleurs des groupes parlementaires, le fonctionnaire parlementaire qui voulait « éclairer » l'opinion est malheureusement tombée dans la désinformation et le dénigrement. Par endroit, il dissimulait mal sa haine contre ces personnes, en témoignent les nègreries du genre : « J'ai foi qu'en votre qualité de première source d'expertise des députés, expertise certainement de grade exceptionnel, vous parviendrez à une situation meilleure ». Monsieur le fonctionnaire parlementaire, si vous n'avez pas de solution aux problèmes et injustices dénoncées par ces personnes, il est bon de la boucler. Vous tentez de donner des explications honteuses qui ne tiennent même pas la route.


Pensez-vous que tous les actes posés suite à l'insurrection des 30 et 31 octobre auraient pu être légaux si nous étions en situation normale ?

Acte 1 : Des personnes se sont réunies et ont adopté une charte qui a même une valeur supérieure à la Constitution : c'est un acte de situation d'exception.

Acte 2 : Un Président de la République a été désigné par un collège de personnes : c'est un acte de situation d'exception.

Acte 3 : Des personnes se sont désignées ou ont été désignées pour représenter tout le peuple et voter les lois de la République : c'est un acte de situation d'exception.

Acte 4 : Les secrétaires généraux des ministères et institutions ont été instruits de prendre des actes qui ne sont pas tous de leurs compétences : c'est un acte qu'exigeait la situation.


A l'issue de l'insurrection, la Secrétaire générale de l'Assemblée nationale a ordonné le virement des salaires et a décidé de bloquer les salaires des personnels des groupes parlementaires dans des comptes fictifs. Pour quelles raisons décider d'exclure injustement des Burkinabè de leurs salaires ? Ne savez-vous pas que c'est l'exclusion et l'injustice qui ont été le socle de la révolte populaire ?


Contrairement à ce qu'a développé le soi-disant « fonctionnaire parlementaire » dont les connaissances semblent visiblement très dépassées, il est du ressort du Trésor de poursuivre quiconque aurait perçu un salaire de trop ou un salaire indû.


Il n'est pas acceptable que vous continuez de bloquer les salaires de ces gens depuis 2 mois.


A lire le « fonctionnaire parlementaire », il semble demander de jeter les personnels des groupes parlementaires à la rue pour que les groupes de la transition recrutent d'autres gens qu'ils mettront à la rue en décembre prochain. Ainsi, la prochaine législature recrutera et au bout de 5 ans, elle les mettra à la rue, ainsi de suite. En somme, chaque législature créera ses flattés. Donc visiblement, la révolution n'aura pas été utile. Cette politique sans projection mise en place par l'ancien régime doit être refondée. Je reste convaincu que tant que cette question n'est pas résolue, elle restera tôt ou tard source de graves crises dans cette institution parlementaire ; car tout Burkinabè aspire à un mieux être pour lui-même et pour sa descendance.


En lisant votre écrit, vous semblez avoir accès aux informations et aux documents les plus importants de l'administration parlementaire. Nous craignons que vous ne passiez vos journées à épier les bureaux à la recherche d'information, à moins que ce soit cela le rôle d' « un fonctionnaire parlementaire » que vous êtes.


A propos des contrats que vous menacez de publier pour « informer » l'opinion. Je pense humblement que vous ferez œuvre utile en les publiant. Mais ! Mais, n'oubliez pas de publier aussi pourquoi les salaires de ces pauvres gens n'ont jamais connu d'augmentation en huit années de service. N'oubliez pas non plus d'expliquer à l'opinion pourquoi les salaires bruts de ces personnes mentionnés sur leurs bulletins de paie sont inférieurs aux salaires bruts sur les contrats de travail. Expliquez-vous !


Quand vous aurez publié ce contrat, expliquez aussi à l'opinion où se trouvent les cotisations sociales qui ne sont pourtant pas reversées à la CNSS.


D'entrée de jeu, Monsieur le fonctionnaire parlementaire n'a pas eu la lucidité nécessaire pour faire la distinction entre diriger la cellule d'un parti politique au sein d'une administration, source de partialité et le droit civique appartenant à tout citoyen.


Puisse Dieu pardonner vos errements, vous éclairer d'avantage et vous conduire sur le chemin de la justice !


Mohammed SANFO

Membre de l'Association Justice et Paix

mohammed.sanfo@yahoo.fr






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